Suite et fin du récit d’un minitrip dans le Rhône méridional. On the road again…

 

Sainte-Cécile Les Vignes :
Domaine des Grands Bois et Château le Grand Retour

Reconnu comme « CdRV » en 2016, Sainte-Cécile regroupe cinq communes avec 4 caves coopératives et 15 caves particulières avec un potentiel de 1300ha. Proche de Plan de Dieu, Grenache et Syrah sont bien sûr de mise ici, sur des sols de petits cailloux dans le sud de l’appellation et d’argile dans le nord.

Mireille Benardo exploite avec son mari le Domaine les Grands Bois. Si elle produit des vins d’AOC Cairanne et Rasteau, elle sort aussi la Cuvée Gabrielle en CdRV sans filtrage et avec plein d’épices et des tanins costauds mais accessibles. La Belgique est un de ses premiers marchés. En vente chez Dewit Wines (Overijse) ou au Cellier à Nivelles.

Dans le même village, la famille Aubert possède le Château le Grand Retour, vaste domaine de 160 hectares dont le nom évoque le retour d’Algérie de ces pieds-noirs, mais elle exploite  également des vignes en CdRV Plan de Dieu et Visan. Enfin, le Domaine Moun Pantaï incarne le rêve de Frédéric Penne qui a choisi d’assouplir le traditionnel GSM avec du Cinsault et de la Counoise pour élaborer ses vins rouges.

 

Au loin le Ventoux – © Vanel

Plan de Dieu :
Château Goudray et Domaine du Mistral

Un peu moins de Grenache dans ce Village-ci dont l’aire d’appellation recouvre quatre communes dans le Vaucluse et s’applique aux rouges depuis 2005 déjà. C’est le Village qui commercialise le plus de volume et la Belgique est pour certains producteurs un marché de choix.

On trouve e.a. le CdRV Plan de Dieu du Domaine du Mistral au Carrefour, et celui du Château Goudray (cuvée La Majeure) chez Colruyt. Des vins francs et corrects, de belle tenue.

 

Autour de Vaison-la-Romaine : Domaine du Gros Pata, La Romaine, Ferme des Arnaud, Domaine Roche-Audran, Mas des Escarades

Dans le nord-est des Côtes du Rhône méridionales, le mistral règne en maître et souffle du nord au sud, contrairement au pontias qui souffle d’est en ouest, mais plus haut, vers Nyons. Tout est planté à flanc de collines par ici et lors de canicule, le mistral permet d’éviter les blocages de maturité.

Autour de Villedieu et de Buisson, par exemple, les parcelles ne sont jamais très grandes (elles ne sont pas toutes classées non plus) et des oliviers les complètent. La biodiversité est clairement une priorité dans cette partie de la vallée. Avec des marnes argileuses et des cailloux déposés par la rivière, les sols sont souvent difficiles à travailler, mais ils donnent de la profondeur et de la fraîcheur aux vins.

Un terroir que traduisent parfaitement les vins du Domaine Gros Pata à Vaison-la-Romaine (CdRV depuis 2016), avec la cuvée « Nos racines 2020 » notamment (50 Grenache, 25 Syrah et 25 Mourvèdre) qui évoque l’olive noire et le pruneau avec une belle ampleur en bouche, de la fraîcheur et une touche de fumé. Elevé en foudres neufs, le vin n’est pas écrasé par le bois mais offre un profil assez compact. Seuls 4ha du domaine sur 35 sont classés en Villages. Distribué en Belgique par Cufab Drinks à Leuven.

 

Vincent Rochette et la présidente de l’appellation

 

Si vous passez par là, faites un détour par la cave La Romaine, qui propose deux vins en AOC CdRV: Tradition 2020 (léger et épicé, facile d’accès) et L’originale 2020 (plus large et boisé). A noter que la coopérative ne possède pas de vigne et ne fait pas d’achats de raisin, toute la matière première étant fournie par les 180 vignerons membres. A noter que la Cave vinifie un tiers des raisins de l’appellation. Vente chez Leloup (Genappe) ou Grisar & Co (Anvers).

A quelques kilomètres de là, à Villedieu, la Ferme des Arnaud, en bio depuis 1978, est tenue par deux frères. Dans la gamme, « Les souliers d’argile » 2021, à majorité de Syrah (60), – sort sous le label CdRV Vaison-la-Romaine. Son profil aromatique exhale de très beaux arômes de cerise noire et de cassis, avec une belle acidité. Sympa.

