L’AOP Lirac est l’un des crus les plus méridionaux de la Vallée du Rhône, voici cinq références à découvrir, toutes disponibles chez nous bien sûr.

Dans le sud de la célèbre vallée du Rhône, entre Orange et Avignon, mais sur la rive droite s’étend l’appellation Lirac, reconnue comme cru depuis 1947. Face à Châteauneuf-du-Pape de l’autre côté du fleuve (3200 hectares) à 15 km au nord d’Avignon et directement au-dessus de Tavel (900 ha) connue pour ses rosés. En réalité, la région de Lirac compte près de 1200 hectares mais seuls 771 peuvent revendiquer l’appellation Côtes du Rhône Lirac.

Parfois surnommé le « petit Châteauneuf », le vignoble s’étend sur les terrasses et les coteaux ensoleillés des quatre communes de Lirac, Roquemaure, Saint-Laurent-des-Arbres et Saint-Géniès-de-Colomas. Certains producteurs, comme le Domaine de la Mordorée ou Château Mont-Redon, pour citer deux noms connus, produisent des vins dans les deux appellations. Les sols sont eux aussi assez semblables à ceux de la rive gauche : galets roulés, sables, éboulis calcaires. Tout comme le climat, méditerranéen, à la différence notoire que le Rhône arrête les orages qui arrivent de l’Ouest.

SI en 1947, Lirac produisait 98% de vins rosés, la situation a changé depuis les années 70. Ici, on produit 87% de vins rouges, 10% de vins blancs et donc 3% de vins rosés (il faut dire qu’il est difficile de concurrencer le voisin de Tavel), dans des rendements modérés. En rouge, Grenache noir, Syrah, Mourvèdre et Cinsault se taillent la part du lion (les mêmes en rosé, sauf le Mourvèdre), et en blanc, ce sont les Grenache blanc, Bourboulenc, Roussanne, Clairette et autres Viognier ou Marsanne.

Deux types de vins se dégagent dans les deux couleurs : des vins frais et au degré d’alcool pas trop élevé (on est loin des 15% de Châteauneuf) d’un côté, de vins charnus et gastronomiques, plus lourds de l’autre. Le souvenir des critiques américains poussant ce type de vins n’est pas encore éteint. De manière générale, le style Lirac se résume en quelques mots : puissant, structuré et aromatique, mais frais et toujours élégant.

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Durable

Parmi ceux-ci, les vins de la cave de Roquemaure (1922) rebaptisée Rocca Maura étaient très séduisants. Le Blanc 2019 (50% Clairette, 50% Grenache blanc) est robuste et délicat, aux fines notes de fleurs de tilleul et d’acacia (8,50€ au Paradis du vin et à la cave du Val Chaineux). La cuvée Saint-Valentin 2017 en rouge est sans aucun doute le meilleur de cette gamme. Issu de vieilles vignes, il séjourne pour partie en barrique neuve qui apporte des notes toastées, de pain grillé et de cuir. Potentiel de garde important (10,98€ chez Magnus).

Egalement très connu pour ses Châteauneuf, le domaine Pierre Usseglio propose un Lirac 2018 de haut vol, riche de fruits noirs, de cerise et de réglisse. Epices et garrigue sont au rendez-vous (Millésime à Overijse – 13,80€).

Une belle densité que l’on retrouve aussi dans la cuvée Roc-Epine du Domaine Lafond (en bio), dégusté sur plusieurs millésimes. Puissant et concentré, il sort du lot, tout en étant très représentatif de l’appellation. Avec une belle viande rouge, ce sera parfait ! Le nouveau millésime (±13€) est attendu chez Upperwine ou chez Un Soir, un Vin.

Enfin, un coup de cœur pour terminer avec les vins de Mas Isabelle, cuvée Grand Roc, vinifié par Isabelle Boulaire, 12e génération. Un autre style, construit sur le fruit, avec une touche de Carignan, beaucoup de matière et de tanins. Des vins de garde qui tiendront de nombreuses années dans votre cave. (±15€ – Vins Pirard).

Marc Vanel, 24/03/20 (paru dans la DH Dimanche le 15 mars dernier)

Photo du paysage: Thomas O’Brien/InterRhône