Dix-huit bougies pour le vignoble des Agaises créé en 2002 par Raymond Leroy qui vient de planter son trentième hectare ce week-end ! C’est actuellement le plus grand vignoble de Belgique.

Qui aurait imaginé que le vignoble des Agaises, plus connu sous le nom de sa cuvée Ruffus, passerait de 2 à 30 hectares de vignes en moins de vingt ans et produirait entre 200 et 350.000 bouteilles selon les années ? A la base de ce projet plutôt farfelu à l’époque, Raymond Leroy, marchand de vins, qui, passionné d’œnologie, est parti se former en 1980 à l’Ecole nationale agronomique de Montpellier. A son retour, il plante du Pinot noir dans son jardin à Faurœulx et se met à la recherche d’un terrain disponible, une quête qui durera quasiment vingt ans.

En 2002, en association avec Etienne Delbeke, agriculteur, et Thierry Gobillard, producteur de champagne, il plante deux hectares de Chardonnay à Haulchin, sur le lieu-dit des Terres blanches, un terrain 100% calcaire, similaire au terroir champenois. Rejoints dans l’aventure par Michel Wanty, entrepreneur et Joël Hugé, gestionnaire, ils vont devenir en moins de 20 ans le premier producteur de vins effervescents en Belgique et détenir le plus grand vignoble aussi : 28.5 hectares quasiment d’un seul tenant et exposés plein sud.

.

Photo du propriétaire

Raymond Leroy

Photo de l'intérieur du chai

Une belle collection de gyropalettes

Ce week-end du 25 avril, une nouvelle parcelle de Chardonnay a été plantée pour atteindre 30 hectares, mais pour l’heure, pas question de grandir davantage : « Il est de plus en plus difficile de trouver des terres sur notre secteur, confie Raymond, les agriculteurs y tiennent, les prix s’envolent un peu. Et ajouter des hectares, cela signifie aussi agrandir les capacités du chai, faire passer plus de bouteilles à la fois. On va maintenant se calmer, pour sortir de l’eau. »

De plus en plus de vignobles en Wallonie produisent des vins effervescents, est-ce une menace pour Ruffus ? « Comme dit mon associé Thierry Gobillard, en Champagne, ils sont 20.000, et  ce ne sera jamais le cas chez nous. Sincèrement, le Belge est très amateur de produits belges, c’est ce qui m’a le plus surpris depuis le la création du domaine. Si c’est très bien fait, il achètera belge plutôt qu’étranger. »

La gamme

Elaborée selon la méthode traditionnelle avec une seconde fermentation en bouteille et un élevage de 12 à 40 mois sur lattes, la cuvée Ruffus n’a cessé de gagner en qualité depuis sa création, l’ensemble de la production est prévendue deux ans avant d’être sur le marché. Et les prix sont restés corrects.

Depuis 2011, John et Arnaud Leroy sont aux côtés de leur père et contribuent eux à la production et aux ventes de la gamme de vins articulée autour de quatre vins et d’un ratafia. A noter que le Ruffus n’est pas un Crémant de Wallonie, car les raisins sont récoltés à la machine, ce qui n’est pas autorisé dans le cahier de charges de l’appellation.

1) Chardonnay Brut, sans année : un dosage classique de 6 à 7 gr de sucre par litre est ajouté après un élevage de 12 à 15 mois sur lattes. C’est le classique des classiques de la maison, qui remporte de nombreux prix dans les concours. Prix : 15 à 18€ selon les revendeurs.

2) Brut sauvage, sans année : le petit frère presque jumeau du vin précédent avec un dosage de sucre ramené à 2 grammes, il peut aussi être appelé « Brut nature ». L’effervescence séduit d’emblée et invite à la dégustation. Une vraie réussite et le millésime 2018 en cours de dégorgement est de très haut niveau. Prix : 15 à 22€.

3) Rosé Brut, sans année : pas d’assemblage de vin blanc et rouge pour faire ce rosé qui est réalisée en « saignée », c’est-à-dire en prélevant du vin rouge de Pinot noir en début de macération, avant qu’il ne soit trop foncé. Le résultat est très vineux et convient parfaitement à l’apéritif. Prix : 15 à 20€.

4) Grande cuvée 2014 : en 2009, la récolte fut exceptionnelle et la famille Leroy décida de faire une cuvée millésimée de prestige avec 24 à 36 mois de vieillissement, dont un passage en fût de chêne. Elle est composée de 50% de Pinot noir, 40% de Chardonnay et 10% de Pinot meunier. La cuvée 2009 étant épuisée, la même opération fut répétée en 2014 avec un assemblage légèrement différent. Le résultat est tout simplement époustouflant. Prix : 40 à 45€. Des variantes de cette cuvée se préparent, mais il est trop tôt pour les dévoiler.

Marc Vanel, 27/04/20 – Paru dans la DH Dimanche le 26/4.