Même si certains font en Belgique des mousseux sans dosage, le Wijndomein Sassenbroek est sans doute le seul à développer toute une gamme de six vins en “brut nature” sous le nom de “Claire Martin” en hommage à la mère du vigneron. Un Pinot blanc tranquille complète l’offre.

Planté en trois phases entre 2011 et 2015 sur une superficie totale de 2,5 ha à Borgloon dans le Limbourg, le Wijndomein Sassenbroek est un projet de Johan Bellens et de son épouse Karen Smets. Après une analyse des sols essentiellement argilo-calcaires et souhaitant faire les vins mousseux de la meilleur qualité, le couple a acheté divers clones de Chardonnay, de Pinot noir et de Pinot blanc en France aux pépinières Guillaume, reconnues pour leurs qualités. Le porte-greffe choisi est le Couderc 3309C, très résistant et adapté aux sols peu fertiles et calcaires.

 

 

Johan est paysagiste, la terre, il connaît, et il passe sa vie dehors, à travailler les jardins. Alors forcément, pour lui, le travail dans le vignoble est de loin le plus important. Pas d’herbicides ni d’insecticides (un peu de fongicide en préventif), mais pas de bio pour autant. Pour forcer la concurrence des pieds de vignes, il a développé un système unique consistant à couper les racines sur 30-40 cm.

“C’est beaucoup de boulot, reconnaît-il, mais sur des terrains bien drainés, il y a peu de problèmes et pas de gel. Lors de la récolte, nous ramassons tout à la main, avec un pressurage doux en grappes entières. Après une fermentation d’un à deux mois, les vins demeurent sur lies pendant 3 à 4 mois, puis 15 mois sur lattes minimum. Tout est en brut nature, mais pas toujours avec les mêmes cépages.”

Le premier vin a été dégorgé en 2016 et élaboré avec la récolte 2014, c’est le “Classique” composé pour moitié de Chardonnay et pour un quart de chacun des deux Pinots. La production actuelle oscille entre 10 et 12.000 bouteilles selon les millésimes, dont Karen, architecte de profession, assure la vente (et les relations publiques aussi). “Principalement des restos étoilés, précise-t-elle, et à Gand surtout.”

“Nous voulons créer une gamme de vins pour tous les goûts, mais surtout avec une identité de terroir”, poursuit Johan. “Et nous avons choisi de donner le nom de “Claire Martin” à notre gamme en hommage à ma mère dont nous avons hérité des terres”.

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La gamme

Sept vins, tous à ±25 euros, m’ont été proposés en dégustation dans le chai situé à Zonhoven, non loin d’Hasselt, qui a été équipé en partie sur crowfunding afin de permettre l’accueil des groupes sur place. Réservations via le site.

1) Claire Martin Classique 2017: la bouche est assez ample, avec une effervescence agréable, avec une amertume en début de bouche qui cède rapidement la place aux arômes pommés du Chardonnay. Un très bon début.

2) Claire Martin Blanc de Noirs 2017: 100% Pinot noir pour cette très belle bouteille produite pour la première fois en 2017 et sa production est en hausse. La robe offre de beaux reflets roses, le nez est séduisant. En bouche, l’effervescence est ici plus marquée que dans le vin précédent, mais c’est un vin de caractère, très vineux, qui a bénéficié d’un vieillissement de 2 ans sur lattes et qui n’est dégorgé qu’en fonction des besoins. Il ne peut donc que s’améliorer. Un de mes deux coups de coeur.

3) Claire Martin Blanc de Blancs 2017: après un 100% Pinot noir, voici un 100% Chardonnay qui est resté un an sur lies. La robe est claire, les bulles très nombreuses, avec un joli collier. La première impression est séduisante. Ce qui se confirme en bouche, avec une ampleur et une rondeur remrquables. L’identité du vin est plus conventionnelle, mais  il n’y a pas de mal à vouloir séduire le public le plus large possible. Sans doute le plus réussi de la gamme. Et l’absence de dosage n’est vraiment pas gênante, au contraire.

4) Claire Martin “A ma femme” 2018: un assemblage de 80% de Chardonnay avec 20% de Pinot noir, c’est un nouveau vin, et comme c’est le préféré de Karen, il lui est dédié! Douze mois de lettas, le vin est très mûr (c’est un 2018), très aromatique et subtil. Chose étonnante et finalement peu courante: il goûte le raisin ! Et même un peu le cuberdon. Joli vin.

5) Claire Martin Blanc de Blancs Sauvage: ici on devrait plutôt parler d’une méthode ancestrale (ou d’un vin naturel), car le vin, fermé par une capsule, n’est pas dégorgé et les levures se retrouvent donc en suspension dans votre verre, apportant une complexité déroutante mais très agréable. Bien meilleur que de nombreux vins naturels… Très intéressant.

6) Claire Martin Rosé: encore un 100% Pinot noir, avec une belle couleur saumon clair, avec beaucoup de fruits rouges, plus bonbon anglais, mais aussi un peu mou. Il faut sans doute encore en cave.

7) Pinot blanc 2018: le seul vin tranquille de la série, vinifié en grappes entières et avec quasiment aucune intervention, sauf un collage final. Le nez est très riche, la bouche minérale. Etonnant. Un rien plus d’alcool que les effervescents: 13% vol. alc. au lieu de 12 ou 12.5% pour les bulles.

Les vins sont vendus sur le webshop du domaine: ICI.

Infos: Wijndomein Sassenbroek – Claire Martin Sparkling Wines – Visites payantes du chai à 15€/personne. Dégustation au vignoble le 1er mai (sous réserves) et le 30 août de 11 à 19h. Entrée gratuite, 5€ le verre – info@clairemartinwines.be – Tél. +32 478 21 00 13

Marc Vanel, 06/04/20 – Entretien réalisé en février 2020.