Invineo vient de présenter son distributeur de vin au verre, au Salon des start-ups au CES de Las Vegas. Objectif : trouver les budgets qui manquent pour finaliser cette invention parfois surnommée le « nespresso du vin ».

Après 35 ans dans la pub et les médias, Thierry Tacheny décide de changer de voie et de concrétiser une idée saugrenue survenue tard le soir après une longue soirée entre potes : inventer une technologie permettant de servir un verre de vin de qualité à la bonne température et créer ainsi une manière originale de servir le vin.

Le projet peut surprendre, car d’autres machines comme Oenomatic existent et sont très utilisées dans l’horeca mais le système nécessite toutefois l’injection de gaz alimentaire ou d’azote pour remplacer le vin prélevé et éviter l’oxydation du solde de vin, et ce n’est pas forcément l’idéal. Aussi, après avoir consulté plusieurs spécialistes et techniciens, Thierry Tacheny décide d’investir pour créer un prototype avant de pouvoir en déposer le brevet.

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Thierry Tacheny dans ses ateliers de Court-Saint-Etienne en 2018 – © Vanel

« Mon ambition est de créer un service qui pourrait s’apparenter à une célèbre machine à café où il suffit de placer une capsule pour avoir un café à la bonne température, une espèce de sommelier à domicile. Après un tour des trois F (Friends, Family and Fools – Famille, Amis et Fous), nous avons levé un budget de 750.000 euros et obtenu aussi un prêt de la Région wallonne de 350.000 euros via son programme d’aide aux prototypages. Ce budget nous a permis de valider la faisabilité du projet dans de bonnes conditions et d’élaborer un prototype présentable permettant de refroidir, servir et conserver le vin, mais aussi une surveillance à distance. »

Vin en tube

Concrètement, Invineo se présente comme une grosse machine à café avec trois tubes de vin (ou plus) protégés par une coque en plastique et ornés d’une grande étiquette, plus grande que celle d’une « vraie » bouteille. De loin, on dirait un magnum. Il ne s’agit pourtant pas de bouteilles, mais bien d’un contenant mi-carton, mi-plastique qui contient une poche de bag-in-box (BIB) pouvant être servie par le haut et non par un robinet extérieur.

Le vin est expulsé du tube par un mécanisme qui le refroidit dans le même temps. Aucun gaz alimentaire n’est ajouté, le vin est donc préservé de l’oxygénation. Chaque tube contient deux litres de vin et dispose d’une autonomie de vie de l’ordre de neuf semaines. Une puce est collée sur chaque tube et permet à la machine d’analyser les ventes et d’être contrôlée à distance par Bibmatic.

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Tout peut être contrôlé à distance. ©Invineo

« Notre projet, continue l’ex-publicitaire, n’est pas seulement de vendre nos machines et d’en assurer l’entretien, mais surtout de vendre les tubes et d’étendre la gamme au fil des ans. La prochaine étape va être l’aménagement d’une usine logistique où seront stockés ces vins et les cartouches assemblées. »

Pour sa première gamme de vins, Invineo a récupéré les 60 références que commercialisait chez nous la société française BiBoViNo sous forme de BIB, et devrait à terme importer ses propres vins. En mars 2018, les promoteurs du projet ont levé 2,7 millions supplémentaires et élargi l’actionnariat à quelques acteurs du vin, tels que Cinoco/Le Palais du Vin ou Jean-François Baele qui abrite actuellement le remplissage des poches dans son entrepôt du Ry d’Argent à La Bruyère. La Société régionale d’investissement  de  Wallonie  (SRIW)  a  également mis 750.000 euros sur la table tandis que Namur Invest a avancé 250.000 euros.

Le projet a été présenté en début de cette semaine au salon des starts-up innovantes organisé par la Consumer Technology Association à Las Vegas avec l’espoir de lever les millions d’euros qui manquent. Wait and see, comme on dit là-bas…

> Site web et vidéo en ligne: invineo.com

Marc Vanel, 10/01/20