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Depuis septembre 2018, il est possible de se former en deux ans au métier de chef d’entreprise viti-vini dans deux centres IFAPME en Wallonie, à Perwez qui a initié le cycle, et à Villers-le-Bouillet. Les premiers diplômés seront proclamés en octobre. Rencontre avec Manuel Wilmot qui coordonne cette formation à Perwez.

« Marchés filières et territoires », « Processus viticole », « Processus d’élaboration et de conservation des vins », « Qualité, sécurité et environnement », « Phytolicence P2 »… plus de 650 heures de cours et 500h de stages réparties sur les deux années, la lecture du programme de cette formation impressionne. D’autant plus que rien n’existait, ou presque.

« La commune de Perwez, explique Manuel Wilmot, est jumelée depuis 2008 avec le village de Kaysersberg en Alsace, réputé pour ses vins. Lors d’une mission, nous avons visité le Lycée viticole de Rouffach qui nous a impressionnés par ses installations et la qualité de son enseignement. Cela nous a donné envie de créer quelque chose de similaire en Belgique, car cela n’existait pas encore. Nous avons eu la chance de recevoir leurs référentiels de cours,  nous les avons relus et adaptés à la Belgique. »

Recruter des stagiaires

Lorsque l’IFAPME Perwez décide de lancer cette nouvelle formation, elle dispose certes de référentiels, mais ce n’est qu’une table de matières qu’il faut alimenter. « Oui, quand on a commencé, poursuit Manuel, on partait de rien, nous avons dû tout créer avec les trois premiers formateurs. Au tout début, on se disait que si on ouvrait avec six inscriptions, ce serait bien. Et on était 26 en première, puis 13 en seconde année. Et nous avons déjà 24 inscriptions pour la rentrée. Il a fallu déjà créer des classes supplémentaires… La présentation des travaux de fin d’études se fera en octobre, devant un jury extérieur, avec notamment Pierre Rion et Eric Boschman, pour ne pas les nommer. »

Egalement disponible à Villers-le-Bouillet, cette formation est accessible à tous à partir de 18 ans, mais il faut reconnaître que les élèves de cette première promotion ne sont pas des « petits jeunes » qui démarrent. Ils sont en effet plusieurs à travailler déjà dans un vignoble, d’autres viennent de planter et mettent ainsi à profit le temps « d’attente » des premières années de leurs vignes.

« Il fallait que les cours soient de bon niveau. Mais ils sont donnés par des formateurs, pas par des enseignants. Cela signifie que chacun a dû un peu aménager son travail, certains stagiaires étant parfois plus calés qu’eux sur certaines questions, mais les échanges furent enrichissants. Certaines charges de cours ont été réduites, nous avons recruté de nouveaux formateurs, c’est un ajustement permanent. 

Nous avons aujourd’hui à Perwez une petite équipe avec, notamment, Véronique Lidby (qui va gérer le nouveau labo de Thon-Samson – ndla), Thomas Heeren, Vincent Dienst, Xavier Hérail, tous actifs dans le vignoble wallon, ou encore le journaliste Pascal Jassogne. Avec aussi des intervenants ponctuels tels que Eric Boschman, Fabrizio Bucella, Marc De Brouwer, Bruno Delvaux,… qui viennent donner une conférence pendant quelques heures, conférence ouverte à un public extérieur alors. »

 

Le petit vignoble du Centre le 18/8 dernier.


Vignoble didactique

Les cours se donnent tous les mardis soirs, de 18 à 21h30 ainsi que quasiment tous les samedis de 9h-17h, avec 250 heures de stages pratiques par année de formation et même une possibilité de les prester à l’étranger grâce à certains accords du centre. Certains en sont toutefois dispensés pour autant que cela soit leur job quotidien.

Pour appuyer ses cours, l’IFAPME de Perwez a planté un mini-vignoble de 250 pieds, ou plutôt a fait planter par les élèves un vignoble didactique avec douze cépages différents.

« Notre volonté est de faire du centre de Perwez un centre de formation leader en Wallonie, annonce Manuel. Nous avons le support entier des autorités communales qui relaient très bien nos infos, le terrain du vignoble est d’ailleurs communal.

Après cinq ans d’activités dans des infrastructures encore neuves, nous devons agrandir. Nous avons environ 850 élèves, toutes sections confondues, dont 250 à 280 dans le pôle agro-alimentaire avec des formations très diverses : service en salle, chef barman, pizzaïolo, glacier confiseur, gestionnaire de friterie,… Tout cela demande plus de place aujourd’hui. »

Ouvrier viticole

La demande remonte des vignerons eux-mêmes : le vignoble wallon manque de main-d’œuvre. L’IFAPME vient donc de lancer une nouvelle formation d’ouvrier viticole qui se donne en un an.

« Il y a bien sûr le travail dans la vigne ou au chai, mais notre formation apportera également aux stagiaires des notions de soudure, d’électricité, de réparation d une machine, il y a aussi de la demande à ce niveau-là. Ce seront des classes plus pratiques. Nous réfléchissons aussi à créer une formation de guide œnotouristique. En fait, toute une série de nouveaux métiers émergent avec la professionnalisation du secteur. C’est très excitant, conclut Manuel, il y a plein de choses à faire, c’est l’eldorado (wallon). »

Infos : IFAPME Perwez, rue des Dizeaux 6 à 1360 Perwez• IFAPME Villers-le-Bouillet, rue de Waremme 101 4530 Villers-le-Bouillet • Site web des deux sites: https://www.ifapme.be/formations/chef-dentreprise/viti-viniculteur

Marc Vanel, 03/09/20