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Ne dites pas « Vin mousseux belge de qualité » mais dites « Belbul »

 

Il y a deux ans, les viticulteurs belges se sont mis d’accord pour trouver un nom accrocheur pour le vin mousseux du pays. Le résultat, « BelBul », est étonnamment bien accueilli en Flandre. Pourtant c’est plutôt francophone, non ?

 

PAR DIRK RODRIGUEZ – C’est Wouter Bogaert, propriétaire flamand d’un micro-vignoble, qui a allumé la mèche au sein de l’ASBL Belgische Wijnbouwers. En effet, du côté flamand, le problème était clair: « Vin mousseux de qualité flamand BOB » ressemble à de la prose interminable. Si l’on compare avec ce qui existe dans d’autres pays, Cava, Spumante, Prosecco, Sekt, Crémant, Champagne, il est évident que la Belgique manque d’un atout commercial.

Wouter Bogaert: « J’ai jeté Belbulles sur la table dès le début et ce mot est resté longtemps dans l’air. Il a survécu à de nombreuses séances de brainstorming. Puis nous avons fait appel à nos collègues wallons qui ont trouvé que ce mot sonnait trop français. À leur suggestion, nous l’avons simplifié et rendu plus percutant : BelBul donc. »

Dans la salle, nous avons interrogé quelques viticulteurs sur le pour et le contre du potentiel du label. Les Flamands se sont montrés remarquablement enthousiastes. Le mot peut paraître étrange au premier abord, mais le graphisme de l’étiquette (conçu par l’agence bruxelloise Moka) a été salué comme une réussite.

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Vanessa Vaxelaire, Anne-Catherine Dalcq, Lodewijk Waes et Wouter Bogaert – Photo Dirk Rodriguez
Chant d’Eole, Ruffus et Bioul sont adhérents

Du côté francophone, on a entendu dire qu’il n’y avait en fait pas besoin d’un nouveau terme, car Crémant de Wallonie est suffisamment distinctif puisqu’il n’y a que 11 crémants dans le monde (9 français, 1 luxembourgeois et 1 belge). En même temps, les grands noms comme Chant d’Eole, Ruffus et Château Bioul se sont joints à l’initiative du Belbul. Une des raisons serait que le Crémant de Wallonie exclut la récolte mécanique, ce qui est un obstacle indéniable pour les grands domaines.

Aujourd’hui, 22 domaines ont adhéré. L’adhésion est soumise à certaines conditions. Tout d’abord, il doit s’agir d’un vin belge AOP, produit selon la méthode traditionnelle. D’autre part, il y a le prix de départ de 400 € pour la première tranche de 10 000 bouteilles.

La ministre wallonne de l’agriculture, Anne-Catherine Dalcq, a conclu en déclarant qu’en Belgique, nous devrions être fiers de ce que nous avons accompli au cours des trois dernières décennies dans le domaine du vin, l’un des rares secteurs agricoles en expansion : « Bravo pour votre audace ! » Quel que soit le nom donné à cette friandise mousseuse dans les restaurants, elle préfère nettement les bulles belges.

La conférence de presse s’est déroulée dans l’ambiance et avec succès, mais Lodewijk Waes, président de l’ASBL Belgische Wijnbouwers, est conscient que le vrai travail ne commence que maintenant : la promotion auprès des distributeurs et des restaurants… « Et puis, je dois aussi penser à mon propre vignoble, me dit ma femme ! »