Comme chaque année, l’Union des Grands Crus de Bordeaux a présenté à Bruxelles les vins du dernier millésime commercialisable, soit le 2017.

Créée en 1973, l’Union des Grands Crus de Bordeaux regroupe 134 châteaux produisant des crus classés et non-classés dans les appellations les plus nobles de la Gironde, du Médoc, des Graves et Pessac Léognan, de Sauternes et Barsac, de Saint-Émilion et de Pomerol. Ces « Grands crus » ne représentent que 3 ou 4% de la production bordelaise, mais ils sont les plus médiatisés et tirent l’ensemble du vignoble bordelais vers le haut.

Les vins du millésime sont présentés par l’UGCB chaque année début avril lors de la campagne des Primeurs, puis deux ans plus tard lors d’une tournée internationale de promotion avec, traditionnellement, une date en Belgique. Une centaine de vignerons étaient donc présents mardi dernier, en journée à Bruxelles pour faire déguster leurs vins, et en soirée à Gand pour fêter l’événement de manière plus conviviale et présenter quelques millésimes plus anciens.

Millésime de réconciliation ?

En avril 2018, de retour des Primeurs, nous écrivions que même si les conditions climatiques ont été difficiles en 2017, les quantités récoltées sont de belle qualité et les vignerons se sont attachés à préserver au mieux le fruit de leurs vins. Même si parfois hétérogènes, les Grands Crus 2017 sont généralement des vins à boire plus rapidement que d’autres millésimes, avec quelques belles réussites. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle car le consommateur n’a pas forcément envie d’attendre dix ans pour ouvrir une bouteille de son château favori.

La dégustation de cette semaine a largement confirmé cette hétérogénéité, avec des vins tantôt tout en finesse, tantôt plus lourds, voire confits. Que l’on se rassure, rien de mauvais bien sûr dans cette nouvelle fournée bordelaise, mais quelques déceptions malgré tout car ce millésime est clairement en dessous de 2015 et 2016 qui nous avaient épatés par leur richesse aromatique et leur maturité.

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Très beau souper "au jardin" des bordeaux

Très beau souper “au jardin” des bordeaux

Et concrètement ?

Les meilleures surprises sont du côté des blancs, peu nombreux dans cette union, dont le Château Carbonnieux, le Château Olivier, Ch. Pape Clément, Ch. Malartic-Lagravière et Ch. Smith Haut Lafitte, tous en Pessac-Léognan, ou Ch. Rahoul en Graves. Dans le Sauternais, le Ch. Haut-Peyraguey de Bernard Magrez offre un vin d’une rare finesse et pas du tout écrasé par le sucre.

Parmi les rouges, de belles réussites avec les grandes stars du vignoble bordelais : en Pessac Léognan, le Ch. Les Carmes Haut-Brion franchit une nouvelle étape de qualité, en St-Emilion Grand Cru, les Châteaux Cap de Mourlin, La Couspaude, Trotte Vieille et Villemaurine sont d’excellents niveaux, mais se font dépasser d’une tête par le Clos Fourtet décidément surprenant. En Pomerol, confirmation, si l’on peut se permettre ce terme, du Château Beauregard, du Ch. Le Bon Pasteur, Ch. La Cabanne, Ch. Clinet et Ch. Gazin, même si un rien en deçà de 2016.

Les vins de Margaux dominent la sélection, avec les excellents châteaux Brane-Cantenac, Durfort-Vivens et du Tertre, et surtout Ch. Ferrières qui prouve que la biodynamie est aussi une des réalités de Bordeaux, n’en déplaise à certains mauvais esprits.

Si d’autres vins mériteraient bien sûr d’être épinglés, notons toutefois la belle performance des Saint-Estèphe, avec notamment le Ch. Cos Labory (une valeur sûre), Ch. Lafon Rochet et surtout Ch. Phélan Ségur, repris récemment par l’homme d’affaires belge Philippe Van de Vyvere. La suite aux Primeurs en avril…

Marc Vanel, paru également dans la DH Dimanche le 230220