Dom Pérignon a présenté cette semaine son Vintage 2010 à la presse belge en conférence zoom. Avec les commentaires de l’œnologue Daniel Carvajal Perez et de Vincent Chaperon mais aussi avec bouteille, caviar et petits toasts.

Sur la première décennie du siècle, seuls 2001 et 2007 n’ont pas été millésimés par Dom Pérignon et n’ont donc pas été commercialisés. Les conditions climatiques étaient en effet défavorables et la qualité insatisfaisante selon le chef de cave Richard Geoffroy pour qui « le millésime est témoin de l’année et nous l’élaborons tous les ans. Nous voulons livrer notre point de vue de l’année ».

Ce dernier ayant pris d’autres directions plus japonisantes, Vincent Chaperon lui a officiellement succédé en 2009, mais était présent chez Moët depuis 1999 déjà. « Avec les températures les plus faibles depuis 1996, décrit-celui-ci, la première partie de l’année contraste avec la décennie. Les gels d’hiver et la fraîcheur du printemps rappellent la localisation septentrionale du vignoble. L’été est chaud, sans excès, et la rareté des pluies confirme une année particulièrement sèche. Tout bascule à la mi-août : en deux jours, il pleut l’équivalent de deux mois de pluie. Avec la chaleur et l’eau, la maturation est rapide et généreuse mais la vendange débute en présence de botrytis dans les pinots noirs. »

La déclaration du millésime s’annonce donc difficile, mais Chaperon prend alors deux décisions importantes : renforcer la présence sur le terrain pour suivre l’évolution de ce botrytis au plus près, surtout sur les Pinots noirs, et accepter d’écarter les 20% de Pinots noirs touchés par la maladie pour sauver le reste.

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© LVMH

« Comme en 1995, l’équilibre des raisins est haut placé, à la fois sucré et acide, mais il faudra renoncer à certaines parcelles et en trier d’autres pour sortir le meilleur d’un millésime riche de ses contrastes », analyse Vincent Chaperon. « Les vins de base sont parfaits en Chardonnay et riches et structurés avec beaucoup de caractère pour les Pinots noirs, le tout offrant un vin d’une minéralité terrienne », commente Daniel Carvajal Perez, précisant également que 2010 se place finalement à la 3e place des maturités de la décennie (après 2003 et 2002), mais à la 2e place du point de vue de l’acidité (après 2008).

La dégustation

Si chaque millésime de Dom Pérignon est une création unique avec sa personnalité propre, ce 2010 offre à l’ouverture une incroyable impression de jeunesse et de légèreté qui va prendre une ampleur croissante tout au long de la dégustation. Les premières notes sont surtout exotiques (ananas, mangue, passion) et s’enrichissent rapidement de notes florales, de rose surtout, ou, pour être aussi lyrique que Carvajal Perez, « des senteurs d’un jardin anglais après la pluie »…

Après ce nez délicat et gracieux, l’attaque est généreuse, avec une belle vigueur qui s’exprime en milieu de bouche et en finale, avec une étonnante salinité qui persiste longuement. Selon son créateur, « une sensation séveuse domine et le tactile succède rapidement à l’aromatique. La matière se déploie, généreuse, ferme et dirigée. Puis elle se resserre, faisant vibrer le vin sur les épices et le poivre », on ne saurait lui donner tort.

Si l’assemblage de Dom Pérignon est souvent de 50% Chardonnay avec 50% de Pinot noir (jamais de Meunier), vu les dégâts dans les Pinots noirs, la proportion 2010 est plutôt de 54/46. Le tout avec 5gr/l de dosage et 1 gr de sucre résiduel.

Une belle énergie se dégage de ce vin de 12% vol. alc, d’une belle finesse, que l’on accordera forcément avec des plats gastronomiques. Des plats à base de fruits exotiques ou d’origine asiatique si l’on préfère faire honneur au nez, ou à de beaux poissons à chair ferme (turbot, daurade, bar grillé, noix de saint-jacques) si l’on souhaite renforcer la bouche. Rarement un tel choix nez/bouche est proposé.

Ou bien sûr avec un peu de caviar, par exemple les “Pearls of Persia importées par des Belges, car Dom Pé avait tenu à accompagner sa bouteille de 30gr de caviar avec des petits toasts spécialement préparés pour l’occasion et étonnament excellents. Ceux-ci dev(r)aient être disponibles chez sept cavistes ambassadeurs dont deux du côté francophone (Rob à Bruxelles ainsi qu’au Comptoir des Vins – 13 magasins) mais à vérifier selon les dernières mesures sanitaires. A part ceux-ci, Dom Pérignon Vintage 2010 est en vente chez les plus importants cavistes au prix conseillé de 160€.

Plus d’infos: domperignon.com

Marc Vanel, 01/11/20