A Rendeux, une vingtaine d’amis ont créé en 2021 l’asbl “Les Vignerons de Rendeux” dont le but est d’élaborer « des produits issus de la vigne et du terroir dans un esprit de culture raisonnée ». Deux ans plus tard, un peu plus de 7500 pieds ont été plantés sur l’entité de Rendeux, les premières bouteilles sortiront l’an prochain.

Nous sommes ici en province de Luxembourg, entre Hotton et La Roche-en-Ardenne, pas très loin du Parc Chlorophylle. Pour ceux qui connaissent, la commune est constituée de quatre sections et comprend les villages de Marcourt, Beffe, Hodister et de Rendeux, lui-même divisé en Rendeux-Bas et Rendeux-Haut où se trouve l’administration communale.

Rendeux: la parcelle d'Eric Grevisse à côté son restaurant - © Vanel

Rendeux: la parcelle d’Eric Grevisse à côté de son restaurant – © Vanel

Le projet de l’asbl remonte en réalité à fin 2020, époque à laquelle se réunissent tous ceux qui souhaitaient être impliqués dans l’aventure et élaborer un nouveau projet viticole sous l’égide de Frédéric Onsmonde, co-fondateur du Cercle œnologique local, et d’Eric Grévisse, déjà propriétaire d’un petit vignoble de 10 ares sur un terrain attenant à son restaurant du Moulin d’Hamoul qu’il tient avec sa femme Laurence, le long de l’Ourthe (on y mange très bien d’ailleurs).

A Rendeux, les premières bouteilles d'Eric Grévisse

A Rendeux, les premières bouteilles d’Eric Grévisse

Vignoble dont il tire désormais Loperlé de Laurence, un vin effervescent que j’ai eu l’opportunité de déguster (il n’y a que 300 bouteilles) qui assemble Pinot noir, Chardonnay et Pinot meunier. Très fine et bien équilibrée, avec une finale tendue, la qualité est inattendue pour de si jeunes vignes.

Les premières bouteilles de Eric Grévisse ont en réalité été produites en 2018, mais… la cuve s’est renversée. L’année suivante, en  2019, ce fut, selon le vigneron-restaurateur, raté (mais le millésime ne fut pas simple). Pour éviter une nouvelle déconvenue,  l’homme décida avec quelques amis d’aller acheter des raisins en Champagne.

Sur le chemin de retour, l’idée de planter à plus grande échelle jaillit des discussions, et c’est ainsi que naquit l’asbl des Vignerons de Rendeux.

 

Vignerons de Rendeux: la parcelle principale

Vignerons de Rendeux: la parcelle de la Journalle – © Vanel

Une grande parcelle

L’asbl dispose d’une parcelle principale de 1200 pieds à Chéoux, « La Journalle », sur un terrain appartenant à Guy Verreckt : Chardonnay, Pinot noir et Pinot blanc au programme.

Récemment plantée, elle n’est donc pas encore en complète exploitation, mais les premiers raisins ont permis de produire 70 bouteilles, histoire de se faire la main. Le vignoble est avant tout didactique.

Très intéressée par le projet, la Commune a mis à disposition de l’asbl un ancien presbytère qui va servir de chai. Mais tout est à faire, et, tout d’abord, terminer les travaux d’aménagement.

Une partie du jardin situé à l’arrière du presbytère a également été mise à disposition afin d’y planter 700 pieds de vigne: Pinot blanc, Pinot noir, Chardonnay, Muscat bleu, Muscaris, Phoenix et Regent. Un beau bouquet…

…et des petites

Outre cette « grande » parcelle, plusieurs des membres de l’asbl ont également planté des pieds de vigne chez eux, ou vont le faire dans les prochains jours. Certains étaient présents lors de ma récente venue :

– A Marcourt, Jean-Marie Chevalier dispose de 800 pieds de Pinot noir, de Chardonnay et… de Gamay. Normal, sa commune est jumelée avec Chiroubles en Beaujolais ;

– A Magoster, Alain Purnode a planté « par curiosité » 150  pieds classiques (Pinot noir, Chardonnay, Pinot blanc) mais aussi 25 pieds de Savagnin et 25 autres de Chenin ;

– A Rendeux-Haut, Guy Verreckt, très actif dans l’asbl, n’a toutefois que 20 pieds dans son jardin ;

 

Rendeux: la parcelle de Pauline Robinet - © Vanel

La parcelle de Pauline Robinet – © Vanel

– A Marcouray, Pauline Robinet dénote sur le groupe. Formée à l’IFAPME de Villers-le-Bouillet, la jeune viticultrice a, elle, choisi des cépages résistants. Entre 3500 et 5000 selon les membres présents, qui n’ont pas réussi à se mettre d’accord, Pauline n’ayant pu se libérer pour ma visite;

Eric Désert en plein labeur

Eric Désert en plein labeur

– A Rendeux, Serge Désert est en train de planter 650 pieds de vigne au centre du village, derrière le chai. Il a fait le double choix des cépages classiques et résistants : 325 pieds de Pinot meunier et 325 de Pinot noir spécial effervescent clone 386.

– A Rendeux également, Eric Grévisse a planté ses premiers pieds il y a huit ans d’ici. En plus de celle plantée à côté de son restaurant, déjà citée, il dispose de deux autres parcelles, à Aye et à Chéoux, cette dernière sera complétée à l’automne 2023 et comprendra, outre le Chardonnay et le Pinot noir, du Riesling ! Ce qui assez rare en Wallonie.

Conseillé par un œnologue, Eric déclare faire « fait le vin comme l’oenologue me le dit, mais ici, on ne peut faire que du mousseux. Le climat est plus frais de ce côté des Ardennes, et la maturation est lente, avec un index Huglin très bas. »

Très impliqué dans la gestion de l’absl, José Vandervorst était également présent, mais il ne possède pas de pieds de vigne.

Belle dynamique

En attendant de pouvoir déguster les premiers vins cette année, ou la prochaine, ce qui séduit ici, est la dynamique sociale impulsée par le projet qui fédère véritablement les habitants du coin et les motive.

A noter que plusieurs femmes ont créé « Les Dames de la Grappe » (cela ne s’invente pas) pour soutenir le projet en organisant diverses activités.

On retrouve cette même philophie de partage au vignoble de Genval (Brabant wallon) ou au Vignoble de Sirault (Hainaut). Et à d’autres niveaux, dans les coopératives. Peut-être faudra-t-il un jour songer à fédérer toutes ces initiatives ?

Infos : vigneronsrendeux.be

Marc Vanel, 20/05/2023

Phoot du haut: de g. à dr. Guy Verreckt, José Vandervorst, Alain Purnode, Jean-Marie Chevalier et Eric Grévisse – Mai 2023 – © Vanel