Le directeur général de l’Organisation internationale de la Vigne et du Vin (OIV), Pau Roca, a présenté ce 20 avril  les chiffres clés du vin dans le monde pour l’année écoulée, une année forcément marquée par le covid-19 et la fermeture de l’HoReCa dans de très nombreux pays.

2020, a-t-il expliqué, s’est soldée par une chute de 3% du volume de vin consommé et une production vinicole légèrement en dessous de la moyenne pour la deuxième année consécutive (-0,2%). Cette situation serait comparable à celle enregistrée en 2008-2009 lors de la crise financière mondiale. Voici les chiffres les plus importants du bilan de l’OIV.

Les surfaces

En 2020, les surfaces mondiales de vignes ont perdu 0,2 % par rapport à 2019 et s’établissent à 7,3 millions d’hectares (Mha). Cette légère baisse confirme la stabilisation entamée depuis 2017 avec d’une part le ralentissement de l’expansion chinoise et d’autre part l’instauration du nouveau système de droits de plantations en Union européenne.

Six pays concentrent 56 % des surfaces mondiales : l’Espagne 13 %, la France et la Chine à égalité à 11 %, l’Italie à 10 %, la Turquie à 6 % et les États-Unis à 5 %. Aucun changement donc par rapport à 2019. A noter qu’en Chine et Turquie, il s’agit surtout de production de raisins de table ou secs.

© OIV

La production

L’an dernier, quelque 260Mhl de vin ont été produit, soit 2,5Mhl de plus que l’année précédente. La production est toutefois largement inférieure à la moyenne mondiale des 20 dernières années.

Comme d’habitude, les mêmes trois pays font la course en tête : l’Italie 19%, la France 18% et l’Espagne 16%, ils représentent à eux trois 53% de la production totale, soit 165mhl, ce qui représente une hausse de 8% par rapport à 2019.

La consommation

Baisse marquée de la consommation en 2020, et on comprend bien pourquoi : -3% par rapport à 2019, mais cela représente quand même 234 millions d’hectolitres. Cinq pays consomment la moitié de la production : Etats-Unis 14%, France 11%, Italie 10%, Allemagne 8%, Royaume Uni 6%.

Avec 2,6mhl, la Belgique est le 19e pays consommateur dans le monde et grimpe à la dixième place en consommation per capita.

La vente de vins en bouteille a perdu 2% et les effervescents 5% (et même 15% en valeur). Par contre, les ventes de BIB ont bondi de 12% en volume.

Du côté des exportations, on observe une chute générale -2 à -6% en Europe, sauf le Portugal qui les augmente de 5%. Seule l’Argentine tire son épingle du jeu avec des exportations en hausse de 27%. La France a quant à elle perdu 5% de ses exportations en volume et 11% en valeur.

L’impact du Covid-19

Difficile d’avoir une image précise de l’impact du COVID, observe le rapport de l’OIV, car les comportements des consommateurs sont tout sauf homogènes d’un pays à l’autre. Ils dépendent en effet des habitudes de chacun, du poids de l’Horeca, des différents modes de confinement avec ou sans lockdown et du poids du tourisme dans la consommation nationale.

De même, les circuits de distribution ont également joué un rôle selon la fermeture ou non de l’horeca. Avec compensation ou non via des circuits d’e-commerce.

Quoi qu’il en soit, on peut dire que le vin premium est celui qui a le plus souffert de la situation. Le champagne a lourdement trinqué avec une chute de 18% de ses expéditions (une perte estimée à 1 milliard d’euros !), alors que celles de prosecco ont gagné 4% (mais une baisse de 3% en valeur).

Comme évoqué ci-avant, les ventes de vin en BIB ont fortement grimpé en volume et en valeur sur les marchés américain, anglais, japonais et scandinave.

Enfin, il faudrait aussi analyser l’impact de différentes mesures telles que les taxes Trump, celles de la Chine sur les vins australiens, le Brexit, etc. Une anlayse fine n’est pas pour tout de suite.

La nouvelle « normalité » sera différente de celle d’aujourd’hui, a conclu Pau Roca, il s’agit de diversifier les marchés et les canaux de distribution (off- et online), mais aussi de faire reconnaître la production de vin comme une activité essentielle de nos sociétés.

Plus de détails sur www.oiv.int/fr/vie-de-loiv/2020-une-annee-de-resilience

Marc Vanel, 23/04/21