Dans le village voisin de Buisson, au domaine Roche-Audran, Vincent Rochette est certifié en bio depuis 2000 et en biodynamie depuis 2017, car il voulait aller plus loin dans la protection de la biodiversité. Il a d’ailleurs installé des ruches et cultive la lavande. Son  César (rouge, car existe aussi en blanc) , un vin 99% de Grenache avec une pointe de Syrah pour respecter l’appellation, offre une texture plus légère que d’autyrs de l’appellation, mais ses arômes de thym et de romarin, avec un peu de sève de pin et de poivre, est  plus léger que d’autres en texture, mais tout bonnement excellents. En vente chez Autrement Dit Vins à Dinant ou Vitis Vins à Drongen.

Egalement à Buisson, Julien Bertrand a repris 6ha du vignoble de son père pour créer le Mas des Escarades, sa propre cave particulière en agriculture biologique, avec l’objectif d’être en biodynamie en 2024. Espérons que cela allège quelque peu l’extraction actuelle… Cela étant, le domaine affiche une volonté de respecter “la vie au bout du circuit” en réinstaurant le travail par gravité, la bouteille consignée ou les étiquettes en papier ensemencé biodégradable que l’on peut déchiqueter et planter dans son jardin pour en faire des fleurs… Une initiative à saluer et à soutenir.

 

C’est effectivement beau là-haut… © Vanel

A Sablet et Seguret :  Domaine Chamfort, Domaine Eyguestre

Dans le Vaucluse, au pied des Dentelles de Montmirail, Sablet et Seguret sont deux villages mitoyens qui invitent à la promenade dans de charmantes petites rues étroites. Riche d’une expérience en Provence au Château La Tour de l’Evêque, puis en AOC Saint-Joseph chez Alain Paret, Vasco reprend en 2010 à Sablet avec sa compagne Sonia Léorat, le Domaine Chamfort (5ha) créé en 1992.

En 2014, il récupère 6ha à Seguret et exploite également 10ha en AOC Vacqueyras et 4 à Rasteau. Produisant 97% de vins rouges (et un peu de rosé), il exporte la moitié de ses vins, notamment en Belgique chez Sacriana qui les diffuse dans l’Horeca (aussi chez Maag Vins à Herstal et à la Vinothèque de Wanze).

Les terroirs des deux villages sont très variés et donnent des vins au pH relativement bas (entre 3 et 3,5) qui offrent en bouche de l’onctuosité, de la rondeur et de la richesse. Certifié bio depuis 2021, Vasco limite au maximum ses interventions dans le vignoble, n‘utilisant que des engrais bio, du soufre et du cuivre pour prévenir les maladies. Son joyau est sans conteste la parcelle qu’il a baptisée « C’est beau là-haut » où il nous a entraînés avec enthousiasme et volubilité, délaissant quelque peu la dégustation traditionnelle au chai.

 

Un sol pas facile à travailler…

 

Force est de reconnaître, qu’il s’agit là d’une des plus belles parcelles du Rhône méridional, mêlant éboulis calcaires et veines de quartz sur un lit de terres rouges avec un paysage à couper le souffle. Il n’y a qu’à se pencher pour trouver des fossiles, mais il faut de l’endurance aussi pour y mener la vigne. Vasco et Sonia commercialisent de nombreux vins dont deux CdRV Seguret, « C’est beau là-haut » (100% Grenache – très concentré et puissant) et « Côté inverse » (issu de vieilles vignes de Grenache et de Mourvèdre, minéral et tendu). A l’image du vigneron, généreux et solaires !

Egalement à Seguret, et ce sera la dernière étape du voyage, Laurent Bellion a repris en 2000 l’exploitation familiale créée en 1919 en polyculture. A partir de 2011, il vinifie lui-même tout en portant une partie de ses raisins à la coopérative. Les 20ha du Domaine Eyguestre sont plantés d’un seul tenant autour d’une habitation centrale. Un seul terroir mais avec deux expositions : côté levant, les vins sont frais et fruités, féminins (dit-il lui-même), et côté couchant, les vins ont plus de matière et de tanins.

 

Un blanc, un rosé et plusieurs rouges sortent des chais de Laurent qui a choisi de fournir deux marchés : la grande distribution (Match et Cora) sous étiquette du Domaine, et l’horeca sous son propre patronyme. Nous avons dégusté plusieurs millésimes dont émergent le rosé 2018 (vif et élégant, un vin de plaisir) et en rouge, les cuvées Maupas 2019 et Grange de Fert 2018 (GSM et Carignan) avec un spectre aromatique très large. Acidité et épices s’y marient parfaitement, une belle manière de clôturer ce voyage…

Marc Vanel, 19/1/23

Vous avez raté la première partie? C’est ICI.