Le week-end du 3 mai, le moment était venu : comme promis à Marco Tiggelman qui, avec Paul Molleman, gère le nouveau domaine Eburon Estate à Tongres, Jancis Robinson MW publie son article sur les vins belges. Les quelques Belges abonnés au Financial Times ont été totalement surpris : ‘LA’ Jancis Robinson consacre sa rubrique au vin belge !

Les personnes mentionnées dans l’article étaient lyriques. Pour citer Karel Henckens d’Aldeneyck : « Elle écrit des louanges pour les vins belges (…) Nos vins gagnent ainsi une place sérieuse sur la carte mondiale du vin ! ». Pour ceux qui ne suivent pas de près le monde international du vin : après la retraite du gourou du vin Robert Parker, Jancis est considérée comme la plus grande autorité en matière de vin sur la planète.
Qu’avait-elle donc écrit de si élogieux ? Tout d’abord, que les Belges ont un caractère de bon vivant et sont connus pour leur « connoisseurship ». Ils sont l’un des plus grands importateurs de vins français après les États-Unis et le Royaume-Uni, et ont été les premiers à déballer les vins de Pomerol à une époque où les Britanniques ne connaissaient même pas Pétrus.
Le vignoble belge représente aujourd’hui un peu moins de 1 000 hectares, soit moins d’un quart du vignoble britannique. La Pologne a à peu près la même superficie de vignobles, mais deux fois plus de viticulteurs enregistrés. Elle en déduit que le domaine viticole belge moyen était beaucoup plus viable au niveau commercial.
Elle avait dit à Marco Tiggelman : « Je ne publierai pas avant un certain temps l’article sur la Belgique, car je dois d’abord écrire quelque chose sur la Pologne ». Après tout, ce pays lui semblait plus ambitieux que la Belgique. Mais après la dégustation, elle en était moins convaincue. Elle a goûté le premier millésime d’Eburon, un vignoble d’à peine 1,5ha, mais a dû admettre que ces vins étaient assez ambitieux (« it could not be faulted for ambition »), même s’il s’agit d’une activité à temps partiel pour les vignerons d’Eburon.
l’Angleterre, AttentioN !
La dégustation lui a visiblement plu. Par rapport à la liste des vins que nous avons dégustés avec elle, elle a elle-même ajouté les chardonnays de La Falize et de Bousval, en revanche elle n’a cité que deux pinots alors que nous en avons dégusté quatre. Du fait que le chardonnay et le pinot noir sont toujours les cépages les plus plantés dans notre pays, elle en déduit que nous ne sommes pas aussi friands de PIWIs que les Polonais ou les Scandinaves. Une vision peut-être un peu courte au vu de la plantation massive de cépages interspécifiques dans les nouveaux vignobles.
Bien sûr, elle n’a pas tort lorsqu’elle dit que nous, Belges, sommes fous de vin mousseux, tout comme ses compatriotes, et qu’il y a plusieurs domaines belges qui sont forts dans ce domaine. Elle cite Schorpion, Entre-Deux-Monts et Genoels-Elderen, mais il aurait bien sûr fallu ajouter quelques homologues wallons qui n’étaient pas présents dans la dégustation. Elle aime le chardonnay belge depuis un certain temps, depuis qu’on lui a servi un Clos d’Opleeuw au Hof van Cleve en 2007. Elle a également fait la connaissance de La Falize, où Peter Colemont, gérant du Clos d’Opleeuw, est œnologue consultant, et de Bousval, importé en Angleterre par Haynes Hanson & Clark. Le riesling d’Aldeneyk n’a pas été en reste.
L’article conclut, un brin ironique : « Même au cours d’une mauvaise année comme 2024, le nombre de domaines viticoles belges a augmenté de 11 %. « Watch out England ! »
Un résumé en anglais de l’article de Jancis Robinson paru dans le Financial Times en accès libre : ICI.
Dirk Rodriguez – 07/05/2025