Début avril, la coopérative a commencé à distribuer ses 2000 premières bouteilles de vin tranquille à ses coopérateurs, les bulles poursuivent leur maturation jusque fin 2021, voire 2022.

Samedi 6 avril, alors que de nombreux coins de la région liégeoise dorment sous un épais tapis de neige, il n’y a pas un seul flocon sur les hauteurs de Montzen à Teberg, où se trouve le chai de la coopérative Vin du Pays de Herve (VDPH). Aujourd’hui démarre la remise des commandes de bouteilles aux coopérateurs.

Les premiers à se présenter sont Justine et Sébastien, un couple de jeunes trentenaires originaires de Welkenraedt. Tous deux ont acquis une part de la coopérative. Elle, l’année dernière, lui, l’année précédente.

“J’aime bien le vin, confie Sébastien, je ne suis pas du tout connaisseur, mais adhérer à la coopérative me permet d’apprendre et de soutenir un produit régional. Nous avons chacun une part de 500 euros, elle ne nous donne droit à aucun privilège (à part bien sûr le droit de pré-commander le vin et une petite réduction), mais quand on s’inscrit, on reçoit une petite formation de base, c’est très chouette quand on n’y connaît rien du tout.”

Et quand on leur demande s’ils aimeraient un jour planter eux aussi, Justine murmure un “oh oui”, un large sourire illuminant son visage.

Deux vins blancs secs

Pour leur premier millésime récolté manuellement en août 2020, VDPH a choisi de sortir 2000 bouteilles de blancs séparées en deux cuvées: Les Rémouleurs, 100% Solaris à 12€, et Les Affineuses, un assemblage de Muscaris et Souvignier gris, à 14€. Quelque 4000 bouteilles d’effervescents sont également prévues, mais il faudra encore patienter jusqu’à l’année prochaine. Pour l’instant, seuls les coopérateurs ont le droit de les acheter.

“Le mousseux sera élaboré avec uniquement du Johanniter, explique Michel Schoonbroodt, coordinateur de la coopérative. Nous avons séparé taille (la tête et la queue de la presse) et cuvée, nous ne savons pas encore si les deux seront assemblées ou deviendront deux produits différents.

Nous avons choisi pour ces deux premiers vins des noms évoquant les anciens métiers de la région, commente Michel. Nous aurions pu parler du terroir, mais nous avons préféré parler des humains. Le “Rémouleur” est l’aiguiseur de couteau qui parcourait la région sur son vélo autrefois, tandis que le nom des “Affineuses” évoque ces jeunes filles qui affinaient le fromage de Herve dans les caves, parfois même très tôt le matin avant d’aller à l’école. Nous sommes en train d’interviewer toutes ces personnes pour rassembler leurs témoignages.”

 

La dégustation

Les Rémouleurs 2020 – 12% alc : Un Solaris 100% pour ce premier blanc, qui offre toutes  les caractéristiques habituelles du cépage, c’est-à-dire de belles saveurs d’agrumes (citron et pamplemousse). Vendangé le 20/8, il aurait pu sans doute bénéficier d’un peu plus de soleil, car le Solaris donne souvent des vins gras et amples et monte rapidement en sucre. Ce vin est résolument bâti sur son acidité, la bouche est bien droite, c’est un choix qui se respecte bien sûr, mais qui demande sans doute de le déguster en mangeant, avec des plats de poissons ou des fromages crémeux par exemple. Un bon point pour le taux d’alcool plus que raisonnable.

Les Affineuses 2020 – 13% alc : Assemblage de deux autres variétés résistantes, le Souvignier gris et le Muscaris, ce second vin se révèle plus charnu, plus ample en bouche et plus mûr. Son nez est très agréable, avec de belles notes florales et d’agrumes, une pointe d’ananas. Finale avec retour de pamplemousse et de fraîcheur. Un degré de plus en alcool, mais tout cela reste très digeste. Dans les deux cas, n’hésitez pas à carafer, cela permettra à d’autres arômes de se développer.

Les projets

Sur le nombre de bouteilles disponibles, la coopérative en a réservé 50 afin d’attirer de nouveaux coopérateurs, et même davantage, car le chai de Montzen est provisoire, un autre bâtiment doit être enterré dans le paysage du plateau de Herve, non loin du Cimetière américain sur des terres qui lui appartiennent.

“Le terrain est classé, mais on ira chercher la signature, déclare Michel confiant. Nous allons l’enterrer au maximum, car tant qu’à construire, autant jouer avec le gravitaire et l’inertie thermique, on va faire quelque chose de bien. C’est bon pour l’environnement, pour le tourisme, pour la région.”

La date de réalisation n’est pas encore fixée, car les autorisations doivent encore être obtenues et un nouveau million récolté auprès de nouveaux coopérateurs, au nombre de 700 aujourd’hui. Mais la confiance est de mise, la devise de la coopérative ne dit-elle pas “Li vin rassonle lès djins – le vin rassemble les gens”.

Plus d’infos sur www.vindupaysdeherve.be • Lire aussi un article que j’ai publié en 2020: ICI.

Marc Vanel, 7/5/21