Alors que le prix de l’hectare de terrain (non planté) s’envole en Belgique, que vaut-il chez nos voisins français ? Selon la SAFER, la situation est très variable selon les régions.

Chaque année, la Safer, qui regroupe les différentes sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural « permettant à tout porteur de projet viable – qu’il soit agricole, artisanal, de service, résidentiel ou environnemental – de s’installer en milieu rural ».

Elle vient de sortir son rapport annuel qui analyse le prix moyen des transactions viticoles, c’est-à-dire de vente de vignobles sur pied, quel que soit son état.
En 2022, la production viticole française a augmenté à 45,6 millions d’hectolitres, faisant repasser le pays en deuxième place de la production vinifiée mondiale.

Et pourtant, relève la SAFER, près de 20 000 hectares ont été vendus en 2022 pour être artificialisés « pour le logement, les activités, les infrastructures, (…) Des surfaces significatives sont aussi retirées à l’agriculture, à la forêt, aux espaces naturels pour devenir des jardins d’agrément ou des terrains de loisirs.
Avant de passer en revue les chiffres par régions, on peut remarquer que le prix moyen des transactions de vignes AOP est de 151.200€ et de 15.300 € hors AOP.

Quelque 18400 ha ont été vendus en 2022, soit +5,5% par rapport à 2021. « Ces indicateurs de prix de vente, souliogne la Safer, ne sont pas des valeurs d’expertise puisqu’ils ne portent pas sur des biens viticoles particuliers bien caractérisés. Mais ils permettent d’avoir une vision générale des dominantes du marché des vignes. »

Les voici donc par région, dans le désordre.

Alsace-Est

Les données pour cette région ne sont pas complètes, mais le prix de lhectare est plus élevé dans le Haut-Rhin que dans le Bas-Rhin dans le nord, soit 130.000€ contre 90.500€. Les grands crus restent très recherchés avec des prix à la hausse, tandis que « les vignes en appellation générique sur sols séchants continuent à perdre de la valeur ».

A noter que le Crémant d’Alsace représente « plus d’un tiers des ventes, ce qui engendre une plus forte tension sur les parcelles aux cépages éligibles ».

Champagne

« Après trois années de baisse, remarque la Safer, le prix moyen de l’hectare repart à la hausse (+2,4%), sur un marché foncier très actif. Les prix sont stables sur la Côte des Blancs (Marne) et progressent dans toutes les autres zones, y compris dans l’Aube et l’Aisne. Après un rebond conséquent en 2021, la filière champenoise enregistre en 2022 un nombre record de ventes de bouteilles, qui fait oublier les mauvais résultats de l’année 2020. »

Dans l’Aisne (nord de la région), l’hectare se négocie à 840.000€, contre 897.300€ dans l’Aube ou 1.159.000€ dans la Marne, avec des pointes à 1.174.000€ pour les Grands crus et Premiers crus Montagne de Reims et Grande Vallée.

Bourgogne

Le prix moyen des vignes AOP pour ces régions a augmenté de 9,4% en 2022, avec une moyenne de 220.900 €/ha. Les ventes en Côte d’Or en sont la cause: +7% pour les appellations communales et jusqu’à +15% pour les premiers crus. Près de 1100ha ont ainsi changé de mains en 2022.

Plus en détails, l’hectare se négocie en moyenne à :

  • 13.000€ dans l’Ain (Vins du Bugey notamment)
  • 40.400€ dans le Jura (et même 50.000 en Arbois)
  • 82.100€ en Saône-et-Loire (Mâconnais et Côte chalonnaise),
  • 174 400 €/ha dans l’Yonne (Chablis etc.) et…
  • 887.200€ en Côte d’Or (+7% en Côte de Beaune, +9% en Côte de Nuits) et +15% sur les premiers crus.

Beaujolais

« La demande en terres à vigne est également forte sur la zone du Beaujolais avec des projets de plantation en cépage chardonnay, valorisé en Beaujolais blanc ou Crémant. Sur les crus, la demande est forte sur les parcelles des meilleurs terroirs de Moulin à Vent et Saint-Amour. La demande est beaucoup moins forte en Chenas.

Le prix moyen est de 12.000€ pour le Beaujolais et le Beaujolais Villages et de 27.900€ dans les crus, tandis que les Coteaux du Lyonnais tournent autour de 15.000€.

Rhône

On note de grandes disparités de prix entre l’hectare en AOP Côtes du Rhône régionale (15.000€) et de celui qui atteint… 1,25 million d’euros. Le prix moyen des vignes en 2022 est de 51.800€ en AOP et de 16.800€ hors AOP.

« Les appellations du Diois poursuivent leur baisse, et les difficultés des Côtes du Rhône génériques entraînent cette année des baisses dans la Drôme et le Gard, souligne la SAFER. D’autre part, plusieurs appellations enregistrent des hausses, notamment Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse).

Quelques prix de vente :

  • 14.000€ pour l’AOP Grignan les Adhémar
  • 18.000€ pour les Côtes du Rhône villages ou les Costières de Nîmes
  • 23.000€ en AOP Ventoux et Côtes du Rhône régionale et dans le Luberon
  • 25.000€ pour la Clairette de Die
  • 28.000€ pour les AOP Côtes du Rhône Villages avec nom
  • 30 à 50.000 €/ha en AOP Saint-Péray
  • 31.000€ ppur 1ha AOP dans la Drôme et 11.700 en IGP
  • 60.000€ en AOP Beaumes-de-Venise
  • 75.000€ en AOP Cairanne
  • 80.000€ en AOP Rasteau
  • 100.000€ en AOP Vacqueyras
  • 120.000€ en AOP Saint-Joseph
  • 150.000€ en AOP Crozes-Hermitage
  • 500.000€ en AOP Chateauneuf-du-pape et en AOP Cornas
  • 1.250.000€ en AOP Côte-rôtie

Savoie

Toutes les données ne sont pas disponibles pour la Savoie, où le prix moyen des vignes en 2022 tournerait autour de 38.700€, soit une augmentation de 5% par apport à 2021.

