Créée en 2017, la coopérative Vin du Pays de Herve devrait faire sa première récolte en septembre 2020 mais les premiers vins seront plutôt pour 2021. Le point avec son directeur.

Le Pays de Herve est l’une des plus belles régions de Belgique, une contrée riche de bocages, vergers d’arbres fruitiers, de haies, de champs et cultures, de rivières et de ruisseaux qui forment un paysage d’exception. Ses 12 communes sont Aubel, Blegny, Dalhem, Fléron, Herve, Olne, Pepinster, Plombières, Soumagne, Thimister-Clermont, Visé et Welkenraedt.

Principal cours d’eau du pays de Herve, la Berwinne (dont la vallée abrite notamment l’abbaye de Val-Dieu) et ses affluents forment une vaste cuvette vallonnée, entourée de coteaux plus élevés, dont certains désormais plantés de vignes par la coopérative Vin du Pays de Herve créée en septembre 2017.

Derrière ce projet, fort similaire à celui développé par Vin de Liège et on va comprendre pourquoi, on trouve Michel Schoonbroodt (à droite sur la photo) qui a un passé professionnel dans la gestion d’entreprises. Diplômé de l’Institut d’Administration et de gestion (IAG) de Louvain-la-Neuve, il a jusqu’ici partagé sa carrière entre les multinationales et le conseil aux entreprises, plutôt dans les télécommunications ou les biotechnologies, voire plus récemment dans le domaine du logement social.

Ayant quitté son dernier job (durant lequel il rencontra notamment Fabrice Collignon, président de Vin de Liège), l’homme embarque avec sa prime de départ pour quelques mois dans les Antilles (Martinique, Guadeloupe), il y restera finalement pendant cinq ans et emmènera les touristes sur son catamaran pour de belles balades en mer.

A son retour, c’est décidé, il va monter un projet de coopérative à responsabilité limitée et à finalité sociale, ce sera la Coopérative Vin du Pays de Herve. Ce projet, il ne le fait évidemment pas seul, plusieurs partenaires vont former un conseil d’administration présidé par Eric Preudhomme rencontré par Schoonbroodt quelques années plus tôt à la Jeune Chambre internationale.

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Un projet directement ancré dans le durable. ©MV

Cinq groupes de travail sont formés pour lancer et suivre le projet : « Vignes », « Chai », « Communication », « Finance » et « Vinification ». Une campagne de crowfunding est  menée et a déjà convaincu quelque 550 coopérateurs privés pour un budget de 550.000 euros. C’est une première étape, il faudra doubler, voire tripler cette somme pour remplir tous les objectifs. Les candidats investisseurs trouveront tous les détails utiles sur le site de la coopérative.

4 cépages blancs

Pour l’heure, la coopérative gère sept parcelles plantées en 2018 et 2019. Elles ont été choisies sur les conseils de Vincent Dienst, un ingénieur agronome qui commence à se faire une belle renommée dans le vignoble wallon. Il est, notamment, le maître de chai du Château de Bousval dans le Brabant wallon.

« Il a pris en considération, explique Michel Schoonbroodt, l’altitude, l’orientation au soleil, la pente, les précipitations et surtout la composition du sol pour déterminer les terrains les plus intéressants de notre région. C’est ce potentiel que nous désirons développer aujourd’hui. »

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Les deux parcelles de Montzen – ©MV

La conduite des vignes a été confiée à Philippe Dufourni (à gauche sur la photo), qui a suivi une formation de vigneron à l’École de Viticulture et d’Œnologie « DLR Mosel » à Bernkastel-Kues en Allemagne où il travailla aussi pour un vignoble de 25 hectares. Revenu en Belgique, il participa aux vendanges de Vin de Liège et fut orienté par Alec Bol vers la coopérative Vin du Pays de Herve naissante qui l’engagea rapidement.

Tout comme le petit frère (ou la petite sœur, c’est comme vous voulez) liégeois(e), le choix de l’agriculture bio s’est imposé dès le début avec la sélection des quatre cépages résistants les plus populaires en Wallonie pour l’instant : Solaris, Johanniter, Muscaris et Souvignier gris. Aucune variété rouge et une production qui se répartira entre blancs tranquilles et bulles. Le vignoble est régulièrement contrôlé par Quality Partner.

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Muscaris à Messiter – ©MV


7 parcelles

Quarante mille pieds ont été plantés sur des terrains mis à disposition ou loués à long terme (27 ans), avec une, deux ou trois variétés selon les sols, pour un total de 8 hectares.

Trois parcelles de 8000 pieds à Clermont (Crawhez), Hombourg (Merckhoff) et Montzen (Kinkenweg), une de 6500 pieds à Montzen (Teberg) où sera installé un chai provisoire dans les prochains mois, une de 3000 pieds à Hombourg (La Croix) et enfin une parcelle de 1500 pieds à Aubel (Messitert).

Le lecteur attentif aura calculé que cela ne fait que six parcelles. Il existe pourtant une septième à Hombourg, sur les terres du Château de Berlieren, avec des pieds de vignes plantés par le propriétaire et dont les raisins seront vinifiés par la coopérative pour son compte. C’est aussi l’un des avantages de travailler en coopérative.

Une fois que toutes les autorisations seront obtenues, le futur chai de VPH devrait prendre forme non loin du cimetière américain d’Henri-Chapelle avec deux hectares supplémentaires. Et Michel Schoonbroodt de conclure, « nous ne sommes pas tout seuls dans ce projet, c’est formidable. Mais surtout, nous voulons devenir un deuxième exemple à côté de Vin de Liège et prouver que cela marche et, par dessus tout, être respectueux de l’environnement bio et de tout ce qu’il y a de meilleur. »

Infos : www.vindupaysdeherve.be

Marc Vanel, 06/01/20