Produit sur la rive orientale du lac de Garde, le Chiaretto di Bardolino est le vin rosé sec d’Italie par excellence. Dégustation de 50 échantillons.

Dans les Alpes italiennes, à mi-chemin entre Milan et Venise, le “lago di Garda” est le plus grand lac de la Botte. Sur sa rive orientale, la province de Vérone est le berceau du Chiaretto di Bardolino, un vin dont les origines seraient romaines et qui est connu depuis le début du XIXe siècle sous le nom de Bardolino. (A noter que le Bardolino existe bien sûr en rouge, mais ce n’est pas le sujet du jour).

En 1968, l’appellation contrôlée DOC Bardolino est reconnue et regroupe les vins de 16 communes avec ni plus ni moins que 66 types de sols. Deux vents dominent, le Péler qui souffle le matin du nord au sud et le Sora dans le sens inverse en fin d’après-midi, et contribuent à la fraîcheur des vins.

Le nom « Chiarreto » vient du latin clarum qui signifie “clair, léger en couleur”. De 1968 à 2020, le nom officiel du vin fut Bardolino Chiaretto.

Deux variétés autochtones composent principalement les vins de l’appellation : le Corvina Veronese et le Rondinella. Le premier est autorisé jusqu’à 95% de l’assemblage et apporte des arômes d’agrumes, de fruits rouges et noirs, tandis que le second est limité à 40% du mélange et apporte surtout les épices. Sont également admis le Molinara (pauvre en anthocyanes et donc en couleur) (15% maximum), le Corvinone et le Sangiovese, que l’on retrouve plus rarement.

La chaîne de production est divisée en trois segments presque égaux: les moyennes et petites exploitations, les coopératives et les grands embouteilleurs, environ 800 viticulteurs, 120 vinificateurs et 114 embouteilleurs.

En 2014, les producteurs locaux ont fait ce qu’ils qualifient eux-même leur « révolution du rosé » en changeant leurs méthodes de production, revenant entre autres aux techniques de pressage romaines permettant d’obtenir des couleurs très claires et de se démarquer de leurs concurrents.

© Vanel

2020 en force

Les conditions climatiques du dernier millésime furent, semble-t-il, parfaites pour le développement optimal des composants aromatiques du Chiaretto, donnant des vins tout en fraîcheur et salinité, que l’on peut déguster sans attendre et à toute époque de l’année, mais qui peuvent aussi vieillir quelques années sans problème. L’accord gastronomique se fera bien sûr avec des poissons, des clams, des pâtes en tous genres (surtout avec des tomates légèrement acides), mais aussi des dim sum, des charcuteries, des pizzas ou des plats de la cuisine orientale.

J’ai eu l’opportunité de déguster 50 échantillons 2020, dont quelques-uns de 2018 et 19, et force est de reconnaître que chaque vin a sa personnalité, sa propre couleur (du très pâle au rose grenadine) mais toujours avec de séduisantes notes d’agrumes, de fruits rouges et d’épices, avec ci et là, quelques notes florales ou de cannelle. Un étonnant mélange mais toujours sec, avec peu de bois et un taux d’alcool modéré, il faut le souligner.

De la dégustation (à l’aveugle), j’ai retenu cinq producteurs en commençant par le “Chiar’Otto” de Villa Calicantus, Bardolino Chiaretto Classico DOC 2019, qui domine réellement la sélection, avec une très belle structure, d’étonnantes épices et une belle ampleur. Le fait qu’il ait un an de plus que la majorité des échantillons joue vraisemblablement en sa faveur. Le secret de sa réussite: la biodynamie et une production quasi artisanale, un très grand vin mais plus cher que la moyenne des vins dégustés (±20€).

Changement de style avec le Chiaretto de la Cantine Lenotti qui surprend par sa sucrosité (9gr de sucre quand même) et sa couleur saumonée, mais très fruité (fleur de pêcher, framboise), délicat et rafraîchissant avec un étonnant rapport qualité-prix (±5€).

En troisième position, les deux vins de Marchesini Marcello, le Chiaretto 2020 et le Chiaretto Coralin 2020, deux vins très généreux, avec beaucoup de corps, une belle construction et un caractère bien vineux dû vraisemblablement à un long temps sur lies. A noter également l’utilisation ici du Corvinone très connu dans l’Amarone. (±14€)

Ensuite, un autre tir groupé par Costadoro avec le Chiaretto Classico 2020 et le Chiaretto Classico Pink Diamond 2020, tous deux avec une couleur brillante bien caractéristique des rosés italiens et un certain fras en bouche. Les deux offrent également des arômes de fraises et de framboises et surtout n’ont que 12% d’alcool, ce qui en fait deux rosés bien digestes. Original. (±6€)

Refermons cette courte sélection avec la cuvée Chiaretto di Bardolino Rodon bio de la ferme Le Fraghe qui veut dire “le parfum” en italien. Une belle étiquette pour un vin très aromatique avec de séduisantes notes florales et de fruits rouges. Un vin croquant, équilibré et savoureux avec une belle acidité finale et de la longueur, 12% d’alcool seulement. (±14€).

Même si ceux-ci ne le sont pas tous, nombreux sont les Chiaretti disponibles en Belgique ou vendus en ligne, n’hésitez pas à partir à l’aventure. Plus d’infos sur chiaretto.pink

Marc Vanel, 13/5/21
Photos et carte: Consorzio di tutela Chiaretto e BardolinoParu dans la DH Dimanche du 9/5