Connu autrefois sous la marque Roundup commercialisée par Monsanto et désormais dans le domaine public, le glyphosate est un « herbicide total foliaire systémique », c’est-à-dire qui est non sélectif (cela tue tout), qu’il est absorbé par les feuilles et son action est généralisée. Seule, cette molécule est inefficace, elle doit être mélangée avec d’autres produits chimiques, par exemple, du solvant.

Certains ont le disent très dangereux, d’autres veulent encore croire qu’utilisé en petite quantité, il n’est pas dommageable pour notre santé et qu’il ne provoque pas de cancer. Si le Centre international contre le cancer l’a classé en 2015 comme « probablement cancérigène »,  cela n’a pas empêché, l’année suivante, la FAO et l’OMS d’estimer qu’il était « improbable que le glyphosate soit cancérigène par voie alimentaire ». Pareil pour l’Autorité européenne de sécurité des aliments.

Difficile de démêler le vrai du faux dans cette affaire, surtout que les autorités publiques n’ont toujours pas de position claire sur la question. En France, le président Macron a promis de l’interdire d’ici 2021. Première étape : depuis le 1/1/2019, sa vente aux particuliers est interdite. Restent les professionnels…

Dans la viticulture, nombreux sont ceux qui ne veulent pas s’en séparer (ils étaient encore 60 à 70% en 2017), car il permet de traiter efficacement les « mauvaises herbes » dans l’inter-rangs et sous les rangs de vignes, car sinon, il faut tout biner à la main, et la main-d’œuvre coûte cher. Le raisonnement est (trop) vite fait. L’enherbement a pourtant de très nombreuses avantages mais c’est un autre débat, j’essaierai d’y revenir.

Dans les vignes

Certains se mobilisent toutefois, comme l’ODG Patrimonio (l’organisme de défense et de gestion des vins de Patrimonio) en Corse qui a interdit le glyphosate en février dernier et annoncé qu’à partir de 2021, « 100 % des sols viticoles devraient être enherbés ou désherbés mécaniquement. Y compris sous le rang et sur vignes en fortes pentes. Cela concernera autant les vignes « en place » que les jeunes plantations, qui devront être travaillés manuellement autour des pieds. L’année 2017 a particulièrement aidé », note le site Vitisphère qui a relayé l’info ce 21 juin : « cela a été une année très sèche, mais les vignes dont le sol était travaillé n’en ont pas souffert et aucune perte de rendements n’a été observée, à l’inverse de celles désherbées chimiquement ».

En Italie, dans la région d’appellation du Prosecco, l’abandon du glyposate est aussi appliqué, même s’il a fallu deux ans pour y arriver. Aujourd’hui, l’appellation Conegliano Valdobbiadene Prosecco Superiore revendique le titre de plus large zone viticole européenne à bannir le glyphosate,

En mars 2018, l’usage du glyphosate a été interdit par la Région de Bruxelles-Capitale sans prévenir la Commission européenne qui venait de décider de prolonger l’autorisation du produit en UE arguant qu’il n’y avait pas de consensus scientifique sur les effets du glyphosate. Mais à part le vignoble de Marc De Brouwer, cela ne concerne personne…

Marc Vanel