Avec le projet Feudi Studi, le domaine Feudi di San Gregorio met en valeur ses meilleures parcelles d’Aglianico, le principal cépage des vins de la DOCG Taurasi, non loin de Naples, dans la région historique d’Irpinia, introduit par les Phéniciens il y a quelques siècles déjà.
Installé au cœur de la Campanie, formant la pointe d’un triangle imaginaire avec Salerne et Naples, le domaine Feudi di San Gregorio est relativement récent. Créé en 1986, il a d’emblée contribué au renouveau des vins de cette région, en accordant une place majeure aux cépages locaux traditionnels qu’il vinifie avec les techniques les plus modernes.
Sa large gamme de vins est bien implantée en Belgique, on les retrouve dans les meilleurs restaurants italiens où ils font le bonheur des amateurs. Parmi les cépages autochtones mis en valeur par le domaine, l’Aglianico représente environ 70% des vins de l’appellation Taurasi.
Probablement originaire de Grèce si l’on en juge par son nom d’origine, Ellenico, cette variété est présente dans les écrits d’Horace qui vante la qualité de sa terre natale et son bon vin. On le trouve également dans plusieurs provinces du Sud italien ainsi qu’en Australie, car sa peau épaisse lui permet de résister à des climats très ensoleillés.
Le projet Feudi Studi est né en 2009 de la volonté du président de Feudi di San Gregorio, Antonio Capaldo, et du directeur de production, Pierpaolo Sirch, pour valoriser le patrimoine génétique de cette région volcanique, située à une altitude entre 300 à 770 mètres.

Riche passé
Située dans la province d’Avellino, cette région a joué un rôle important à la fin du XIXe siècle lors de la crise du phylloxera qui décima le vignoble européen, mais qui n’arriva ici que 50 ans plus tard. Les sols de la région sont riches en minéraux et nutriments et recèlent certains biotypes de raisins non encore catalogués.
Le domaine Feudi di San Gregorio bénéficie d’une superficie de 300 ha de vignobles, réparties en plus de 700 parcelles, dont un peu moins du tiers appartiennent à des familles locales qui revendent leurs raisins à Feudi.

Parmi celles-ci, deux zones de l’appellation ont été identifiées comme étant les meilleures pour l’Aglianico et permettant de faire des vins en mono-cépage : Rosamilia (un clos de 0,8 ha seulement) et Candriano. Les vendanges se font ici assez tardivement, la dernière semaine d’octobre, voire au début novembre, avec des raisins qui atteignent facilement 14° d’alcool.
Nord-Sud
Le climat est frais et pluvieux, proche de celui de Bordeaux ou du Rhône, ce qui donne aux vins une identité à la fois nordique et méridionale. Comme souvent dans le sud de l’Italie, la culture est menée en pergola, avec certains pieds qui peuvent monter très haut comme le montre la photo. Le rendement est modéré et l’extraction moyenne afin de préserver le fruit et éviter des tanins trop denses.
Soucieux de faire connaître leur production et faute de pouvoir organiser des visites, Feudi di San Gregorio a fait parvenir à la presse un carton de deux expressions très différentes d’Aglianico provenant des deux terroirs, chacune sur trois millésimes, 2012, 2014 et 2016.
Si les vins de 2012 étaient étonnamment fermés et plutôt tanniques, en revanche ceux de 2014 et 2016 étaient d’une rare élégance, surtout Taurasi Feudi Studi Rosamilia 2016, avec un fruit mûr, mais pas confituré, des épices remarquables et une fraîcheur rare. Poivre noir, réglisse, un peu d’eucalyptus et de vanille, la bouche offre une aromatique très large qui se prolonge longuement avec des notes légèrement grillées. Un vin très chaleureux, velouté et très complet, tout en finesse et élégance.
Les vins de Taurasi ne sont pas de ceux que l’on déguste sur le pouce, ils doivent être réservés aux grandes occasions (le prix frôle les 50 euros d’ailleurs) avec des plats riches du sud de l’Italie, comme des mijotés d’agneau ou de chèvre, des rôtis de bœuf ou de porc, une belle pièce de gibier ou même des poissons gras, bref tous les plats que l’on déguste à l’automne ou lors des fêtes de fin d’année.
A découvrir sur tannico.be ou sur licata.be (qui importe Feudi di SG, mais n’a pas encore ces vins-ci).
Marc Vanel, 27/10/20
Paru dans la DH Dimanche le 25/10