Lundi dernier, malgré les grèves des transports en France, le VINOCAMP a fêté ses dix ans à la Maison des Métallos à Paris, l’occasion de revenir sur cette manifestation originale.

Il y a dix ans, Facebook démarrait vraiment en Europe, et l’outil a rapidement été adopté par une série de blogueurs qui, tant en France que chez nous, écrivaient sur le vin dans le cas qui nous occupe. Soit des journalistes qui élargissaient leur domaine d’intervention et leur audience, soit même des vignerons ou des négociants conscients de l’opportunité que cela représentait.

Tout ce petit monde se parlait par écrans interposés mais personne ne se connaissait vraiment. Pour passer du virtuel au réel, la blogueuse Miss Vicky Wine (Anne-Victoire Jocteur Monrozier), fille de vigneron à Fleurie (à gauche sur la photo), a mis en place en juillet 2010 le “Vinocamp” sur le modèle américain des “barcamps” lancé en 2005. Elle a rapidement été rejointe dans l’organisation par Arnaud Daphy (Wine Mosaic) (à droite sur la photo) et soutenue par la filière via l’organisation Vin & Société.

Selon Wikipedia, un barcamp est une « rencontre, une non-conférence ouverte, qui prend la forme d’ateliers-événements participatifs où le contenu est fourni par des participants qui doivent tous, à un titre ou à un autre, apporter quelque chose au Barcamp. C’est le principe “pas de spectateur”, “tous participants” ». Pareil pour le Vinocamp dont le programme est effectivement choisi le jour même en fonction de l’assistance et de ses priorités. L’entrée est ouverte à tous (sur réservation mais surtout gratuite).

Vingt-sept éditions ont eu ainsi lieu depuis 2010, pas uniquement en France dans toutes les grandes régions viticoles, mais aussi en Suisse, au Portugal ou en Angleterre.

Parmi les “pointures” qui se retrouvaient chaque année, mais encore aujourd’hui, citons dans le désordre, Antonin Iommi-Amunategui (devenu grand prêtre des vins nature – mais pas vigneron), Miss Glouglou (alias Ophélie Neiman qui écrit dans Le Monde), Franck Merloz en Savoie, Marlene Fandegrenache, Marilyn Johnson (photographe et blogueuse à St-Emilion), le sommelier Emmanuel Delmas, Michel Betanne (Bettane & Desseauve), Nicolas De Rouyn (En Magnum) ou votre serviteur (qui n’a toutefois participé qu’à 3 ou 4 éditions à Paris après 2013).

Parmi les vignerons, on trouvait bien sûr les habitués du web: Mélanie Tarlant (champagne Tarlant), Laetitia Mauriac (Château La Levrette) ou Michel Blanc (pour la Fédération des vins de Châteauneuf du Pape). Que du beau monde! Cette année, Loïc Pasquet (Liber Pater) et le pépiniériste Lilian Berillon sont venus animer des ateliers, mais nombreux furent empêchés de venir à cause des grèves. De manière générale, aujourd’hui, on trouve davantage des représentants du marketing ou de grandes maisons comme Castel, Système U, Terra Vitis, etc., cela donne un ton différent, plus consensuel sans doute aussi.

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Conférence de David Kermode sur le vin en canette… Euh…

Des sujets très divers

Toujours uniques et tous différents, ces rassemblements annuels ont permis d’aborder au fil du temps des sujets aussi divers que:

  • comment engager la conversation sur les réseaux sociaux? Un sujet toujours d’actualité d’ailleurs
  • la barrière entre blogueur et en journalistes: vaste débat en France il y a quelques années, avec des guéguerres entre les deux activités. Aujourd’hui les journalistes se sont digitalisés, la frontière est plus floue.
  • l’utilité du QR Code pour communiquer
  • les expériences immersives dans les vignes en 3D: tout est encore à faire
  • l’oenotourisme et la place sur le web des grandes institutions comme le CIVB et d’autres
  • le “big data” ou un algorithme pourrait-il remplacer le sommelier?
  • Les ventes de vin en ligne
  • comment parler aux Chinois
  • les climats
  • la génération Y
  • ou cette fois: “Boire du vin en 2020”.

Globalement, dix ans plus tard, certains sujets sont loin d’être épuisés, d’autres sont dépassés, mais la manière de faire la différence dans un marché en déclin est toujours d’une actualité brûlante. Que ce soit en France ou en Belgique d’ailleurs…

Des vidéos et des textes sont disponibles sur le site vinocamp.fr. Mail: contact@vinocamp.fr

Marc Vanel, 19/12/19