Le président d’Inter Rhône, Philippe Pellaton, a présenté, comme chaque année, à Wine Paris, le point sur la filière rhodanienne. Il a annoncé des ambitions collectives des vignobles de la Vallée du Rhône sur les marchés internationaux.

Le président d’Inter Rhône a tout d’abord présenté quelques chiffres pour 2022 avec une production en hausse de 2,3% et en équilibre malgré les aléas climatiques. La commercialisation des vins connaît quant à elle une baisse de l’ordre de 5 à 6%.

Si la part du rouge reste stable (76% de la récolte), le blanc gagne 2 points et est désormais à l’équilibre avec le rosé : 12% chacun.

Mais si les appellations rhodaniennes régionales perdent globalement 5%, plusieurs appellations ont cependant progressé : c’est notamment le cas des Côtes du Rhône Villages avec nom (+2%), de Luberon (+4%), mais aussi de plusieurs crus septentrionaux : Cornas et Hermitage (+6%) et Saint Péray (+7%).

Les sorties de chai ont baissé de 6% et dans la grande distribution, les ventes ont diminué de 5% environ en 2022. Mais les quatre derniers mois ont redonné des couleurs aux vignerons rhodaniens, c’est même la seule appellation en GD à progresser.

Par ailleurs, avec une présence chez 9 cavistes sur 10, l’AOC Côtes du Rhône reste l’appellation rouge préférée des cavistes avec des vins de domaines. Trois appellations adhérant à Inter Rhône (ce qui n’est pas le cas de Chateauneuf du pape – ndla) apparaissent dans le top 5 des AOC les plus présentes chez les cavistes : AOC Côtes du Rhône (1re), Saint-Joseph 3e et Crozes-Hermitage 5e.

 

Photo de Philippe Pellatin, président d'Inter Rhône

Philippe Pellaton a également présenté la nouvelle image de marque de l’interprofession. © Vanel

Chasser en meute

L’export est relativement plat, avec toutefois une hausse en Europe (Belgique +7%) et une baisse du grand export, surtout Canada et Chine. Ce qui a entraîné un léger surstock des vins et la mise en place d’un plan de distillation en deux vagues (avant après les vendanges 2023) proposé récemment par Michel Chapoutier, Philippe Pellaton parlant lui de la mise en place d‘une réserve interprofessionnelle.

Les dernières années n’ont pas été faciles, a rappelé Philippe Pellaton, évoquant les taxes Trump fin 2019 et une baisse de l’ordre de 200.000hl sur un total de deux millions. C’est surtout le vrac qui a été touché par la restructuration de la filière, avec la disparition des négociants « vraceurs » dont la part est passée de 400 à 80.000hl sur les dix dernières années.

« Il faut appréhender cette modification des flux qui entraîne des inquiétudes et construire de nouveaux produits pour adapter le marché, et créer des relais de croissance à l’exportation. »

Philippe Pellaton a également annoncé une augmentation de 11 à 14 millions d’euros pendant quatre ans pour toucher les cinq cibles visées au « grand export » : Etats-Unis, Canada, Corée du Sud, Singapour et Chine avec le lancement de 180 nouvelles opérations nouvelles.

« Pour conquérir, nous devons entraîner un maximum d’entreprises avec nous et chasser en meute pour être puissants sur les marchés. D’ici 2035, nous devons passer de 10 à 15-20% de blancs et en rosé. Et expliquer collectivement qui nous sommes.

Nous allons puiser dans nos réserves pour les engager sur les marchés. Il est important d’avoir une prise de parole collective et d’accompagner les jeunes, et de ne pas agir chacun de notre côté, même si les appellations peuvent bien sûr faire des opérations de leur côté. »

A noter que 380 millions de bouteilles de vins de la vallée du Rhône sont vendues chaque année et que le Rhône ne représente que 1% à l’échelle mondiale, il y a donc des marges de manœuvre…

>> Voir mon article en deux parties sur les Côtes du Rhône villages.

Marc Vanel, 16/2/23