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A Marche-les-Dames, le Domaine du Dièdre noir est le grand projet de la famille Dohy, qui ajoute donc la viticulture à ses activités de grandes cultures et de transport.

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Ils sont tous présents au rendez-vous en ce matin pluvieux de mi-janvier : Pierre Dohy et son épouse Florence, et deux de leurs trois fils, Lucas et Romain. Tous sont impliqués dans ce projet, il ne manque que Noé qui suit une formation en hôtellerie à l’EHPN de Namur et qui pourrait évidemment jouer un rôle plus tard dans l’accueil des visiteurs.

Nous sommes ici dans la banlieue de Namur, à Marche-les-Dames (ne pas confondre avec Marche-en-Famenne) et ses funestes rochers du haut desquels le roi Albert Ier fit une chute mortelle en 1934.

En termes d’alpinisme, un dièdre désigne un « passage de rocher constitué de deux plans, généralement sans prises, formant un angle obtus dont le fond est parcouru par une fissure qui permet l’escalade ». De quoi intriguer les futurs visiteurs de ce nouveau vignoble.

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Le chai en cours de construction en janvier dernier – © Vanel

 

« L’idée est venue des parents, explique Romain, car ils aiment le vin et le champagne. Cela faisait dix ans qu’ils voulaient le faire, mais la masse de travail les en empêchait. Les années passent, et un jour, ils se sont finalement dit que c’était maintenant ou jamais. »

« On avait en effet trop de travail, enchaîne Pierre, on a eu 50 ans, il ne faut pas trop traîner. D’autant que l’on a choisi des plants longs, qui demande de s’y prendre plus tôt que les autres. Nos pieds de Chardonnay (45%), Pinot Meunier (30%) et Pinot noir (25%), ont été commandés il y a 4 ou 5 ans et nous avons planté 2,6ha (12.000 plants) en 2019. Nous devrions ajouter 3,6ha (15.000 p.) des mêmes cépages (+ du Pinot blanc) au printemps 2021.

Nous avons planté en laissant 2,2 mètres entre les rangs pour laisser passer notre  pulvérisateur à panneaux qui nous permettent de récupérer 50 à 80% des produits de pulvérisation, cela limite fortement les produits. Notre première vendange se fera en septembre de cette année, mais c’est surtout pour voir ce que cela donne. Nous n’avons aucune expérience. Nous allons toutefois partir nous former en Champagne les prochaines semaines.»

Ce pulvérisateur à panneaux permet de récupérer la majeure partie des produits répandus

Une construction neuve

Les Dohy voient grand: conseillés par Technicom à Bordeaux, ils sont en train de finaliser un vaste bâtiment de travail de 1500 m2 qui pourra accueillir le matériel ainsi que la vendange de quatorze hectares ! Avec une belle terrasse avec vue et un espace de réception-vente. Les premières cuves arrivent ce mois-ci.

« Nous avons opté pour le bio dès le départ, précise Pierre, nous avons bien sûr déjà demandé l’accréditation bio, nous allons apprivoiser le métier. Plus tard, nous élargirons peut-être à d’autres variétés, il y a des nouveaux hybrides résistants qui arrivent, mais nous ne planterons pas d’inter­spécifiques, une question de goût. »

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La future terrasse

Dans le vignoble, tout se fait en famille, même si pour l’heure Romain est le plus investi. Du moins jusqu’à ce que Lucas termine ses études à l’Ephec. C’est ce dernier qui bosse, avec sa mère, sur les aspects commerciaux et promotionnels dont le site web (diedrenoir.be) lui aussi en cours de finition. Parmi ses projets : passer le permis de tractoriste… Les études commerciales, cela mène à tout…

Les Dohy sont également conseillés par l’œnologue-consultant Vincent Dienst qui les aide à s’adapter aux spécificités du domaine. « C’est très différent de ce que l’on faisait, conclut Pierre, il ne faut pas se cacher non plus que l’investissement est assez coûteux. Mais même si nous avons l’avantage de détenir les terres, il faudra que cela fonctionne. Nous espérons tous que Lucas réussira son diplôme en juin pour qu’il vienne travailler ici… »

Marc Vanel, 2/3/21