Poursuite de notre série sur les vendanges 2019 en Belgique. Chenoy, Bon Baron, Ry d’Argent, Bioul… quelques grosses pointures en province de Namur.

A Emines

Changement de taille pour le Domaine du Chenoy, les bouteilles issues de cette vendange porteront le logo européen bio. Jean-Bernard et Pierre Marie Despatures ont en effet finalisé la procédure de certification entamée voici un peu plus de trois ans par Philippe Grafé.

« C’est l’aboutissement de trois années de conversion, confie Jean-Bernard, cela ne s’est pas mal passé. J’aurais beaucoup plus peur à Bordeaux… Ce millésime nous a inquiétés, c’est vrai, mais tout est rentré depuis hier (le 14/10 – ndlr), nous sommes contents, mais je ne voudrais pas resigner pour chaque année comme celle-ci. La lutte contre le gel précoce avec les bougies et les ballots de paille, c’est du boulot mais cela passe. Une année tardive, et de plus nordique, cela peut être dangereux, mais cela marche quand même, c’est rassurant. On a vendangé moins qu’en 2018, mais c’était plus raisonnable. On est dans la moyenne supérieure. » Le domaine devrait donc produire environ 60.000 bouteilles cette année.

Le domaine du Chenoy

Le domaine du Chenoy

A La Bruyère

A quelques centaines de mètres au Domaine du Ry d’Argent, l’optimiste est aussi de rigueur. « Nous avons moins récolté qu’en 2018, constate Jean-François Baele, mais on vient d’une année exceptionnelle, c’est donc très logique. Seul souci : une attaque d’oïdium en fin de saison qui a entraîné la perte d’une parcelle entière, on a eu chaud. Pour le reste, tout est OK. »

Jean-François développait depuis plusieurs années une autre société de vins « produits en Belgique » mais dont les raisins provenaient, pour partie, de France. « J’ai décidé de sortir de cette société, explique-t-il, pour en créer une autre, 100% belge, avec une équiupe forte et soudée. J’ai aussi désormais divisé la société en deux, avec une société de production et une de vente, mais on en reparlera. »

 

Domaine du Ry d'Argent

Domaine du Ry d’Argent

Autour d’Yvoir et Dinant

Pas d’oïdium dans les vignes du Château Bon Baron de Jeanette Van der Steen, dont la plus grande parcelle se situe à Houx, le long de la Meuse. « En effet, nous sommes très protégés par la Meuse, explique la Bonne Baronne, nous avons échappé au gel et à la grèle. Par contre, nous avons vendangé plus tard qu’en 2018 car nous avons eu trois vagues de chaleur dont chacune a retardé la récolte d’une semaine. Peu sont ceux, y compris les vignerons, qui savent qu’une vague de chaleur n’accélère pas la récolte, bien au contraire… Certains pensent que les résultats seront bons cette année grâce au soleil, mais cela retarde tout. Si la température est trop élevée, la vigne réagit et les pieds de vigne se mettent en dormance pendant deux jours au moins, cela fait perdre une semaine. »

Comment se présente 2019 pa rapport à 2019 ? « Nos résultats seront supérieurs, mais je ne peux encore l’évaluer exactement. Spécialement en rouge, car ils sont encore en fermentation sur peaux. J’ai constaté une différence de peaux et de jus cette année. Plus de quantité en général, mais relativement plus de matière et d’extraction que le jus. J’ai difficile à me prononcer pour l’instant. Mais les raisins sont très sains, nous avons une équipe qui fait un tri très strict dans la vigne. Nous avons plus de quantité en kilo de raisins, mais moins de jus par kilo de raisins. J’adore récolter dans une période de nuits fraîches et de jours encore avec de la chaleur. Cela donne plus de fraicheur dans le vin et plus de garde aussi… »

 

bonbaron2015-web

Château Bon Baron (archives)

A Bioul

Au Château de Bioul, à dix kilomètres des parcelles de Bon Baron, un constat très différent est dressé par Vanessa Wyckmans. « A nouveau, ce millésime aura été riche en conditions climatiques extrêmes: nous n’avons pas souffert de la sécheresse, ni constaté de grappes brûlées. Nous n’avons pas eu non plus de dégâts d’oïdium ni d’autres maladies fongiques, malgré une forte pression. En revanche, nous avons subi trois épisodes de gel printanier en 2019, ce qui a limité la récolte de près de 40%, puisque notre éolienne a été sabotée. Fidèles à notre devise “In Arduis Constans” (Ténacité dans l’adversité) nous avons bichonné les grappes restantes.

En revanche, même si les quantités ne sont pas au rendez-vous, la qualité est bonne: l’état sanitaire est parfait, nous nous en réjouissons vu les trombes d’eau qui nous ont accompagnés tout au long de ce mois d’octobre. Pour les mêmes raisons, la maturité est moindre qu’en 2018. Mais c’est plutôt une bonne chose de mon point de vue, car la typicité et la fraîcheur de nos vins du Nord sont une force. »

 

bioul

A Andenne

Chez Guy Durieux, à Andenne, au Clos du Neuf Moulin, déception totale : « dans la nuit du 6 mai, le gel de la nuit à entraîné 80% de pertes, j’ai vendangé les raisins restants pour les manger. » Egalement président de la récente coopérative Vign’Andenne, Guy Durieux annonce de beaux résultats de ce côté-là : nous lui consacrons un article entier la semaine prochaine.

 

li-betch-2018

Domaine Li-Bètch aus Rotches (vendanges 2018 ici)

A Jemeppe sur Sambre

Déception également au vignoble Li-Bètch-aus-Rotches, à côté de la grotte de Spy. « Nous avons connu la plus mauvaise récolte depuis 2004, concède Denis Gobert, les gelées à l’aube des 4 et 5 mai ont détruit la majorité des grappes en formation. Les guêpes ont également fait du dégât. Nous n’avons peu récolter que 20kg de Pinot gris, 20 de Dornfelder et 60 de Pinot noir. »

A Moustier-sur-Sambre

Enfin, même écho au Coude à Coude, où Léon Brouir n’a pu récolter que 700 kilos de raisins contre 4000 l’an dernier… En cause : le gel d’avril et les deux canicules. « Pour la qualité, comme je ne fais que de l’effervescent, c’est un peu tôt pour se prononcer, annonce-t-il. »

A suivre: Liège/Luxembourg (4/5). Brabant wallon et Hainaut sont déjà sur le site.

Marc Vanel, 6/11/19