InterRhône était présent à Bruxelles ce 19 juin pour présenter une centaine de vins blancs provenant de quasiment toutes les appellations de la vallée. De quoi rafraîchir son palais…

Ce n’est un secret pour personne, la consommation de vinsen France ou dans le monde évolue, le public demandant des vins plus légers, avec moins de bois et d’alcool, et plus de fraicheur. Si les rosés répondent à ces critères, les blancs ne sont évidemment pas en reste, surtout dans la vallée du Rhône où ils représentent 11% de la production totale de 2022.

Lors de Wine Paris au début de cette année, le président d’Inter Rhône avait d’ailleurs relevé que si la part du rouge restait stable (76% de la récolte), le blanc gagnait 2 points et était désormais à l’équilibre avec le rosé : 12% chacun.

Si l’on regarde la production de vins blancs tranquilles du Rhône, 29% le sont en AOP Côtes du Rhône, 10% en AOP de crus septentrionaux, 12% en AOP Lubéron, 6% en AOP Ventoux et le reste en diverses AOP rhodaniennes. L’an dernier, 8% des exportations de la Vallée du Rhône étaient des vins blancs, contre 5% en 2014, l’évolution est sensible. La part des vins rouges est toujours de l’ordre de 75%.

Quatorze cépages blancs sont autorisés dans les appellations du Rhône, ce qui donne forcément une large diversité de vins. Les variétés les plus plantées sont le grenache blanc, le muscat à petits grains, le viognier, la clairette blanche et la roussanne, elles sont aussi les plus utilisés, tout comme la rolle (ex-vermentino) ou l’ugni blanc.

Ensemble, mais tous différents

Président de l’appellation Cairanne pendant 40 ans (il a arrêté il y a deux ans), Denis Alary a repris en 1981 le domaine Alary dont les racines remontent à 1692 et exploie aujourd’hui 30ha en bio certifié depuis 2012.

Profitant de sa présence à l’événement « Rhône in White » à la Villa Empain, je lui ai demandé quel était le point commun (ou pas commun) de tous les blancs proposés en dégustation.

DA : « Le point commun, c’est la diversité des appellations (presque toutes font des vins blancs) et des cépages qui permet de faire des assemblages complètement différents, parfois totalement inédits. Sans parler des élevages aussi bien sûr. Cela permet d’avoir des vins blancs qui vont dans toutes les directions et qui peuvent être utilisés à tout moment. A l’apéro, celui qui veut un vin vif un peu frais, il va le trouver. Celui qui veut un vin plus fruité, gourmand, plus facile, ou plus élaboré pour le repas, vous l’avez là. Nous avons un grand vignoble, très étalé, entre Côte-rôtie et le bas du Luberon ou les Costières de Nîmes, il y a le choix. Et nous avons compris que nous devions tous nous présenter ensemble, pas toujours facile à expliquer, mais cela marche. »

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Plus de 100 domaines du Rhône ont présenté leurs vins blancs. Le soir, repas avec Lionel Rigolet au bord de la piscine. Pas de mort…

 

– Depuis quelques années, on assiste à une belle montée des vins blancs du Rhône. Cela correspond-t-il à un changement de goût des consommateurs ou est-ce dû tout simplement à une présence accrue des vignerons sur le terrain ?

DA : « Déjà, il y a un changement de consommation dans le monde entier, on boit aujourd’hui plus de blancs que de rouges. Il fallait dès lors faire savoir que nous aussi nous faisons des vins blancs, car notre vignoble est quand même plus connu pour les vins rouges. On n’associe pas souvent vin blanc et vallée du Rhône. On doit donc expliquer qu’il y aussi des vins blancs.

J’ai été président de Cairanne pendant trente ans, et quand en 2016 on a fait passer notre appellation en cru, on l’a fait passer avec le blanc. Ja savais qu’il ne fallait pas louper le blanc. Dans ma famille, on a toujours eu fait du vin blanc. Il faut que l’on sache qu’il y a une sacrée histoire derrière. La première page du décret des Côtes du Rhône en 1937, c’est un diplôme du domaine Alary pour un vin blanc des côtes-du-rhône de 1868 ! Mon arrière-arrière-grand-père vendait du côtes-du-rhône blanc, alors qu’elles n’étaient pas encore créées…

Et quand on a fait notre dossier Cairanne, on a fait beaucoup de recherches et ont a vu qu’en 1910, certaines caves de Cairanne faisaient la moitié de leur prodcution en blanc, il y en a donc toujours eu, même si parfois c’était plus facile de faire du rouge. Aujourd’hui, je fais toujours 30% de blanc. J’aime le blanc, mais avant, j’en buvais moins. Je ne sais pas si c’est avec l’âge, et mon épouse, c’est pareil, mais on est venus plus vers les blancs, parfois moins lourds et plus frais à boire. On a suivi la tendance. »

– Sera-t-il possible de conserver des degrés d’alcool modérés ?

DA : « Cela dépendra de la date de récolte. Je fais quatre blancs différents et pas un ne dépasse 13.5 % vol. alc. Par contre, c’est fini les vacances au 15 août, il faut plutôt préparer la cave pour ramasser les blancs le 17 ou le 18… Cela ne fait pas plaisir à certains, mais il faut en tenir compte… »

Et la dégustation ?

Parmi la centaine de vins en dégustation et disponibles en Belgique, les appellations Villages étaient très séduisantes (un coup de coeur Côtes du Rhône Villages Sablet du Château Cohola), mais aussi quelques crus comme Cairanne, évidemment, Vacqueyras ou Gigondas, des grands classiques sur les tables belges.

Beaucoup de vins bio aussi, c’est plutôt une bonne chose, ou avec des pratiques durables comme le Domaine de l’Odylée (Wijnen Jacobs), Bastide du Claux (Mostade Gobert), Domaine de l’Amandine (Melchior), Domaine du Pégau (The Grape), Le Plan Vermeersch (Magnus Wijnen), Château d’Aquéria (Wijnen de Clerck), Marrenon (Chacalli) et plein d’autres ayant chacun leur spécificité. A retenir pour vos piqueniques et repas d’été.

Marc Vanel, 20/6/23