Situé dans l’océan Atlantique, le vignoble de l’île de Pico dans les Açores est classé Patrimoine mondial viticole depuis 2004. Ses vins sont uniques en leur genre.

A environ 1450km de Lisbonne dans l’Atlantique nord, les neuf îles de cet archipel portugais sont toutes d’origine volcanique et connaissent une forte activité sismique. Les vignes y sont pourtant cultivées depuis le début du XVIe siècle, le plus souvent dans des « currais », des petits enclos protégés par des murets de pierres noires de lave qui les protègent du vent et des embruns.

Plantées dans les trous et fissures de ce terroir rude, ces vignes forment un étrange patchwork qui a connu des fortunes diverses au fil des siècles. Appréciée des marins qui y faisaient escale en route vers le Nouveau Monde, la production de vin a toutefois été interrompue au cours du XIXe siècle à cause des maladies (oïdium, phylloxera) et de la désertification. Ce n’est que dans les années 80 et 90 que la viticulture y redémarre réellement avec replantation de Verdelho (importé autrefois de Sicile par les moines franciscains) et des cépages traditionnels.

Trois de ces îles produisent du vin qui bénéficie des quatre appellations : DOC Graciosa pour des blancs légers, DOC Biscoitos et DOC Pico pour des vins fortifiés (type porto) et l’IG Açores pour des vins majoritairement blancs produits par une poignée de producteurs indépendants et une coopérative. C’est sur Pico que l’on trouve les vins les plus modernes et agréables.

Pico bello

Le paysage viticole de l’île de Pico est si caractéristique qu’il a été classé Patrimoine Unesco en 2004. « Ce vaste réseau de petits champs, peut-on lire sur le site de la vénérable institution, avec les bâtiments (manoirs, caves à vin, entrepôts, maisons conventionnelles et églises), les sentiers et les puits, les ports et les rampes, est l’œuvre de générations de fermiers qui ont permis de développer la production du vin. (…)

La beauté extraordinaire du paysage de petits champs ceints de murs de pierre, façonné par l’homme, témoigne du travail de générations de paysans qui, dans un milieu hostile, sont parvenus à créer des conditions de vie durables et un vin très apprécié. »

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L’équipe de Azores Wine Company

A côté de la coopérative locale qui rassemble 200 producteurs, on dénombre quelques indépendants dont l’Azores Wine Company qui gère quand même 100 hectares sur les 987 de l’île de Pico. Fondée par António Maçanita, Filipe Rocha et Paulo Machado/Insula Vinus, la société commença à produire dès 2014 près de 10.000 bouteilles, pour atteindre plus de 65.000 aujourd’hui.

Les blancs monocépages Arinto dos Açores et Verdelho O Original, de la Collection “Rare Grapes”, représentent plus de la moitié de la production. La série “Volcanic” surprend quant à elle avec ses rouges et rosés. Font également partie de cette histoire les premières bulles des Açores : en 2011, à partir du Terrantez do Pico, et dès 2014 à partir du cépage Arinto dos Açores.

L’équipe s’attelle également à redonner naissance aux fameux vins liquoreux de Pico qui ont parcouru le monde entier il y a plus de 400 ans.

Blanc, rosé et rouge

Importés en Belgique par Once Upon a Wine, voici trois vins issus de la gamme de l’Azores Wine Cy, tous en IG Azores.

Arinto dos Açores 2018, tout d’abord, est le fer de lance du domaine. Il est très représentatif de la minéralité et la fraîcheur des vins de l’île dominés par une certaine salinité provenant du potassium contenu dans la roche sédimentaire. La proximité immédiate de l’océan a bien sûr aussi un impact. Parfait avec des huîtres ou un poisson grillé. Prix : 22,90€. Une version élevée sur lies existe également (31,95€).

Rosé Vulcânico (sans année) est une vraie curiosité. La robe est rose pâle, le nez est riche de fruits rouges (cerise et surtout fraises mûres) complétées en bouche d’arômes de poivre noir et d’iode. Avec bien sûr un côté salin bien marqué également et seulement 11,5% vol. alc. Prix : 12,50€.

Aussi en rouge : Tinto Vulcânico 2017, un assemblage d’une dizaine de cépages rouges qui donnent un vin frais et élégant que l’on servira à table sans hésiter avec une pièce de viande rouge ou blanche. Et toujours cette fameuse touche saline. Prix : 15,80€.

Infos : mcollard@onceuponawine.org, pas de site web mais page Facebook.

Marc Vanel – 11/05/20
Paru hier dans la DH Dimanche