Suite de cette tournée dans les vignobles bio du Luxembourg, avec la Winery Jeff Konsbruck, la Maison viticole Schmit-Fohl et le Château Pauqué de l’œnologue Abi Duhr.

 

Formé en Allemagne, Jeff Konsbrück a repris en 2012 sept hectares de son père à Ahn et les a étendus à treize hectares morcelés en 23 parcelles dans un rayon de 3km, toutes converties en bio en 2020.  “Cela faisait quelques années que l’on ne traitait plus chimiquement, explique-t-il, et que l’on n’utilisait plus d’herbicides, c’était une évolution logique.”

 

Jeff Konsbrück – © Vanel

 

Sa spécialité? Le crémant qui constitue 70% de la production, dont le fleuron (Kinnekskummer) assemble Pinot Meunier, Pinot noir et Chardonnay, avec une pointe de Riesling. Irrésistible et d’une fraîcheur rare. Konsbrück produit également deux vins orange et une quinzaine d’autres vins très majoritairement vendus sur place. Le domaine dispose d’ailleurs d’une magnifique salle de dégustation et accueille régulièrement des groupes. Certains des vins sont en vente à la Cave des Sommeliers à Habay.

La dégustation :

  • Crémant de Luxembourg blanc Kinnekskummer : le fleuron du domaine. Magnifique fraîcheur et tension. Rapport Q/P ++. (11,90€)
  • Riesling Palmberg 2019: un des plus beaux terroirs du Grand-duché qui donne ici un Riesling très équilibré, sur le fruit (comme on dit) (11,80€)
  • Pinot gris Palmberg 2020: très belle rondeur et finale tout en vivacité. Superbe minéralité. Top.
  • A retenir également: le Chardonnay Barrique Pietert 2019, un excellent Vin de Paille et deux Kortos blanc et rouge, où il suffit de changer la première lettre pour comprendre ce que c’est.

 

Nicolas Schmit – © Vanel

Maison viticole Schmit-Fohl

A deux pas de là, les 12 hectares de la Maison viticole Schmit-Fohl ont été repris cette année par les deux enfants de la maison, Nicolas et Mathieu Schmit (30 et 27 ans). Officiellement, car ils étaient déjà tous deux actifs auparavant et ont, sur une idée de leur père, entamé la conversion bio en 2017, une conversion officielle depuis l’an dernier donc.

« Nous ne sommes pas des fondamentalistes, confie Nicolas, mais nous avons réduit nos rendements et par le bio, nous voulons sortir le meilleur de nos terroirs et privilégier la qualité en cave. Depuis 2017, nous avons eu de la chance avec le climat, mais cette année, ce fut beaucoup plus dur, car nous avons dû traiter avant et après la pluie, c’est un vrai challenge au Luxembourg. Mon père a été le premier à planter du Chardonnay en 1985 et donc le Crémant représente 25 à 30% de nos vins mais nous faisons aussi des Chardonnays, Pinots noirs et autres Rieslings en vins tranquilles. »

Prochaine innovation: un premier vin nature pour les deux frères en cours d’élaboration.

La dégustation :

A noter que le domaine présente sa gamme de différentes manières: Sous le signe de la fête, de l’élégance, du fruit, du terroir, SF (les vins d’exception) et de la douceur.

  • Chardonnay Ahn Vogelsang 2020: le vin-signature de la maison : élégant et fruité, nerveux, issu d’un terroir argilo-calcaire qui séjourne 7 mois en barriques de plusieurs vins (15,50€)
  • Auxerrois Goellebour 2020 : belle rondeur, saveurs florales et fruits exotiques, touche de poire et de coing. (10,25€)
  • Chardonnay SF 2020 : la “Sélection SF” propose quelques vins haut de gamme, élaborés selon les bons millésimes (il n’y en aura pas cette année), destinés à la gastronomie et présentés dans des bouteilles bourguignonnes. Ce Chardonnay est plus complexe et volumineux que le précédent. Citron et agrumes en bouche, belle acidité, un vin qui mérite de séjourner encore un peu en cave. (25,00€)
  • Pinot noir SF 2020 : opulent et richement bâti, avec de savoureuses notes de fruits rouges (framboise surtout) et une touche de bois. Elégant. (25,00€)
  • Riesling Wormer Koeppchen 2019 : nerveux à souhait, goût calcaire un peu tranchant mais juste parfait pour vos plateaux de fruits de mer. (15,00€).

 

Abi Dühr ou la passion du Riesling – © Vanel

Château Pauqué

N’ayons pas peur des superlatifs, Abi Duhr produit au Château Pauqué à Grevenmacher des Rieslings dingues qu’il fait vieillir quelque temps avant de les sortir, tous exceptionnels. Les 2020 viennent à peine d’être mis en bouteille. Et il est toujours possible d’acheter des vins millésimés 2001, 2005 ou 2009.

En 1988, cet oeonologue réputé acquiert ce qui va devenir le Clos du Paradis. Aujourd’hui, il a 10 hectares dont il exploite le quart en biodynamie et un hectare repris en 2020 en bio (mais “cramé” cette année à cause du mildiou). Et sa fille Laurence Duhr l’accompagne depuis trois ans.

“Les rendements en biodynamie sont minuscules, mais en plus, 2021 ne donnera pas grand chose, reconnaît-il. Un soir, j’ai sulfaté une partie du vignoble jusqu’à minuit. Je suis allé me coucher et le lendemain, il était trop tard. Sans compter que l’on manquait de personnel aussi cette année”…

La dégustation :

  • Riesling Paradäis 2019: fermentation lente d’une année (!) sur levures indigènes, nez exubérant, bouche d’agrumes et finale saline entêtante. (19,10€);
  • Riesling 15hl/ha 2019, plus austère, mais connecté à la terre. Complexe, riche et élégant. Melon et miel en bouche, notes de safran en finale. (25,08€)
  • Riesling Sous la Roche 2018: fermentation de 18 mois pour ce vin qui contient encore 30gr de sucre résiduel. (25,08€)
  • Riesling Wousselt 2019 – Domaine & Tradition: le cépage offre une touche musquée, la finale est un peu abrupte mais sèche. Très poivré. (22,80€)
  • Pinot gris Schengen 2019: légèrement rosé (provenant d’une macération courte), gras et structuré (20,52€)
  • Pinot Rosé 2019 : un assemblage des trois Pinots blanc, gris et noir, qui, au contraire de 2018, est complètement sec et d’une grande finesse. Délicieux. (15,90€)
  • Fossiles 2018: un des seuls vins d’assemblage du domaine, avec 75% de Pinot blanc, 20 d’Auxerrois et 5 de Chardonnay. Tension élégante, épices en finale. (21,66€)
  • Clos du Paradis 2018, un 100% Auxerrois, d’une rare profondeur, un véritable vin de méditation avec une étrange finale d’épices de curry. Top. (33,63€)

 

Où manger et dormir?

Si vous trouverez bien sûr de multiples propositions touristiques sur le site visitluxembourg.lu, ne manquez pas de réserver une chambre à L’Eclsue à Grevenmacher, un hôtel très sympa où j’ai déjà eu l’occasion de séjourner quelques fois, avec une vraie préoccupation pour l’utilisation rationnelle de l’énergie (isolation et récupération) et un excellent restaurant. La carte des vins vaut le détour à elle seul et la quasi totalité des bouteilles peuvent être achetées à la réception.

Enfin, pour manger, le restaurant Mathes et l’auberge Waïstuff A Possen sont de belles références, dans des styles différents, le premier étant plus gastronomique que le second.

Marc Vanel, 12/11/21