Provence

« A l’instar des années précédentes, l’année 2022 met en évidence une quasi-absence de marché foncier portant sur des biens viticoles sur l’ensemble des appellations Côtes de Provence, Coteaux d’Aix-en-Provence, Cassis, Palette et Les Baux. Aussi, aucun indicateur ne nous permet d’observer de variation de valeurs. En IGP, les prix des vins semblent être en forte baisse, du fait d’une mise en marché très importante. »

Quelques estimations :

  • 23.000€ dans le Ventoux ou le Luberon, et15.000 sans IG
  • De 35 à 60.000€ en AOP Coteaux varois, Coteaux d’Aix-en-Provence ou Côtes de Provence
  • 125.000€ en AOP Bandol contre sa voisine Cassis à 35.000€

 

Le Cap-Corse est très prisé

Le Cap-Corse est très prisé – © Vanel

Corse

Le prix moyen des vignes en 2022 est en baisse de 7,7%, il atteint 22.200€/ha en AOP et 18.000 hors AOP. A Calvi, un hectare s’échange à 25.000€ et à Patrimonio (ou dans les coteaux du Cap-Corse) à 35.000€.

En Corse du Sud (Ajaccio, Figari, Sartène, Portovecchio), le prix est en moyenne de 28.000€/ha.

Languedoc-Roussillon

Une grosse région encore, où le nombre de transactions est en repli, avec toutefois un léger progrès dans les zones AOP, notamment le Pic-Saint-Loup.

Quelques exemples :

  • 10.000€ en AOP Côtes du Roussillon
  • 11.500€ en AOP Minervois
  • 12.000€ en AOP St-Chinian
  • 16.000€ en AOP Faugères
  • 17.000€ en AOP Pézenas ou en AOP Languedoc
  • 18.500€ en AOP Grés de Montpellier
  • 22.000€ en AOP Banyuls et Collioure
  • 27.500€ en AOP Terrasses du Larzac
  • 30.000€ en AOP Sable de Camargue
  • 31.000€ en AOP Picpoul de Pinet
  • 72.000€ en AOP Pic Saint-Loup

Sud-Ouest

Le prix moyen des vignes AOP sur l’ensemble du bassin viticole gagne 7,9%, à la faveur notamment des hausses des appellations Cahors (Lot) et Marcillac (Aveyron). Il est de 14.000€/ha en AOP et de 12.800€ hors AOP.

A Madiran, le prix moyen est de 14.000€ et en AOP Pacherenc de Vic-Bihl 1000 euros de plus.

Situation similaire dans le Gers avec 12.000€/ha pour l’Armagnac, 14.000€ pour les Côtes de Gascogne et Saint-Mont.

Val de Loire-Centre

Ici le prix moyen a monté de quelque 11,1% en AOP, pour s’établir à une moyenne de 39.200€/ha. L’augmentation la plus notable est celle du Sancerre dans le Cher (+24%).

Quelques prix également avec de grandes disparités ici aussi selon les appellations :

  • 7.000€ en AOP Muscadet et Coteaux du Vendomois
  • 9.000€ en AOP Côtes du Forez
  • 9.700€ en AOP Gros Plant du Pays Nantais
  • 12.000€ en AOP Cheverny, Touraine et Côte roannaise
  • 13.000€ en AOP Montlouis
  • 14.000€ en AOP Bourgueil
  • 15.000€ en AOP Côtes d’Auvergne
  • 18.000€ en AOP Coteaux du Giennois
  • 20.000€ en AOP Châteaumeillant
  • 25.800€ en AOP Anjou
  • 26.000€ en AOP Chinon, Saumur et Vouvray
  • 50.000€ en AOP Saint-Nicolas-de-Bourgueil
  • 60.000€ en AOP Quincy
  • 70.000€ en AOP Reuilly
  • 90.000€ en AOP Menetou-Salon
  • 160.000€ en AOP Pouilly-Fumé
  • 260.000€ en AOP Sancerre

Charentes-Cognac

Les viticulteurs charentais ont demandé et obtenu des autorisations de plantation pour 3.129ha de raisins pour la production de cognac en 2022. Le prix moyen des vignobles pour eaux-de-vie en AOP sont ici de 60.600€/ha.

Bergerac

« A l’instar de son voisin bordelais, le Bergeracois connaît une crise des ventes en rouge masquée par des récoltes faibles dues au gel, puis à la sécheresse. Le blanc s’en sort mieux, mais il en manque pour répondre au marché. Globalement le vignoble avait anticipé ses replantations en blanc (46% du vignoble), ce qui limite l’impact de la crise qui touche le rouge.

La région mise beaucoup sur la certification environnementale et annonce fièrement 30% de vignes en bio et 40% en HVE (haute valeur environnementale). »

Quelques montants :

  • 10.400€ en AOP Bergerac blanc et rouge
  • 15.000€ en AOP Monbazillac
  • 30.000€ en AOP Pécharmant

Le cas de Bordeaux

La baisse du prix de l’hectare est plus marquée dans le Bordelais que dans d’autres régions. Cela méritait un article à part entière, à lire ICI.

Compilation : Marc Vanel, 26/05/23

Source : www.le-prix-des-terres.fr

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