Sixième année pour le vignoble de Serge de Liedekerke planté en 2015 à Orbais, mais ce sera une année de transition. D’une part vers la conversion bio, d’autre part vers la recherche d’un nouveau partenaire de vinification. Portrait.
Importateur et distributeur de machines de travaux publics, Serge a travaillé près de 25 ans dans le secteur notamment en Afrique, et a aussi connu une vie de coureur automobile. Parmi de nombreuses compétitions (le Dakar, le Championnat européen de Voitures de Tourisme,…), il remporte deux fois le titre européen et deux fois la Coupe du Roi dont une avec Pierre Fermine aux 24h de Francorchamps en 1985. Sa voiture est d’ailleurs exposée au Musée du Circuit à Stavelot et, en miniature, dans la vitrine de sa salle de dégustation.
Arrivé à 60 ans, il décide de concrétiser un vieux rêve et de planter un vignoble de Chardonnay et de Pinot gris sur le terrain qu’il vient alors d’acquérir à Orbais et sur lequel il compte construire une maison basse énergie, une entreprise enfin terminée.
Après des contacts avec divers viticulteurs du coin, ils commencent à être nombreux en BW, il décide de confier à Jean-François Baele la vinification de ses vins. Un premier test en 2016 étant « plutôt pas dégueu » (sic), il double la surface avec du Chardonnay en 2016 et développe même en 2017 une nouvelle parcelle à Latinne, non loin de Hannut, avec du Chardonnay encore, mais aussi du Pinot noir et du Pinot Meunier, de quoi produire trois vins tranquilles et effervescents.
« Quand on plante, ce n’est pas pour 10 ou 15 ans, explique Serge, je voulais donc m’assurer de l’appui de mes trois fils, Olivier, Loïc et Julien, chacun à leur niveau dans ce projet. Mon cher père m’a toujours dit que je pouvais faire tout ce que je voulais, pourvu que je sois dans l’excellence. Cette idée ne m’a jamais quitté, que ce soit dans les compétitions automobiles ou dans la distribution de machines : j’ai commencé un peu par hasard chez Matermaco à Gembloux, j’ai terminé patron… Alors que j’avais décidé de prendre ma retraite, j’ai rempilé comme importateur de Bell Equipment et planté mes vignes… »
Les plants de vignes choisis sont en tige haute, c’est-à-dire avec un tronc de 50 à 70 cm, au lieu des 30cm habituels. « Ce sont des mi-hautes tiges en fait, comme en Alsace. Cela offre beaucoup d’avantages, poursuit le viticulteur, il faut moins se baisser (ce n’est pas négligeable), mais les pieds sont surtout moins attaqués par le gel. L’été également, pendant le palissage, on s’assied entre les rangs, il y a bien deux degrés de différence, la ventilation est inouië. Je suis vraiment convaincu par cela. »
Une nouvelle étape
La collaboration avec Jean-François Baele s’est achevée fin 2020, Serge doit donc se dessiner sa propre image de marque mais surtout trouver un chai pour vinifier la récolte de 2021.
« Je suis devant une feuille blanche, confie-t-il. Soit j’arrache tout ou je loue mes terres, soit je vais trouver mon banquier et j’investis. Aucune de ces situations n’est raisonnable, je vais trouver des solutions entre les deux. Plusieurs possibilités existent, seul ou en collaboration, j’ai en fait étonnamment beaucoup de choix. En cinq ans, j’ai beaucoup appris, il y a un beau savoir-faire et un enthousiasme au niveau de la Belgique, il y a des tas de choses à faire.
Mon challenge le plus important sera la commercialisation. Pour la vinification, il y a des spécialistes, cela va aller, mais personne d’autre que moi ne peut commercialiser la production. Fidèle à ma philosophie générale, j’aimerais développer un circuit court dans un rayon de 50km avec des cavistes et des restaurateurs qui feront ma promotion. J’ai aussi prévu une vente sur place, j’ai déjà aménagé une petite salle de dégustation dans ma maison. »
Un projet local qui va certainement prendre une autre ampleur avec la transition vers le label bio avec Certisys qui sera obtenu pour la récolte 2022. « Le bio demande plus de travail, plus de risques pour moins de rendements, conclut l’ancien coureur, mais c’est aussi dans l’esprit de cette maison basse énergie. C’est dans l’air du temps, mais il y a un vrai mouvement vers le bio, on ne peut pas faire n’importe quoi. »
Marc Vanel, 18/4/21 (entretien du 26/3/21)