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Planté en 2019, le vignoble du Krayenberg est un bel exemple des vignobles plantés ces trois dernières années : sa taille permet une gestion responsable en famille ou avec des amis et, surtout, le choix des variétés résistantes permet à ses propriétaires de développer une viticulture respectueuse de l’environnement.

A Beersel en Brabant flamand, le domaine du Krayenberg est situé à un jet de raisins d’Uccle et couvre six hectares (dont 1,5 pour les vignes), avec une ancienne ferme et de vastes prairies longtemps occupées par les vaches et moutons des fermiers voisins.

Lorsqu’ils viennent y habiter avec leurs enfants en 2014, Ingrid et Laurent Demarque réfléchissent à la meilleure manière d’occuper l’espace. Des chênes sont plantés, ainsi qu’un verger de pommiers, et des ruches installées.

 

© Vanel

Un soir de 2017, en rentrant chez lui, Laurent a une “révélation”: « En descendant la rue, se rappelle-t-il, j’ai été frappé de la similitude entre nos allées de jeunes chênes et les rangs d’un vignoble. J’ai alors commencé à m’intéresser aux vins belges, aux différents cépages et surtout à la viticulture. J’ai lu plusieurs livres mais surtout, avant de commencer à planter, j’ai voulu me former.

J’ai pris tout d’abord des cours par correspondance en France au CNEAC (Centre National d’Enseignement Agricole par Correspondance) situé dans l’Indre, dans la région Centre-Val de Loire, des cours ponctués par des rassemblements réguliers sur place. J’ai fait des stages en Champagne, notamment à la  Maison Aubry à Jouy-lès-Reims, pendant quinze semaines par intermittance.

J’ai ensuite suivi une seconde formation au NAC (Nationaal Agrarisch Centrum) à Roeselaere, avec des stages cette fois en Flandre, notamment au Wijndomain Dappersveld à quelques minutes d’ici à Elingen, parallèlement à mes premières plantations. C’était assez ardu, mais il est vraiment indispensable de se confronter à la dimension pratique de la vigne lorsque l’on se forme. »

 

La parcelle de Souvignier gris – © Vanel

 

Développer sa spécificité

Conseiller politique dans des cabinets ministériels régionaux ou fédéraux depuis vingt ans, Laurent Demarque décide au lendemain des élections de 2019 de réduire son temps de travail à 6/10e afin de développer sa nouvelle vocation de vigneron. Pour éviter les interventions phytosanitaires et le travail important que cela représente, notre vigneron se dirige assez naturellement vers les variétés résistantes aux maladies cryptogamiques de la vigne.

« J’ai d’abord raisonné avec une optique commerciale, admet-il, le Chardonnay et le Pinot noir sont très prisés chez nous, c’est une configuration qui fonctionne, mais je voulais faire quelque chose de plus spécifique et élaborer des vins avec une autre personnalité. Je me suis donc tourné vers les résistants en me concentrant sur 1,5ha dans un premier temps. Peut-être le double dans quelques années. »

 

A la mi-décembre 2021 – © Vanel

 

Parmi les variétés qui ont fait leurs preuves en Belgique depuis dix ou vingt ans, Laurent en choisit finalement quatre et planta environ 6000 pieds au printemps 2019 : 1750 de Souvignier gris (« celui qui a le mieux résisté en 2021 »), 2000 de Johanniter, 1200 de Bronner et 600 de Muscaris.

Un vigneron bien sympathique… © Vanel

Toutes variétés qui vont permettre de faire des vins tranquilles, seules ou en assemblage, ou des vins effervescents qui est le créneau choisi pour les futurs vins du Krayenberg. La première “vraie” récolte aura lieu en 2022, mais une première courte récolte en 2020 a permis au vigneron de faire ses maladies de jeunesse sur quelques dizaines de bouteilles actuellement en prise de mousse.

En vitesse de croisière, la production sera de 12 à 15.000 bouteilles. « Nous sommes le long d’un chemin de promenades dominicales, il y a beaucoup de passage. Dans un monde idéal, conclut le néo-vigneron, j’aimerais tout vendre à partir d’ici. »

Marc Vanel – article paru le 27/1/22  dans Le Sillon belge

> Infos: krayenberg.be