Tous les dimanches depuis avril et jusque fin juillet, l’Alsace fête les 70 ans de sa Route des Vins et les terroirs qu’elle traverse. Retour sur la 6e étape à Sigolsheim.

La nécropole de Sigolsheim, haut lieu de mémoire

L’événement est pour le moins original, ainsi que j’ai pu le découvrir le week-end dernier à Sigoslheim, au pied de la nécropole nationale qui regroupe les corps des soldats nord-africains, français et juifs morts lors de la Bataille de Colmar en 1945.

La visite commentée de ce lieu de mémoire par un honorable monsieur qui avait 6 ans à l’époque, était d’ailleurs organisée ce jour-là, au même titre que la présentation des Grands Crus Marckrain et Mambourg (prononcez le « g ») ou la dégustation de vieux millésimes et quelques autres ateliers, avec un passage au bar des terroirs entre les animations de la journée dans une ambiance musicale lounge, à la recherche d’ombre…

 

Une des masterclasses de la Tournée des Terroirs, ici avec Philippe Blanck

Une des masterclasses de la Tournée des Terroirs, ici avec Philippe Blanck

 

Dédié au grand public, l’événement a également été l’occasion pour le public de découvrir les travaux printaniers de la vigne, de découvrir la dégustation sensorielle en pleine conscience ou de faire une chasse au trésor dans le GC Marckrain.

Au sud du village de Bennwihr, à la sortie de la vallée de Kaysersberg, le vignoble du Marckrain se situe entre 200 et 300 m d’altitude. Exposé est et sud-est, il bénéficie du microclimat bien connu spécifique à la région de Colmar. Celui du Mambourg en revanche. est exposé plein sud et favorable aux beaux vins de gewurztraminer (aux notes de rhum) ou de pinot gris. Mais on trouve bien évidemment ici les cinq cépages nobles alsaciens, j’y reviendrai dans un prochain article.

 

Tournée des Terroirs: étape à Sigoslheim

Tournée des Terroirs: étape à Sigoslheim

Un concept original

Près d’un millier de personnes se sont croisées sur cette colline tout au long de cette journée et si c’était la première fois qu’un vignoble se lance dans ce type d’événement, il faut reconnaître que ce fut une grande réussite. Philippe Bouvet, directeur marketing du Comité interprofessionnel des Vins d’Alsace – CIVA, s’en réjouit pleinement.

« Il s’agit d’un très beau dispositif, déclare-t-il, de plusieurs points de vue. Tout d’abord, il faut relever que l’Alsace regorge de festivals, de fêtes de village, etc., il y en a partout. Nous ne voulions pas créer une fête de plus, mais quelque chose de différent.

Nous ne voulions pas nous installer au cœur des villages mais dans les vignes, et cela change de tout. On ne parle pas d’un cru de la même manière lorsqu’on a les pieds dans les vignes. Cela amène des implications logistiques importantes, car il faut tout amener, y compris des panneaux solaires pour faire tourner un groupe électrogène.

Nous avons aussi voulu épargner du travail à nos vignerons qui bossent déjà toute la journée et qui n’auraient pu organiser cela. Nous avons voulu les décharger de tout cela, concept et mise en place. Leur seul rôle est de tenir un atelier avec le public.

C’est aussi la première fois que l’on fait un événement uniquement avec des vins de terroirs, nous avons voulu éliminer toutes les barrières possibles, mentales ou physiques. Avec quinze dates sur trois mois, du nord au sud, impossible de dire que l’on n’est pas disponible…

Tout a été pensé pour faire venir toutes les tranches d’âge et tous les amateurs, même néophytes. Il y a des ateliers (gratuits ou payants) pour tous les profils… Mais la structure de chaque date est exactement la même. Sur la Tournée, on a 80 ateliers et ils sont tous différents ! »

 

Philippe Bouvet, coordinateur de cette Tournée des Terroirs

Philippe Bouvet, coordinateur de cette Tournée des Terroirs

Durabilité

Si nombreux furent bien sûr les visiteurs locaux, les amateurs de vin sont venus parfois de très loin, même de l’étranger (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Suisse…). Les touristes de passage ont été informés par les offices du tourisme, le bouche à oreille a très bien fonctionné.

« Par cette Tournée, conclut Philippe, nous avons réinventé le présentiel et arrêté de faire ce que l’on fait depuis toujours, avec une offre nouvelle, un peu chill, où chacun peut trouver son compte. De plus, un événement comme celui-ci, on peut le faire en ne laissant aucune trace. Nous avons travaillé avec une douzaine de corps de métier (scénographie, communication, mobilier, le graphisme…) qui viennent tous d’un rayon de moins de 80km du CIVA, on ne travaille qu’avec des locaux. Même chose avec le mobilier, dont la majorité vient des  recycleries d’Emmaüs, le bois vient de la forêt des Vosges, et nous avons même découpé les bâches utilisées dans les salons pour emballer des coussins… L’énergie est 100% solaire et photovoltaïque, il n’y a pas de générateurs électriques, et tout s’est passé comme on l’avait imaginé ».

A 4 ou 5 heures des grandes villes belges, c’est l’occasion de (re)découvrir une région et des vins formidables. Et il reste neuf dates

Marc Vanel, 1/6/2023