Propulsé par le succès de quelques grands domaines, le vignoble belge se développe rapidement et représente aujourd’hui près de 300 hectares sur l’ensemble du pays. Présentation des derniers venus !

Par un subside de 100.000 euros sur deux ans accordé à l’Association des vignerons de Wallonie pour la promotion de ses activités, le ministre wallon de l’agriculture René Collin a posé en juin dernier un acte fort. Il a a surtout marqué par là sa confiance au potentiel de développement du vignoble en Wallonie, et forcément en Belgique (la Flandre valorise également ses vins, mais à travers sa gastronomie de manière plus générale).

Même si le vignoble wallon ne représente qu’environ 125 hectares, soit 10% du vignoble luxembourgeois, il comporte une centaine de viticulteurs dont 20 à 25 commercialisent véritablement leurs vins et dont 5 peuvent prétendre à une rentabilité qui leur permet d’embaucher du personnel et d’investir dans du matériel durable. Près de 150.000 bouteilles au vignoble des Agaises, la fameuse cuvée Ruffus, 75 à 80.00 bouteilles au Château Bon Baron et environ 60.000 au domaine du Chenoy, au domaine du Ry d’Argent ou au Château de Bioul, ces quatre acteurs principaux  produisent 75% des volumes. Ils ont récemment été rejoints par la coopérative Vin de Liège qui prévoit, par paliers, la production de 80 à 100.000 bouteilles d’ici deux ans, et par le Domaine du Chant d’Eole, futur grand acteur des bulles belges. A côté d’eux, beaucoup de petits vignobles produisant de 500 à 20.000 bouteilles et une série de particuliers qui consacrent l’entièreté de leurs loisirs à l’entretien de quelques pieds de vignes dans leur jardin, réservant leur production à leur consommation personnelle, avec peu ou prou de succès dans leurs vinifications…

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Le superbe projet de Michel Verhaeghe à Bousval

En Wallonie…

Ces réussites récentes, la majorité de ces vignobles n’existaient pas il y a dix ans, ont forcément donné des envies à certains qui, par souci de rentabilité et par pragmatisme, ont décidé de planter directement plusieurs hectares, les investissements étant presque pareils que l’on plante 2 ou 10ha. Comme par exemple le Clos du Chapitre à Nivelles-Baulers dont les propriétaires ont décidé de reconvertir 8,5 hectares de leurs terres, consacrées autrefois à l’élevage du blanc-bleu-belge, à la production de vins tranquilles dont les premiers devraient être commercialisés à partir de 2017.

A Bousval, Michel Verhaeghe a planté en 2014 cinq magnifiques hectares de Pinot noir et de Chardonnay sur des terres proches de son château  et a réellement mis les moyens dans son projet en recrutant le Québecois basé à Nuits-Saint-Georges, Pascal Marchand, comme oenologue et Didier Mazenod, collaborateur de Stéphane Derenoncourt, pour la création de son chai ! Excusez du peu… Premiers vins en 2018 !

A Glabais, Christian Balduyck a planté 3,2 hectares de Chardonnay et des trois Pinots (blanc, auxeerois et noir). Son objectif est clair : produire des bulles et diversifier ainsi son activité d’agriculteur… Un chai sera à terme installé dans la vieille ferme qui jouxte la parcelle. Ou plus modestement, à Sirault, entre Mons et Tournai, le sympathique projet de Jean-Christophe Vanderelst, ce pharmacien qui vient de planter 1400 pieds sur trois parcelles au centre de son village et qui transmet le virus à ses voisins…

Appel de fonds

Deux projets originaux pour clôturer ce tour de piste « sudiste », très différents dans leur conception. Le premier est mené à Landelies (10km de Charleroi) par le directeur des Carrières des Calcaires de la Sambre, Michel Evrard, qui, séduit par le vin de Marc Boddaer (20 pieds dans son jardin !), a décidé de planter 1,5 hectare de vignes sur le versant sud de la carrière, entre le fleuve et l’autoroute périphérique sur une pente idéale de 10% et un sous-sol forcément calcareux. La plantation ne se fera qu’en 2017, voire en 18 ; une coopérative mêlant partenaires publics et privés a d’ores et déjà été créée et recherche des membres prêts à investir 500 euros dans le projet. Avis aux amateurs.

Dans la botte du Hainaut, un autre projet, mené par l’asbl « Vignobles Bio en Grande Thiérache », vise à construire un vaste vignoble transfrontalier (on parle de 30ha !) avec un chai en Belgique, à Sivry-Rance (près de Chimay), et un autre en France, à Fourmies, 25 km plus bas. Un dossier a été introduit auprès des autorités européennes dans le cadre du projet Interreg, et ici aussi, une coopérative recherche des amateurs ! Décidément, l’exemple de Vin de Liège fait des jeunes…

 

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L’équipe de Oud Conynsbergh à Boechout

Et en Flandre

Côté flamand, les pieds de vignes se multiplient allégrement aussi. Les locomotives sont ici le Wijnkasteel Genoels-Elderen, Aldeneyck, Pietershof, Clos d’Opleeuw ou Schorpion pour ne citer que ces domaines-là. Le Limbourg est sans conteste la partie du pays qui inspire le plus les viticulteurs, certains pensent d’ailleurs à demander une nouvelle appellation « Maasvallei ». On y trouve en effet 16 vignobles déjà en production et 5 en voie de l’être ! Près de 20 hectares ont été plantés l’an dernier au nord de la Meuse, des surprises sont donc à attendre de ce côté-là.
Plus au nord, à Boechout (Anvers), en avril dernier, les 8 amis qui ont fondé le Wijndomein Oud Conynsbergh en 2014, ont ajouté six hectares aux 2 existants, avec l’ambition de monter à 10. Le tout avec des cépages « classiques » tels que les Pinots noir, blanc et gris, le Chardonnay ou l’Auxerrois.

Ayant (re)démarré 5 à 10 ans plus tôt que les Wallons, les vignerons flamands ont davantage opté pour les cépages classiques, de type français, plutôt que pour les « interspécifiques » (des cépages résistant aux maladies habituelles de la vigne) qui n’ont vraiment été popularisé qu’en 2003 avec la création du Domaine du Chenoy. Autres vins, autres styles des deux côtés de la frontière linguistique, mais des vignerons tous sont sensibles aux pratiques durables, utilisant moins de pesticides et tentant de produire des vins de terroir, même si le climat est ce qu’il est. Tous n’y arrivent pas encore, mais de très beaux vins se retrouvent déjà sur nos tables, souvent à un prix supérieur aux vins étrangers, car produire peu coûte cher, mais partez à leur découverte sans préjugés, vous serez certainement surpris !

Où trouver des vins belges ?
Peu de vins belges en grandes surfaces (sauf Ry d’Argent et Chenoy) mais beaucoup sont disponibles via des sites de vente (lesvinsbelges.be ou belgianwines.com), chez des cavistes (Mig’s world wines) ou dans des surfaces spécialisées (D’ici, Belartisan).