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Le changement climatique oblige les vignerons à revoir certaines de leurs habitudes pour alléger leur bilan carbone. Bouteille sans verre, en carton recyclé ou canette, les idées ne manquent pas.

Sans parler des produits utilisés dans la vigne ou de la consommation d’eau tout au long de la chaîne de production, produire du vin a bien évidemment un impact sur l’environnement, notamment au niveau des émissions de gaz à effet de serre.

Même s’il est difficile d’estimer précisément l’empreinte carbone du vin tout au long de sa chaîne de production, on considère généralement que la production d’une bouteille de vin de 75 cl émet entre 1 à 1,5 kg équivalent CO2.

Ces émissions augmentent pour les vins conditionnés dans des bouteilles plus lourdes telles que le champagne ou certains grands crus. Soupesez les bouteilles que vous achetez, vous serez surpris des différences d’un vin à l’autre. Réduire le poids des expéditions permet d’utiliser des camions moins énergivores et donc de moins polluer.
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Bouteille sans verre

Le packaging d’un vin, soit la production de la bouteille et des matières sèches (bouchon, étiquette et carton d’expédition), représente environ 50 % de ces émissions. Certains redoublent donc d’ingéniosité pour réduire cela au maximum et optent pour d’autres matériaux que le verre.

La société toulousaine Green Gen Technologies a ainsi mis au point un contenant original qui combine fibres végétales (lin, bambou ou chanvre) et résines biosourcées. A l’intérieur de la bouteille, un film alimentaire protège le vin de l’altération et la bouteille ne pèse que 190gr pour 75cl contre ±450 gr pour une bouteille de vin tranquille et ±900 gr pour une bouteille de champagne.

Tous les tests de résistance et de qualité ayant été réussis, la start-up vient de signer un contrat de production avec un grand groupe international dans les vins et spiritueux, qui ne peut toutefois être cité pour l’instant.

D’après James de Roany, initiateur du projet, « un autre contrat est à la veille d’une signature pour un saké très haut de gamme. Nous développons également une gourde. Les 3 produits seront sur le marché au premier semestre de l’année prochaine. »

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Carton recyclé

Encore plus original : Frugalpac lance une bouteille à base de 94% de carton recyclé (photo du haut) et une doublure alimentaire intérieure pouvant contenir du vin ou de l’alcool. Le poids tombe ici à 83 grammes, soit 20% d’une bouteille en verre.

Spécialisée dans la production de gobelets en carton recyclé et de cartons à boissons, cette société est basée au Royaume-Uni et son premier client est la Cantina Goccia en Ombrie, à Castigliano del Lago. Le lancement d’un premier vin, « 3Q », au tout début du mois de juillet, a remporté un succès immédiat et suscité la grande curiosité des professionnels du vin. Reste bien sûr à voir comment les consommateurs réagiront.
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Du vin en canette

Changement de style Anne-Victoire Monrozier, alias Miss Vicky Wine, qui, soucieuse de capter un public jeune lance « Ô Joie » en canette, un vin élaboré à Fleurie au Château (familial) des Moriers! Ce format n’existe pas encore en France, mais bien aux Etats-Unis ou en Angleterre où il rencontre un grand succès. Une opération de crowfunding sur miimossa.com vient de se clôturer et lui permet de passer à l’étape suivante.

Le résultat vous sera présenté dès qu’il sera disponible, mais connaissant le vin en bouteille, cela devrait être croquant et gourmand.

Seconde peau

Nouveauté également, mais uniquement au niveau de l’emballage : la maison de champagne Ruinart a en effet décidé d’abandonner la vente de ses bouteilles dans des coffrets individuels et a imaginé une nouvel étui qui épouse parfaitement la forme de ses bouteilles, telle une « seconde peau ».

En 2015, Ruinart avait déjà allégé son coffret de 50 grammes, gagnant ainsi plus de 200 tonnes de papier. Aujourd’hui, la maison poursuit sa réflexion sur son empreinte environ­nementale en optant pour un habillage composé intégralement de fibres de cellulose et entièrement recyclable.

Le papier seul n’offrant pas une protection suffisante pour filtrer toutes les ondes lumineuses, la pâte de cellulose a été enrichie d’un oxyde métallique naturel qui renforce l’opacité de cette seconde peau protectrice. Neuf fois plus légère que les anciens coffrets, cette seconde peau permet en outre une réduction de 60% de l’empreinte carbone par rapport à la précédente génération d’emballages. Chaque petite pierre à l’édifice environnemental est importante.

Marc Vanel, 24/08/20
Egalement paru dans la DH Dimanche le 16/8