A la tête d’une des plus grandes fermes bio de Belgique à Antheit, la famille Jolly se lance un nouveau défi : exploiter 9,5 ha de vignes, notamment avec du Chasselas et du Gamay, deux cépages peu répandus chez nous. Les 3,5 premiers hectares viennent d’être plantés par Charles-Edouard Jolly, sous l’œil expert de Nicolas Parmentier et Martina Widmer, la suite est prévue à l’automne.
Issus tous deux d’une famille d’entrepreneurs, Bernard Jolly – très actif dans le « Private Equity » (capital-investissement) – et son épouse Françoise de Vaucleroy, ont créé en 2005 à Antheit (Wanze) le golf Naxhelet (18 trous). Ils y ont développé une véritable infrastructure touristique, avec hôtel 4 étoiles, spa, piscine et restaurant gastronomique, le tout récemment complété par un éco-quartier qui comprendra à terme une centaine de logements.
Leur fils, Charles-Edouard, n’est pas en reste. Après des études de gestion, il a repris une partie de la ferme familiale Val Notre Dame (qui compte plus de 200ha) pour y diversifier les cultures (froment, épeautre, colza, pommes de terre, etc.) en développant également un élevage de moutons Ardennais Roux, la culture des fraises, une houblonnière, une boulangerie avec les céréales de la ferme et donc… un vignoble. Le tout en bio, et même bientôt en biodynamie pour ce qui concerne ce dernier.
Le projet ne s’est pas monté en un coup de club de golf, mais a pris deux années complètes : sondage et analyse des sols avec Lydia et Claude Bourguignon pour repérer les meilleurs parcelles (les plus pauvres en réalité), choix des variétés, choix des porte-greffes, commande des cépages, etc.
Pour l’épauler dans son projet, Charley a fait appel à un tandem franco-suisse formé de Martina Widmer, diplômé de la Haute Ecole de viticulture et d’œnologie de Changins, et de Nicolas Parmentier. Le nom de ce dernier ne vous dit sans doute pas grand chose, mais Nicolas est Belge et il a notamment travaillé dans les vignobles de son oncle en Provence, qui eut comme associé (passif)… un certain Bernard Jolly. Ceci explique donc cela.
Le projet
« Tant dans nos activités agro-alimentaires que celles centrées sur le loisir, explique Charles-Edouard, nous avons opté pour une démarche de qualité. Ce sera pareil pour ce vignoble. Ces terres sont déjà certifiées bio, nous démarrons donc directement en bio, puis, à terme, en biodynamie.
Après avoir validé ces choix, nous avons décidé de planter du Pinot noir et du Gamay (le cépage du Beaujolais) en rouge, du Chardonnay et du Chasselas (le cépage suisse emblématique) en blanc. Notre terroir nous le permet. Historiquement, on trouvait d’ailleurs de la vigne sur nos terres il y a 400 ans environ. »
Les 20.000 premiers pieds prennent racine depuis quelques jours sur 3.5ha, la plantation des 32.000 plants suivants (du Pinot noir surtout) est prévue pour l’automne, une question de stock disponible.
Ici, les effervescents ne sont pas à l’ordre du jour, ne seront en effet produits que des vins tranquilles, avec une majorité de 60% de vins rouges. Les premières bouteilles de blanc sont prévues en 2025, et celles de rouge l’année suivante. D’ici là, un nom définitif sera trouvé et un chai installé dans la ferme, ce ne sont pas les espaces qui manquent. Du personnel sera également recruté pour la taille et la récolte.
Mais au fait, si l’idée est de développer le bio, les cépages résistants n’étaient-ils pas plus indiqués car nécessitant moins de traitement ? « Vu le savoir-faire que nous avons en bio, répond Charles-Edouard à la question, nous pensons être capables de gérer des cépages classiques. Mais c’est aussi une démarche qualitative par rapport au type de vins que nous voulons obtenir, c’est vraiment une question de goût, et bien sûr, c’est un choix émotionnel. »
L’adresse: rue du Val Notre Dame 398, 4520 Antheit – valnotredame.be
Marc Vanel, 16/6/21