Chaque année, la SAFER publie une analyse du prix des vignes en France, bassin par bassin. Le marché est clairement à la baisse…
Selon Loïc Jegouzo, adjoint au directeur du Service études de Fédération nationale des Safer (Sociétés d’Aménagement foncier et d’Etablissement rural), cité par le magazine La Vigne-Vitisphère, « En 2023, la Fédération des Safer a enregistré 8 770 transactions (16.000 ha), soit 7,6% de moins qu’en 2022, mais leur nombre reste dans la moyenne de ces six dernières années ». Les secteurs à la hausse sont tous dans le nord du pays, tandis que les côtes du Rhône et Bordeaux sont ceux qu souffrent le plus.
Le tour des régions
ALSACE : la moyenne des transactions est de 90.000€/ha, soit 5.000€ de plus qu’en 2021, mais les prix oscillent entre 70 et 120.000€/ha selon les zones. Le Pinot noir a le vent en poupe alors que le Gewürztraminer rencontre des difficultés. Les difficultés économiques rencontrées par les vins d’Alsace hors crémant pourraient prochainement avoir un impact négatif sur le marché foncier.
BEAUJOLAIS : en AOC Beaujolais, le prix moyen est de 11.000€/ha et est en très légère baisse (-8%), et 1.000 euros de plus en Beaujolais Villages. Les parcelles en Beaujolais blanc et les terres plantables en chardonnay sont toujours très recherchées. Dans les crus, le prix reste stable.
Dans le BERGERACOIS, le nombre, le volume et la valeur des transactions chutent. Avec un prix moyen des vignes en AOC de 9.000€/ha pour les rouges et de 9.500€/ha pour les blancs. L’AOC Monbazillac reste bien valorisée autour de 18.000€/ha
A BORDEAUX, les prix diminuent dans presque toutes les AOC. En AOC Bordeaux rouge, le prix moyen chute à 9.000€/ha (-14% vs 2022), soit une chute de leur valeur de 45% en cinq ans. Contrairement aux rouges, les vignes de Bordeaux blanc progressent de 14% à 12.000€/ha.
Pour le reste des rouges, relève “La Vigne”, la situation n’est pas plus brillante:
- Blaye-côtes de Bordeaux: -23% à 10.000€/ha
- Côtes de Bourg : -13% à 14.000€/ha
- Graves : -4% à 26.000€/ha
- Médoc : -29% à 25.000€/ha
- Sauternes : -7% à 28.000€/ha
- Pessac : -10% avec des prix entre 350 et 600.000€/ha
- Saint-Émilion : entre 3,5 et 4 M€/ha pour les parcelles les plus exceptionnelles et entre 180 200.000€/ha dans les plaines.
BOURGOGNE-JURA : la hausse de 8% du prix moyen du bassin viticole, après celle de 9,4% en 2022, est toujours soutenue par l’ensemble des appellations de la Côte-d’Or, en particulier les Premiers crus blancs (+13%, soit 2,25 M€/ha), sur un marché foncier en retrait et très concurrentiel. Dans une moindre mesure, des hausses significatives sont enregistrées dans le Jura (+17% pour les appellations Côtes du Jura et L’Étoile). Peu de ventes ou d’échanges dans le Mâconnais ou le Chablisien.
CHAMPAGNE : dans la Marne, le prix moyen des vignes s’établit à 1,184 M€/ha (+2%) sur un marché moins actif qu’en 2022. Dans l’Aube, où les vignes coûtent moins cher, 100 hectares se sont échangés, au prix moyen de 932.200€/ha (+4 %).
COGNAC : après six années d’augmentation continue, le prix moyen des vignes en appellation Cognac a chuté de 6,4 % en 2023 pour se stabiliser autour de 56.600€/ha.
CORSE : la Safer n’a enregistré que cinq transactions en 2023 en Corse. Ses calculs donnent des moyennes de 22.000€/ha en AOC et 18.000€/ha en IGP.
LANGUEDOC-ROUSSILLON: dans le Gard, le prix des vignes en IGP chute à 14.000€/ha (-13 %) alors qu’il reste stable dans l’Aude et l’Hérault où les vignes en AOC Languedoc reculent de 6% (15.500 €). Faugères, Saint-Chinian et Muscat de Frontignan baissent également. Et Terrasses du Larzac chute pour la première fois après dix ans de croissance (-2% à 27.000 €). À l’inverse, en AOC Pic Saint-Loup et Picpoul, les prix augmentent respectivement de 4 (75.000€/ha) et 6 % (33.000€/ha). Dans l’Aude, les prix baissent pour Malepère, Fitou, Cabardès et Corbières mais restent stables ailleurs. A Limoux, les prix se négocient entre 8 et 19.000€/ha avec une dominante à 15.000 €. Dans les Pyrénées-Orientales, les prix chutent de 10% en Côtes du Roussillon et Côtes du Roussillon Villages.
LOIRE : à Sancerre, le foncier se maintient à 260.000€/ha en moyenne. L’AOC Touraine (+17%) enregistre des prix moyens de 14.000€/ha. En Indre-et-Loire, les prix baissent en AOC Bourgueil (-14% à 12.000€/ha), Stabilité des prix en AOC Saint-Nicolas-de-Bourgueil (50.000€/ha), Chinon et Montlouis. En Anjou-Layon, les transactions augmentent de 6% à 27.400€/ha en moyenne en AOC.
RHÔNE : l’hectare de Côtes du Rhône tombe à 14 500€/ha en moyenne (-19 %), celui de Côtes du Rhône Villages chute à 16.000€ (-14%), Costières de Nîmes passe à 15.000€ (-19%) et Tavel à 60.000 € (-15%). En AOC Lirac, les prix sont en croissance de 18 % et atteignent 40.000€/ha en moyenne. Dans le Vaucluse, le prix moyen est stable à 23.000 €, avec de grosses variations selon les zones.
Dans les Côtes du Rhône Villages, la situation est contrastée, commente encore La Vigne. À Valréas, Visan et Sainte-Cécile-les-Vignes, de nombreuses vignes sont en vente mais la demande n’est pas au rendez-vous. À l’inverse, à Sablet ou Séguret, les vignes sont recherchées. De même, les crus très reconnus restant recherchés avec des moyennes à 100.000€/ha à Vacqueyras, jusqu’à 230.000€/ha à Gigondas et 510.000€/ha à Châteauneuf-du-Pape.
PROVENCE : en AOC Côtes de Provence et Coteaux Varois, le prix des parcelles en appellation progresse de 7 % à 64 300€/ha en moyenne.
SUD-OUEST : dans le Gers, les prix sont restés stables en 2023, avec un intérêt croissant pour le Colombard. Et en IGP Côtes de Gascogne, le prix des vignes oscille entre 7.000 et 20.000€/ha selon leur état. À Cahors, les prix étaient remontés à 15.000€/ha en 2022 mais repassent à 13.500 € en 2023. Dans le Tarn, les prix reculent de 5% à 9.000€/ha et sont identiques en appellation Gaillac et en IGP Côtes du Tarn.
Sources : www.le-prix-des-terres.fr et Vitisphère
Marc Vanel, 240621