Depuis 2018, quatre premiers cépages résistants français – Artaban, Floreal, Vidoc et Voltis – figurent au Catalogue officiel des variétés de vignes. D’autres vont venir compléter la liste. Mais la procédure prendra encore quelques années.

Alors que la Belgique et l’Italie sont depuis longtemps engagées dans la voie des cépages résistants, ce n’est pas du tout le cas en France. Toutefois, confrontés au changement climatique et aux interdictions, notamment, de pulvériser près des habitations, les Instituts français, tel l’INRAe par exemple, ont lancé depuis 2000 plusieurs programmes de recherche pour explorer de nouvelles pistes.

Les quatre premiers cépages, cités plus haut et qui arrivent à présent également chez nous, sont dotés d’une double résistance mildiou/oïdium. Ils figurent au Catalogue depuis 2018. Leur principal intérêt: un besoin de protection réduit de 90% par rapport aux variétés classiques.

Une deuxième série, elle également résistante au black rot, se compose de trois cépages rouges (Coliris, Lilaro, Sirano) et de deux blancs (Opalor et Selenor). « Leur inscription est prévue sur la période 2024-2028. A ce terme, une vingtaine de nouvelles variétés devrait avoir intégré le catalogue » estime Didier Merdinoglu, le directeur de recherches de l’INRAe, cité par Vitisphère en février 2022.

« La sélection d’une telle variété demande quinze ans pour en déterminer les caractéristiques, mais il reste ensuite au viticulteur d’en affiner la conduite dans ses conditions de production propres. Parallèlement, la recherche a engagé en 2015 dans les principaux bassins viticoles français des programmes (Newsparkle en Champagne ou Alsavine en Alsace) pour mettre au point des variétés résistantes à typicité régionale (de type chardonnay ou riesling par exemple). Les premiers sont attendus en 2030. »

 

Ribeauvillé

A Ribeauvillé – © Vanel

VIFA

Fin 2022, l’Association des viticulteurs d’Alsace a lancé une commission pour étudier de nouvelles « variétés d’intérêt à fin d’adaptation » (VIFA), et après plusieurs mois de discussion vient d’annoncer avoir retenu ni plus ni moins que 16 cépages.

Les dix blancs retenus sont, par ordre alphabétique, chenin, floréal, johanniter, opalor, petit manseng, petit courbu, selenor, souvignier gris, vermentino et voltis. Et les rouges, dont les noms évoquent les voisins italiens, calabrese/nero d’avola, colliris, malbec/côt, nebbiolo, sirano et syrah.

Cette commission VIFA, comme le souligne Christophe Reibel sur le site Vitisphère, « a sélectionné ces variétés pour leur résistance aux maladies (mildiou et oïdium surtout), leur époque de maturité, leur facilité de conduite ainsi que la structure acide de leurs vins. »

Mais attention, les cépages résistants en France doivent suivre un très long processus d’expérimentation, et leur présence dans un assemblage demeure interdite dans tous les cahiers de charges des AOP françaises. Celui qui opte pour une de ces nouvelles variétés ne peut n’en utiliser qu’une infime partie ou sortir son vin en « Vin de France », autrefois VSIG, vin sans indication géographique… Les premières expériences se déroulent actuellement à Bordeaux, dans le Languedoc et dans le Jura.

Marc Vanel, 23/07/23

Photo en Une: Le souvignier gris de Vin de Liège (© VL)