Pablo Álvarez Mezquiriz, administrateur délégué des vignobles Vega Sicilia, est venu fin août présenter en Belgique les cinq domaines du groupe: Macán, Pintia, Alion, Valbuena/Vega Sicilia en Espagne, et Oremus en Hongrie. Dégustation.

Appelé autrefois Pago de la Vega Santa Cecilia y Carrascal, ce vignoble de 2000 hectares de Ribera del Duero est acheté au Marquis de Valbuena en 1848 par un propriétaire foncier basque, Don Toribio Lecanda qui raccourcit son nom en Vega Sicilia. Repris en 1982 par la famille Álvarez, ce domaine va devenir la base du groupe Tempos Vega Sicilia, par ailleurs aujourd’hui membre de l’association Primum Familiae Vini.

Outre les trois vins du domaine sous marque Vega Sicilia (Valbuena Reserva, Unico Gran Reserva et Unico Reserva Especial), la société possède les marques Alión en Ribera del Duero (1991) également, Pintia en Toro (2001) et Oremus en Hongrie, à Tokay (1993).

Enfin, en 2017, la famille Alvarez a rendu publique sa joint-venture  avec Benjamin et Ariane de Rothschild entamée en 2004, soit l’achat d’une centaine d’hectares éparpillés autour des villages de San Vicente de la Sonsierra et Samaniego en Rioja. Les vins sont vendus sous le label Macán.

En transit entre Amsterdam et Madrid, Pablo Álvarez et son importateur La Buena Vida, ont improvisé à Bruxelles une dégustation de dix bouteilles illustrant la richesse du groupe.

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Oremus, Mandolas 2017 – Hongrie (18,34€)
La dégustation a démarré avec Oremus 2017 « Mandolas », 100% Furmint hongrois, le seul vin blanc du groupe, avec de belles notes pâtissières et des notes d’amande. C’est un blanc sec, ce qui tranche évidemment sur la production habituelle à Tokay. Très floral, il évoluera avec le temps vers des arômes de miel. Usage modéré du bois. Un vin gastronomique sans aucun doute.

Macán Clasico 2015 – Rioja (40,76€)
Sous influence atlantique dans la Rioja, les vins de Macán sont 100% Tempranillo et élevés pendant 12 à 14 mois en fûts de chêne français, pas tous neufs. Le 2015 présenté était encore complètement fermé et trop jeune à la dégustation. On y perçoit toutefois déjà une belle finale aux notes chocolatées et de cerise noire. Attendre donc, minimum 5 ans.

Macán 2014 – Rioja (67,87€)
Avec un an de plus, ce Macán est un rien plus ouvert, très épicé en bouche mais trop jeune également.

Pintia, DO Toro 2014 (49,74€)
Issu d’un vignoble de 120 hectares dont trois quarts en franc de pied (la région n’a jamais connu le phylloxera), ce Pintia 2014 est une pure merveille. Dans cette région connue pour la puissance de ces vins, celui-ci est très rond, complexe, volumineux, dense et bâti sur une acidité remarquable. D’après Wim de la Buena Vida, c’est le Toro le plus féminin. Pour le coup, on se sent très femme alors… Top.

Alión 2015, DO Ribera del Duero  (64,25€)
Le premier millésime de ce domaine de 150 ha date de 1991. Elevé 100% en fût de chêne français pendant un an, ce 100% Tinto fino (le nom local du Tempranillo) est d’une richesse étonnante, avec beaucoup de matière, de la concentration et une structure qui offre de belles notes florales et de chocolat noir. Elegants fruits rouges, tanins encore un peu fermes. Grand potentiel de garde. Coup de coeur.

Vega Sicilia Valbuena 5° 2013 et 2014 – Ribera del Duero (124,15€ pour le 13 et 135,70 pour le 14)
Des deux millésimes présentés, le 2014 l’emporte haut la main, c’est une véritable splendeur. Comme son grand frère de 2013, il comporte 5% de Merlot alors que les 2011 et 2012 étaient 100% Tempranillo pour cause de gel des Merlots. La bouche de ce 2014 est tout en finesse, riche de fruits rouges et de violettes, une pointe mentholée et des tanins très fins. Très élégant et soyeux, un vrai plaisir à déguster. Un grand vin de garde.

Vega Sicilia Unico 2009 – Ribera del Duero (299,98€)
“LE” vin mythique par excellence qui ne sort des caves qu’après 10 ou 12 ans. En l’occurrence, les 2007 et 2008 ne sont pas encore prêts, le millésime actuellement disponible est donc 2009. Assemblage de vielles vignes de Tempranillo à 94% et de Cabernet sauvignon pour le reste, cet Unico est d’une grande fraîcheur, avec des arômes de fruits rouges et noirs dominants. Pour le reste, on y trouve à peu près tous les arômes des grands vins espagnols, bordelais ou toscans. De manière générale, le vin est malgré tout une peu en deçà de nos espérances, quelques années de cave lui feront sans doute le plus grand bien.

Oremus Late Harvest 2017 – Hongrie (24,49€ pour 50cl)
Changement de style avec ces deux derniers vins. Ce Vendanges Tardives 2017 est un assemblage de cépages autochtones hongrois: Furmint, Hárslevelü, Kövérszőlő, Sárga Muskotály et Zéta. C’est un vin très pur, aux notes d’agrumes marquées (citron confit, pamplemousse, citron vert) et très riche aussi. Seules sont utilisées ici des grappes dont au moins la moitié des baies sont des grains nobles Aszú atteints par la pourriture noble. Après une longue fermentation, le vin repose 6 mois dans les petites barriques en bois des caves souterraines et est ensuite affiné pendant un an en bouteille. Remarquable.

Oremus Tokaj Aszú, 5 Puttonyos 2010 – Hongrie (67,87€ pour 50cl)
Les vins liquoreux appelés Aszú ne sont produits que les années où les raisins sont atteints de pourriture noble. L’encépagement est constitué de Furmint (55%), d’Harslevelü (40%) et de Muscat de Lunel (5%), tous cépages très sucrés. Au moût qui rentre dans une barrique de 136 litres, on ajoute 3, 5 ou 6 hottes de 23 kg (« puttony ») de grains nobles Aszú qui vont macérer un jour ou deux avant de passer au pressurage. Ce 2010 goûte tout simplement la confiture d’orange. Un nectar qui vaut par lui-même, un vin de méditation.

Infos: www.labuenavida.be, Lichtstraat z/n, 2400 Mol. Vente en ligne également.

Marc Vanel, 23/10/19