A l’origine de la création du domaine Gayda au sud-ouest de Carcassonne, trois hommes aux parcours très différents et qui ont imaginé leur projet… en Afrique du Sud. Cela se traduit (un peu) dans les vins…
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Tout d’abord, il y a Tim Ford, un homme d’affaires britannique longtemps exilé en Afrique australe et qui, avant 2003, était producteur de roses au Zimbabwe. Ensuite, Vincent Chansault, originaire du Val de Loire et qui bossait alors comme winemaker (en bio) dans un vignoble de Stellenbosch en Afrique du Sud. Et enfin, l’entrepreneur Anthony Record que les deux hommes rencontrent au Cap et qui venait d’acquérir un vieux mas du XVIIIe siècle dans le Languedoc pour en faire sa résidence secondaire.

Les pièces du puzzle s’assemblent rapidement et les trois hommes décident de créer un vignoble sur la propriété française de Record. Les premières vignes de Syrah, de Cabernet franc et de Chenin (que l’on trouve à la fois en Val de Loire et en Afrique du Sud) sont plantées en 2003 à Brugairolles, dans l’Aude, à moins de 100 km de la Méditerranée à hauteur de Narbonne.

L’année suivante, le trio achète six hectares de vignes en AOP Minervois La Livinière où va être produite la future cuvée-phare du domaine « Chemin de Moscou », commercialisée pour la première fois en 2007. En 2006, Gayda ouvre un restaurant au milieu des vignes et aménage à 500 mètres de là quatre maisons de grand standing pouvant accueillir jusqu’à 16 personnes. L’idée s’est révélée lumineuse, car ce pôle oenotouristique fait venir quelque 10.000 personnes chaque année sur la propriété qui profitent de la table gastronomique et des dégustations. Un bon plan pour cet été peut-être ?
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© Gayda

Conversion bio

Le domaine entame la conversion bio en 2008 et la finalise en 2011. Le succès est au rendez-vous. Gayda double son chai en 2013 et acquiert 18 hectares de vignes en Roussillon en 2017 pour pérenniser la production de « Chemin de Moscou ». Depuis 2017, les vignes de Brugairolles sont traitées selon les principes de la biodynamie.

Grâce à ses variétés de vignes à la fois méditerranéennes et ligériennes, le trio signe des vins qui reflètent la qualité de leurs terroirs. Aux grès calcaires de Brugairolles près de Limoux, viennent s’ajouter les causses calcaires de Minervois La Livinière, les schistes et les argiles rouges de Saint-Paul-de-Fenouillet ou les granits de Latour de France où des achats de raisins sont également effectués.

Conseillé dans un premier temps par Marc Kent, directeur du prestigieux domaine sud-africain Boekenhouskloof à Cape Town, Vincent Chansault n’a toutefois pas voulu faire des vins du Nouveau Monde en Languedoc. Il a privilégié au contraire des vinifications parcellaires dans de petites cuves qui expriment au mieux le fruit de chaque parcelle. Œufs en béton, jarres de grès, cuves classiques, barriques et foudres sont un véritable terrain de jeu pour ce « winemaker » plus que créatif.

Forte de 21 cuvées dans les trois couleurs, toute la gamme est signée en IGP Pays d’Oc, à l’exception de « Villa Mon Rêve », la cuvée haut de gamme du domaine classée en AOP Minervois La Livinière.

Trois vins

Dans la large gamme, voici trois vins récents et qui sont disponibles en Belgique dans les 12 magasins du Comptoir des Vins, mais parfois pas tous en même temps. Disponible aussi chez www.wijnen-dekok.com et sur divers sites de vente en ligne.

Chemin de Moscou 2017, IGP Pays d’Oc, 14,50% vol. alc.

  • Cette cuvée best-seller tire son nom du cadastre des parcelles du Domaine. L’histoire raconte qu’un arbre surplombait l’horizon et était appelé l’arbre de Moscou. Il permettait aux aviateurs de l’Aéropostale de se repérer, mais il a été aujourd’hui foudroyé et a disparu.
  • Ce vin, à la robe très sombre, est un assemblage des vieilles vignes de Syrah (±70%) avec des Cinsaults et des Grenaches issus de plusieurs terroirs de la Livinière. Cela donne un bouquet remarquable et puissant de fruits noirs et d’épices (cannelle, poivre), complété par des notes de violette. La bouche est puissante et équilibrée, on y retrouve les petits fruits de la forêt portés par des tanins soyeux. Carafer le vin permettra d’en libérer tous ses arômes (pruneau, fruits noirs mûrs) que l’on retrouve en fin de bouche avec beaucoup de suavité et de finesse. Superbe potentiel de vieillissement. Idéalement à carafer. Prix : entre 23 et 27€.

Grenache 2018, IGP Pays d’Oc, 13.50%

  • Les vins en mono-cépage Grenache ne sont pas si fréquents, mais les sols pauvres tels que ceux de Gayda, donnent de beaux résultats. Celui-ci est assez atypique, avec un fruit très pur, pas hyper concentré, mais permettant de bien appréhender le cépage. Cela nous change de certains Garnacha espagnols bien plus chargés en matière. Un vin de plaisir, estival même, avec un excellent rapport qualité/prix, puisqu’on le trouve chez nous à partir de 7,20€ !

La Minuette (rosé), IGP Pays d’Oc, 12.50%

  • Un rosé d’assemblage (60% de Mourvèdre, 40% Syrah, Grenache et Cinsault quasi à parts égales) qui se distingue par sa fraîcheur, ses belles notes d’agrumes et florales, et une petite pointe saline en fin de bouche. Simple mais de bon goût.
  • Sa couleur pâle et son bouquet floral sont un hommage à la variété de rose « Minuette », la première plantée en 1982 au Kenya par Tim Ford (voir plus haut). Prix à partir de 9,20€.

Marc Vanel, 13/06/20