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Planté en plusieurs étapes depuis 2016, le vignoble du Château de Fumal compte aujourd’hui cinq hectares et ses bulles laissent augurer d’un bel avenir. Le Pré/ En/ Bulle/ 2018 vient d’ailleurs de gagner un prix au Concours des vins liégeois.

 

Agriculteur à Fumal, l’un des huit villages de l’entité de Braives en province de Liège, François-Hubert du Fontbaré est également échevin en charge de l’Urbanisme et de l’Environnement. Sa famille détient le Château de Fumal dont les archives permettent d’affirmer l’existence de deux vignobles.

« Il y avait deux vignobles ici à Fumal au XVIe siècle, explique-t-il, c’est certain, nous avons des documents qui l’attestent. Le premier se trouvait juste en dessous du château, clos de murs, il a été replanté de 4000 pieds en 1786 mais arraché quinze ans plus tard, car il ne donnait que du vinaigre.

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Le Château de Fumal – © Vanel

Dans nos archives, il est également question d’un second vignoble et il y a 99% de chances que cela soit à l’emplacement de l’actuelle plantation. J’ai fait venir des spécialistes de la géologie avant de planter, et l’endroit le plus favorable se trouve ici. »

Diversification

La passion de François-Hubert du Fontbaré pour le vin remonte à sa jeunesse, lorsqu’il participe, il y a presque quarante ans, aux vendanges du Clos Bois Marie avec Charles Legot, architecte qui a relancé la viticulture en vallée de la Meuse mais qui travaillait aussi pour les parents du futur viticulteur.

« Je me suis toujours dit que pour mes vieux jours, je replanterais le vignoble en-dessous du château. Puis pour mes 50 ans, il y a presque six ans, mon épouse avait organisé un anniversaire-surprise avec mes amis et le cadeau, c’était une enveloppe pour acheter des pieds de vignes.

Mon métier de base, c’est agriculteur bien sûr, mais vu la situation actuelle, c’est une diversification intéressante. Avec mon épouse et mes quatre enfants, nous avons commencé par 1,5 ha de Chardonnay en 2016, qui a été complété en 2017 par 3,5 ha supplémentaires. Actuellement, nous avons 50% de Chardonnay, 25% de Pinot noir et 25% de Pinot Meunier. Le tout en un seul tenant et planté avec les conseils de Jean-François Baele (Domaine du Ry d’Argent) chez qui nous apportons les raisins et où nous avons nos propres cuves, c’est lui qui vinifie pour le moment.

Monsieur et madame

 

Nous avons planté des haies pour protéger le vignoble, mais le gel nous a fait perdre une grande partie de la récolte 2020 qui ne nous permettra de faire que 5000 bouteilles au lieu des 15.000 prévues. 

Nous essayons d’avoir une viticulture la plus propre possible, sans herbicides ni insecticides, mais je ne pense pas que nous ferons du bio, les démarches pour une certification sont trop contraignantes. A terme, si tout se passe bien, nous espérons atteindre 10 ou 12 hectares, nous avons quelques terres disponibles. »

© Fumal

Préambule

Heureusement, la récolte 2018 fut généreuse et permit d’élaborer 1800 bouteilles de vin effervescent. Un nombre qui monta en 2019 à 5000 bouteilles, actuellement en cours d’élevage.

Vieillie 16 à 18 mois sur lattes, la cuvée 2018 (100% Chardonnay) a été mise en vente à la fin juillet 2020 et le stock diminue très rapidement. Les achats sont d’ailleurs limités à un carton de 6 maximum..

En dégustation, on découvre un nez puissant et distingué, avec une certaine minéralité qui provient du terroir calcaire et schisteux. En bouche, le Chardonnay est parfaitement mûr, avec une légère touche d’amertume, de beaux arômes d’amandes et de fleurs blanches, complétés rapidement par des notes de pomme mûre, voire de poire, avec un retour de fraîcheur en fin de bouche. Le vieillissement apporte une belle rondeur, soutenue par un dosage parfaitement équilibré. Une belle réussite.

L’avenir

Le projet du Château de Fumal offre plusieurs facettes : familiale, bien sûr, mais aussi environnementale, sociale et patrimoniale, avec la rénovation en cours du château (encore occupé par les parents du viticulteur) qui pourrait accueillir un petit centre d’information sur le vin wallon.

A terme, la famille élaborera les vins elle-même, probablement dans une des ailes du château qui a toutefois le défaut d’être peu pratique pour le charroi.

« Nous sommes jeunes viticulteurs, conclut F.-H. du Fontbaré, nous avons énormément de choses compliquées à apprendre, nous devons acquérir de l’expérience, mais nous allons nous entourer comme il le faut, ce sera la clé de la réussite. »

Infos: chateaudefumal.com

Marc Vanel, 03/10/20 – entretien réalisé en août dernier.