Le Château Bon Baron est le premier vignoble belge à obtenir le label FAIR’N GREEN, qui aide les viticulteurs à atteindre des objectifs de durabilité.

Créée en 2013, l’association FAIR’N GREEN est basée en Allemagne et regroupe quelque 130  vignerons, principalement allemands, mais aussi italiens, français, suisses, autrichiens. Elle promeut un système pour une viticulture durable, qui aborde les domaines de la gestion, de la protection de l’environnement et de la responsabilité sociale des entreprises.

Les caves sont auditées chaque année par des experts en durabilité et sont soumises à la norme FAIR et GREEN e.V., qui fixe des normes élevées dans tous les domaines de la durabilité.

Comme stipulé sur le site de l’association, les membres s’engagent à respecter une série de points :

  • Diminution de l’empreinte carbone
  • Protection de l’environnement et viniculture naturelle
  • Promotion de la biodiversité
  • Protection des ressources naturelles
  • Salaire équitable et engagement social
  • Responsabilité sociale
  • Préservation et promotion du paysage culturel

La démarche comprend également une analyse de l’ensemble de la chaîne de valeurs : achats, viticulture, gestion de la cave et vente.

 

La patronne du Château Bon Baron, Jeanette Van der Steen, en 2019 à Mons

La patronne du Château Bon Baron, Jeanette Van der Steen, en 2019 à Mons – ©MV

Un nouveau mouvement

Depuis quelques années, on assiste à une prise de conscience des viticulteurs du changement climatique, chez nous également. Mené de front dans les provinces de Liège, de Limbourg et de Zuid-Limburg aux Pays-Bas, le programme EMRWINE va dans ce sens. Ses initiateurs ont rédigé une Charte des Pratiques durables qui a déjà été signée par plusieurs dizaines de viticulteurs.

En obtenant, le Label FAIR’N GREEN, le Château Bon Baron va un pas plus loin, son exemple sera sans aucun doute suivi par d’autres.

Pour expliquer son projet, Jeanette Van der Steen précise d’emblée que « la localisation des vignes joue un rôle crucial, mais aussi toute votre façon de travailler. Comme vous le savez, j’ai acquis toutes mes connaissances et mon expérience de la viticulture et de la vinification en effectuant des stages chez de nombreux grands vignerons et laboratoires; surtout en Allemagne, en Autriche et en Suisse car je ne parlais pas français à l’époque. Entre autres :  Solvay, Bernard Huber, Dautel, Molitor, Esterhazy, Cave du Paradou, Spiess, Knipser, et bien d’autres.

Chacun de ces vignerons a sa propre philosophie et possède un ou plusieurs centres d’intérêt qui lui tiennent à cœur et qui font partie de son image de marque. Si vous êtes désireux d’apprendre et que vous osez demander, vous découvrez que certains actes ne sont pas aussi gratuits qu’ils en ont l’air et qu’il y a toujours une bonne raison de le faire.

L’un m’a appris qu’un sol vivant était important à condition d’avoir une biodiversité suffisante, un autre que l’on pouvait économiser de l’eau en utilisant celle de la rivière. Ou encore que l’on peut économiser 50% de carburant par an en utilisant des machines double face.

J’ai également rencontré un viticulteur qui nettoie ses cuves et ses barriques à la vapeur : c’est la méthode de nettoyage la plus hygiénique qui soit, il n’y a aucun résidu chimique qui entre dans le système de purification et cela permet d’économiser beaucoup d’eau.

Pour info : pour la production de notre vin au Château Bon Baron, nous n’utilisons que 1,2 litre d’eau par litre de vin. Chez d’autres, c’est en moyenne 10 et 20 litres d’eau par litre de vin. Cela peut aller encore plus loin : nous y travaillons. »

Large palette de cépages

« J’ai aussi appris que l’on pouvait récupérer les eaux de rinçage et les résidus des cuves pour les filtrer soi-même ou les restituer à la vigne. Le fait que nous ayons autant de cépages différents (14 cépages sur 15 hectares – ndlr) est aussi dû à cela : nous pouvons répartir plus facilement le travail dans le temps et avons besoin de moins de matériel et de personnes. Grâce à tout ce que nous avons mis en place depuis nous dernières années, nous pouvons dire que le mot « durabilité » n’était pas un élément vide de sens pour nous.

Nous avons aussi reçu beaucoup d’informations selon lesquelles des personnes travaillent en Belgique sur une quête de durabilité dans la viticulture; mais personne ne sait exactement par où commencer et ce que signifie exactement la durabilité. Et cela se résume souvent au mot « biologique ».

Mais quelle surprise de découvrir que la viticulture biologique est souvent loin d’être durable : il faut plus de terres pour obtenir le même rendement ; il faut généralement sortir plus souvent pour traiter, ce qui signifie plus de pesticides, plus de carburant et plus de pollution des sols.Cependant, cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas adhérer à FAIR’N GREEN en tant que viticulteur bio, rien n’empêche de travailler sur d’autres aspects que la durabilité. Cependant, la durabilité est très holistique et ne s’arrête pas. »

Un des intérêts de l’association est évidemment aussi l’échange d’idées et de pratiques. « C’est ce qui m’attire, conclut Jeanette, ensemble et en concertation, orienter la viticulture de demain dans le bon sens. »

 Marc Vanel, 15/4/23