Et si mettre son vin en bouteille permettait de tendre au “Zéro Déchet”?  C’est en tout cas l’idée de Pierre Gelin et de sa fille Marine qui ont récemment demandé à l’Inspection économique un numéro d’embouteilleur (B/00412): ce sont les premiers à le faire depuis 1989 et c’est aussi un retour aux activités de l’arrière-grand-père Joseph.

Celui-ci était marchand de vins et de charbon à Bruxelles et fonda son affaire au lendemain de la Première mondiale, dans ce que l’on appelait encore à l’époque “le Quartier Léopold”. Une autre Guerre plus tard, Joseph décède, laissant une veuve et quatre fils qui vont tant bien que mal essayer de maintenir l’entreprise à flots.

Expropriée, la famille s’installe chaussée de Charleroi et fonde “Paul & André Gelin” – les deux autres enfants suivant d’autres voies. Tout est à refaire, la maison manque de moyens et surtout de voiture. Les bouteilles sont transportées dans des valises et livrées en tramway, la vie est très dure pour les Gelin. Pour tenter de gagner un peu d’argent et ne pas fermer, Paul part au Congo pendant trois ans, mais devant la montagne d’efforts à gravir, la famille songe à abandonner.

Mise en bouteille

La solution viendra de la Maison Bailly, spécialiste des alcools pour professionnels, qui engage Paul et André comme représentants et met un véhicule à leur disposition. Les deux frères remontent doucement la pente. Quelques années plus tard, ils décident de mettre en bouteille leurs propres vins afin de faire des économies d’échelle et de se passer des intermédiaires. En plus de la boutique de la chaussée de Charleroi, deux nouveaux entrepôts permettent de livrer dans toute la région bruxelloise. Grande première: les vins ne sont pas sulfités à l’embouteillage et les bouteilles n’ont pas d’étiquette, juste l’appellation d’origine sur le bouchon.

Lors du boom de l’immobilier, P. & A. Gelin vend son bâtiment, la société est dissoute et le matériel est revendu au “Pilori” à Braine-le-Château. Ne pouvant reprendre l’entreprise, le petit-fils et actuel gérant, Pierre Gelin – un autre P. – travaille chez d’autres avant de louer un premier bâtiment derrière la Gare d’Uccle Calevoet avant de racheter quelques années plus tard le Pilori (et toutes les sociétés dont parlaient ses parents) à Braine-le-Château il y a huit ans.

 

mv2gelin

La nouvelle chaîne d’embouteillage de Gelin et les premières Saveurs Secrètes – © Benoît Collette

 

Changement climatique

Retrouvant dans un tiroir une recette de vieille liqueur fabriquée autrefois à Braine, Pierre Gelin relance la Liqueur du Mont Ste-Croix dont le succès est immédiat. Ce qui l’incite à renouer avec le métier d’embouteilleur de ses parents dans les années ‘60, mais pas uniquement. Rejoint par sa fille Marine, Pierre Gelin décide en effet de s’engager dans une démarche écologique de réduction des déchets.

“Notre démarche s’articule autour de deux projets, explique-t-il. La vente de vins en vrac au magasin d’Uccle (le client remplit une bouteille du vin de son choix) et l’embouteillage à Braine, l’opération est intéressante à plsuieurs titres: la reprise du métier familial, tout d’abord, le contrôle sur le vin, la fierté de l’artisanat, le bilan écologique favorable (bouchon bio, bouteille allégée) et surtout la relance d’une activité économique dans le Brabant wallon. Sans compter que l’on boit notre propre vin, cela fait une grande différence dans la fierté de notre travail.”

Les vins arrivent en camion-citerne de France (du Languedoc pour l’instant), ils sont alors embouteillés et sortent à la vente sous diverses marques : Saveurs Secrètes (blanc, rosé, rouge), capitELLE et Pas du Loup. Six premières références sont disponibles, et toutes à moins de 8€, coffret-découverte à 35€. Un excellent rapport qualité/prix pour des vins gourmands que l’on aura plaisir à déguster en toutes circonstances.

Infos: www.gelinvins.be

Les deux adresses:
– UCCLE : rue Egide Van Ophem 14/18 – 1180 Bruxelles (Gare d’Uccle Calevoet)
– BRAINE-LE-CHATEAU : rue de Tubize 51 – 1410 Braine-le-Château

Marc Vanel