Dans la région de Marlborough en Nouvelle-Zélande, les vins de Rimapere propriété de “Edmond de Rothschild Heritage”, sont désormais disponibles en Belgique.

Quelques éléments chronologiques tout d’abord, avec une histoire qui démarre au XVIIIe siècle. Né dans le ghetto juif de Francfort en 1743, Mayer Amschel Rothschild va fonder en cinquante ans une véritable dynastie bancaire, il est d’ailleurs considéré comme « le père de la finance internationale ».

Cet empire sera appuyé par ses cinq fils (Nathan, Amschel, Salomon, Carl et James) qu’il envoie à  Londres, Francfort, Vienne, Naples et Paris. Industrie, chemin de fer, matières premières : les Rothschild financent les entrepreneurs du XIXe siècle et explorent les nouvelles frontières. Deux cent cinquante ans plus tard, la nouvelle génération accompagne ceux qui veulent changer le monde. Banque, philanthropie, recherche médicale, arts, viticulture, entrepreneuriat social, sports nautiques : l’engagement des Rothschild est total.

Côté viticulture, le fils de Nathan, Nathaniel achètera en 1853 le Château Mouton Rothschild, tandis que son oncle, James, fera l’acquisition en 1868 du Château Lafite Rothschild.

Quasiment cent ans plus tard, les descendants de James vont véritablement développer l’activité viti-vinicole : Edmond (1926-97) reprend en 1973 le Château Clarke et le Château Malmaison, tandis que son fils Benjamin et son épouse Ariane Langner acquièrent ou s’associent dans sept autres vignobles à partir de 1997 : Château des Laurets et Château de Malengin en France dans le Bordelais, Rupert & Rothschild Vignerons en Afrique du Sud, Flechas de Los Andes en Argentine, Macan en Espagne (avec Vega Sicilia) et enfin, Rimapere en Nouvelle-Zélande, objet de cet article.

Les cinq flèches

A la tête de la Compagnie Vinicole depuis le décès de son père en 1997, Benjamin de Rothschild rachète en 2012 avec son épouse Ariane de Rothschild 24 hectares dans la Marlborough Valley en Nouvelle-Zélande. Ils y produisent depuis six ans un sauvignon blanc et un pinot noir, en joint-venture avec le milliardaire Terry Peabody, propriétaire de Craggy Range, une winery très réputée.

Depuis 2019, le domaine est détenu et géré à 100% par Edmond de Rothschild Heritage que dirige Boris Bréau. C’est également la date de l’embauche d’Anne Escalle  comme directrice technique d’exploitation. Formée à Bordeaux et émigrée en Nouvelle-Zélande il y a seize ans, elle bénéficie d’une belle expérience : elle a en effet été consultante dans le Languedoc-Roussillon pour 2000 hectares et a collaboré à Ara Wines et Bankhouse Estate dans l’île Sud, dans la région de Marlborough.

Lors de son passage en Belgique en juin dernier à l’invitation du groupe Schenk, elle a présenté à un groupe de journalistes ce domaine composé de 24 hectares, 20 de Sauvignon blanc et 4 de Pinot noir.

« La région est exposée aux courants de l’Antarctique, a-t-elle expliqué, le climat est froid, surtout la nuit, mais très ensoleillé, avec un soleil puissant. Cela donne à nos vins un côté vibrant et vif, avec un fruit très mûr. La densité de plantation n’est que de 2200 pieds/ha, et les vendanges se font ici en mars. Cela ne fait que 40 ou 50 ans que l’on plante des vignes dans cette région, mais je pense que cela changera avec la prochaine génération. »

 

La dégustation

Nous avons dégusté Rimapere 2022 Single Vineyard en 100% Sauvignon blanc (notez qu’il n’y a pas le choix…) qui s’ouvre rapidement en se réchauffant un peu sur d’élégants arômes de pêche blanche. Le vin devient véritablement onctueux, avec une pointe d’acidité marquée sur le bout de la langue. Citron vert et fruits de la passion terminent la palette. Il est élevé uniquement en cuve inox.

Un second Sauvignon, Rimapere Plot 101, est quant à lui élevé pour moitié en barriques. (dont 20% de barriques neuves). Le nez est totalement différents, plus robuste, où le chêne se fait bien sentie. La bouche est ample et légèrement beurrée, avec des arômes de citrons verts et jaunes, ce vin est clairement destiné à la gastronomie.

Enfin, le Rimapere Pinot noir 2020 a été servi lors du repas au resto Anobesia à Affligem. Riche d’arômes de fruits rouges et noires (surtout la cerise) et d’épices, il est plutôt boisé et demande un peu de repos en cave avant d’être dégusté. Un style très différent des pinots noirs européens mais de haut niveau.

La production est de l’ordre de 225.000 bouteilles par an, mais seules 1200 caisses de 12 bouteilles sont disponibles chez nous.

A noter aussi que pour réduire l’impact carbone, le vin est expédié en Europe en cuves et mis en bouteille au Château Clarke dans des bouteilles recyclées. Et enfin, le domaine sera certifié BioGro en 2024 (l’équivalent néo-zélandais du label AB).

En vente en Belgique via Schenk.be entre 30 et 35 euros.

Marc Vanel, 20/12/2023