On dit de lui qu’il est un “passeur de terroirs”, un “interprète à la fois sincère et subtil de ce qui rend chaque terroir unique”. Présent principalement en Afrique du Sud et dans la Loire, le Chenin se prête à de nombreux usages. La 4e Chenin Fan Week se déroule en France et en Belgique jusqu’au 22 juin 2024 !
Lors de cet événement, vignerons, revendeurs et consommateurs passionnés auront pour but de faire découvrir ou redécouvrir ce cépage emblématique au grand public. Quelque 320 établissements, cavistes, restaurants, bars à vin, et domaines viticoles mettront ainsi à l’honneur le chenin en organisant des animations, dégustations, balades dans les vignes et actions commerciales. Et comme il y a 26 AOP et 1 IGP qui cultivent du Chenin, il y aura du choix…
Infos et lieux de dégustation (dont 8 en Belgique) : ICI.
Trois univers ligériens
Dans la Loire, les vins de Chenin sont répartis en 3 univers :
- les chenins festifs pour les apéros décontractés, que ce soit des Fines Bulles ou des vins moelleux,
- les chenins du renouveau grâce au succès grandissant des blancs secs. Des vins tendances, se mariant parfaitement aux nouveaux styles culinaires en vogue : végétal, végétarien, végétalien…, et,
- les chenins mythiques ou iconiques, que ce soit les grands blancs secs (la Coulée de Serrant, ou les Quart de Chaume, cela vous parle?) ou les grands liquoreux.
En Afrique du Sud, le Chenin blanc, est appelé Steen, et se retrouve essentiellement dans la région du Cap. Les producteurs en font ici aussi des vins couvrant tous les domaines, du doux au sec, ainsi que du sherry et du mousseux. Il est également utilisé pour la distillation de brandy et de spiritueux.
Dégustation
Le 27 mai dernier, j’ai été convié à Lille à la dégustation d’une vingtaine de cuvées de chenin, présentées par Pierre-Antoine Pinet, président de la Fédération Viticole Anjou-Saumur, suivie d’un repas gastronomique, concocté par Steven Ramon et l’équipe du restaurant Rouge Barre. Parmi les vins dégustés, j’ai plus particulièrement retenu :
- Domaine des Galloires, Crémant de Loire – Léon et Jean – Brut nature : 6 mois sur lattes et 36 mois sur lattes, des bulles très agréables
- Domaine Clos de l’Epinay, Chlaforie Blanc sec, AOC Vouvray 2023 bio, vendange manuelle et vinification naturelle. Confirmation de la qualité pour ce Chenin déjà dégusté à Loire Découvertes,
- Domaine Couly-Dutheil, Les Chanteaux, AOC Chinon 2021. Un Chenin de haute dentelle, très aromatique et avec une finale ciselée. Top.
- Domaine de la Commanderie, Elegance, AOC Chinon 2023 Bio : un nez très puissant, un boisé fondu mais malgré tout présent, de la longueur et une finale de poivre rose.
- Domaine de la Noblaie, La Part des Anges, AOC Chinon 2021 Bio : un vin né sur un terroir argilo-calcaire et élevé 12 mois en barrique. Une puissante aromatique ici aussi, le vin s’arrondit progressivement en bouche pour se faire soyeux.
- Domaine de la Paleine, Esprit de Chenin, AOC Saumur 2020 Bio : une bouche très séduisante avec une légère amertume, beaux agrumes et zeste de citron.
- Domaine du Petit Clocher, Les Audacieuses, AOC Anjou 2021 : la bouche es t moyenne mais la persistance est plus que sympathique.
- Château de Plaisance, Ronceray, AOC Anjou 2022 Demeter : finesse et ampleur sur ce Chenin à mettre sur toutes les tables.
- Domaine Loïc Mahé, Sables & Schistes, AOC Savennières 2021 Bio : une jolie porte d’entrée à l’appellation, même si très classiques avec des agrumes pointus.
Anjou blanc
En 2022, dans le cadre de ses travaux sur la hiérarchisation des appellations, l’INAO a introduit la mention de « cru » pour mieux valoriser les dénominations géographiques complémentaires (DGC) ayant pu démontrer leur réussite et leur notoriété. Une démarche en ce sens a également été introduite dans la vallée de la Loire.
« Sur l’appellation Anjou blanc, explique Pierre-Antoine Pinet, comme sur celle de Saumur blanc, c’est la même démarche pour reconnaître quelques timbres-poste de terroirs sur l’appellation. On aurait alors, par exemple, un Anjou blanc, Montchenin, et, à terme dans 10 ans si la DGC est appréciée et reconnue par les amateurs, cela pourrait devenir un Anjou blanc Montchenin, cru de l’Anjou blanc.
Reconnue par l’INAO après une démarche de reconnaissance de la notoriété de la zone concernée, il faut qu’il y ait bien sûr du chenin planté, une délimitation parcellaire aussi, il faut regarder les sols pour voir s’il y a un réel justificatif à faire reconnaître ce territoire. A terme, nous espérons avoir une dizaine de crus d’Anjou blanc.
C’est une dynamique de vignerons, poursuit le président, ou de collectifs de vignerons (4 à 12 producteurs) qui revendiquent des parcelles de chenin sur cette zone-là, et qui ont la volonté d’aller progressivement hiérarchiser vers le haut. On est toujours en appellation Anjou blanc, mais avec un cahier de charges plus restreint, un rendement plus bas, une récolte manuelle, une obligation d’élevage d’un an, pas forcément en cuve, mais au moins jusqu’au mois de septembre suivant la récolte. Toute une masse de choses que l’on va demander pour essayer d’aller vers un Anjou blanc un peu plus travaillé et sortir des crus comme on a en Bourgogne, par exemple. »
Infos : fandechenin.com
Marc Vanel, 17/06/24