Planté en 2009, le vignoble du Château de Bioul a toujours été conduit en respectant les principes de la biodynamie, mais sans être certifié pour autant. Première étape: les onze hectares du domaine ont obtenu le fameux label bio à la fin de l’année dernière.

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Le château de Bioul est l’un des plus anciens châteaux de la vallée mosane, les premières mentions de son existence remontent au Xe siècle. Après avoir repris en 1866 avec son épouse Jeanne-Josèphe Claes “Le Bon Marché”, François Vaxelaire acquiert le château en 1904. Depuis 1904,  il est détenu par la famille Vaxelaire qui s’illustre dans le développement du groupe GB-Inno-BM jusqu’à son rachat par Carrefour en 2002.

Aujourd’hui, la cinquième génération de la famille, incarnée par Vanessa Vaxelaire et son mari Andy Wyckmans, a pris les commandes du paquebot Bioul. Grâce à la création d’un vignoble de onze hectares en avril 2009 sur les terres de la propriété, le château connaît désormais une activité agricole et œnotouristique avec l’ouverture récente d’un restaurant et de chambres.

Inspiré par l’exemple de Philippe Grafé au domaine du Chenoy, le couple a opté dès le début pour les cépages dits résistants (aux maladies) afin de pratiquer la viticulture la plus propre possible. Les onze hectares sont désormais certifiés en bio depuis quelques mois et, grand changement, la gestion du château a été transmise à Vanessa et Andy par Catherine et Raymond Vaxelaire qui se sont installés un peu plus loin dans la propriété avec d’autres membres de la famille où ils s’occupent notamment d’un verger truffier.

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Les vignes du Bois de Mossiat en 2011 - © Bioul

Les vignes du Bois de Mossiat en 2011 – © Bioul

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Diversifier

« Lorsque nous avons repris le château en 2017-18, nous nous sommes rapidement rendus compte que le vignoble que nous construisions depuis huit ans ne permettrait pas d’assurer l’entretien du château, explique Vanessa, même s’il s’autogère plus ou moins. A côté de la société agricole, nous avons créé une autre structure qui propose plusieurs formules d’oenotourisme: un parcours-découverte dans le château, un restaurant durant le weekend et l’ouverture de quatre chambres (voir ci-après). Il est clair que les deux entités s’appuient l’une l’autre, mais chacune doit assurer ses obligations. »

Fidèle à la devise familiale « In Arduis Constans » (la ténacité dans l’adversité), Vanessa Vaxelaire ne baisse pas les bras devant la difficulté, même si la réalité n’est pas celle qu’elle imaginait il y a presque quinze ans d’ici : « L’idée que je me faisais d’aller habiter à la campagne pour être plus calme n’est pas exactement la réalité. Je travaille plus qu’avant, je suis toijours beaucoup sur mon PC… Ce côté magique n’est pas la réalité, mais j’adore ce que je fais, pour rien au monde je ne changerais de voie ni de vie. »

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Une des étapes du parcours Made in Bioul

Une des étapes du parcours Made in Bioul

 

salon

Apéro au salon – © Bioul


Triple évolution

Trois activités ont été développées à côté de la production et de la vente de vin:

  • la mise en place de “Made in Bioul”, un parcours-découverte dans les granges du château expliquant l’histoire de la famille et du vignoble avec la dégustation de trois vins. Près d’une centaine de visiteurs par weekend entre Pâques et les vendanges (septembre)
  • Les Tables de Bioul: tous les vendredis et samedis, remontez le temps et dégustez une cuisine gastronomique de terroir dans le grand salon du Château ou, selon la saison, de brasserie dans le chai de Bioul en accord avec les vins du domaine ou d’autres grands domaines étrangers. Menu gastronomique 5 services à 69€ par personne.
  • Et enfin, une offre d’hébergement de quatre chambres qui ne sont toutefois ouvertes que pour les groupes par manque de personnel.

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bouteilles

Les trois vins vedettes du château

Le bilan

Le parcours est lent et exigent, reconnaît Vanessa. « J’ai eu la chance de rencontrer des vignerons qui m’ont dit des trucs intelligents et prévenue qu’un vignoble se gérait sur dix ans avec, successivement et dans le désordre, une catastrophe, une grande cuvée, une cuvée moyenne, un gel total, etc. On a effectivement tout eu… 2014 et 2015 ont été les deux premières vraies années, avec respectivement 20 et 40.000 litres, mais en 2016, on a tout perdu (sauf 5000 litres)… En 2017, le rendement était très beau, mais en 20187, assez normal, contrairement à tous les autres… Et l’an dernier, on a perdu 40 à 45%, on ne sortira que 27.000 bouteilles. »

brut-nat

Dans sa gamme, le Château de Bioul commercialise trois produits phares en blanc tranquille – Mossiat (Bronner), Terre Charlot (Muscaris, Solaris), Batte de la Reine (Johanniter, Solaris, Cabernet blanc) – et deux bulles: Brut de Bioul en blanc (100% Johanniter) et Brut des Houillères (Pinotin, Cabaret noir) en rosé, tous cinq à recommander sans hésitation. Selon les millésimes, un rosé et un rouge sont également disponibles.

Le petit dernier, pour ceux qui arrivent à attraper une bouteille: le Brut Nature 2015, dans un style oxydatif parfait et et d’une finesse remarquable, un vrai bonheur et un exemple de ce qui se fait de mieux chez nous. Seulement 1000 bouteilles (au début de la vente) et uniquement sur place (39€) !

Infos: www.chateaudebioul.be

Marc Vanel, 250220