Un vignoble à Landenne et un centre œnotouristique à Thon-Samson sur les bords de la Meuse, Michel d’Harveng ne manque pas d’ambition.

Durant sa jeunesse, Michel d’Harveng avait l’habitude de partir en vacances avec ses parents en Bourgogne. Ceux-ci étaient en effet de grands amateurs de Pinot noir, à tel point que Bordeaux n’avait pas vraiment droit de cité chez eux. Cette passion a bien sûr laissé des traces chez cet homme qui exerce la profession de notaire depuis vingt ans, une passion qui l’a aussi amené à (s’)investir dans la gestion d’un vignoble en 2015 en collaboration avec l’Horticole de Ohey à Coutisse.

Il s’agit en fait du vignoble Lion Fontaine que Georges Dallemagne avait planté en 2007 en contrebas de la maison familiale, mais qu’il n’avait pas le temps de gérer au quotidien pour causes d’activités politiques et humanitaires chronophages. L’intervention du notaire fut loin d’être symbolique, puisqu’il racheta la totalité du matériel du député.

L’ambition de l’équipe n’était pas de faire du vin rouge comme Dallemagne mais bien des bulles. Toutefois, les choses ne tournant pas comme il l’espérait, Michel d’Harveng quitta finalement le projet, bien décidé à planter lui-même. Il n’eut pas de difficulté à déterminer un lieu, puisqu’il détenait en effet un terrain non loin de l’autoroute, hérité de son père mais boisé de sapins et loué pour la chasse.

Il entreprit de raser le coteau le mieux exposé (plein sud) pour planter des cépages interspécifiques sur deux hectares. « Je pense que je suis le premier, explique M. d’Harveng, à obtenir un permis agricole en zone forestière, contre l’avis des Eaux et Forêts. Pour ma défense, il s’agit d’anciennes terres agricoles abandonnées car trop pentues et caillouteuses et sur lesquelles on avait replanté des épicéas pour occuper le terrain mais qui n’étaient pas adaptés à la situation. Nous avons dû obtenir une dérogation au plan de secteur pour valoriser ces terrains pauvres, sans compter que planter de la vigne n’était pas vraiment prévu au plan de secteur non plus, mais nous avons finalement obtenu toutes les autorisations. » Trois autres hectares sont potentiellement exploitables.

Un coteau exposé plein sud

Un coteau exposé plein sud avec de jeunes vignes

En rouge et blanc

Son choix se porta sur le dernier cépage suisse technologique en date, le Divico, que l’on trouve notamment en face du Bois Marie à Huy, ainsi qu’au domaine du Blanc caillou à Montigny-le-Tilleul. Prochainement, son équivalent blanc, le Divona, sera également planté mais il ne sera pas disponible en Belgique avant un an sans doute.

Plus de 5000 pieds ont été plantés sur ce qui est aujourd’hui le Clos de Mostombe, sous l’œil attentif de Benoît Exsteens qui fut pendant dix ans le fidèle second de Philippe Grafé au domaine du Chenoy et qui est aujourd’hui indépendant dans l’entretien de vignobles (société Veni Viti Vini).

Un chai en bord de Meuse pour la future coopérative

Un chai en bord de Meuse pour la future coopérative

Un chai pour Andenne

Mais Michel d’Harveng voit bien plus loin que cela, car il a acheté une ancienne scierie de 800 m2 en bord de Meuse qu’il a entrepris de rénover avec un double espace. D’une part, une partie « œnologie » sur 450 m2 avec une série de petites cuves permettant du mono-parcellaire ou du travail à façon pour d’autres vignerons d’Andenne et d’autre part une œnothèque avec un service de restauration-dégustation et de vente de produits locaux.

Ces investissements importants ne sont pas réalisés uniquement pour ses futurs vins, mais avec l’espoir de voir naître à court terme une nouvelle coopérative. « J’aimerais en effet que se constitue une coopérative qui pourrait venir en appui aux petits producteurs locaux rassemblés par l’intermédiaire de VignAndenne, mais surtout pour exploiter les trois hectares que Carmeuse met à notre disposition, et toute autre parcelle dans les environs. »

Un appel aux coopérateurs sera lancé dès que le coordinateur de ce projet sera recruté. Avis aux amateurs…

Voir aussi la première partie de cet article: VignAndenne, une asbl pour dynamiser la viticulture locale.

Marc Vanel, 14/12/19